La compagnie aérienne low cost Norwegian Air Shuttle a annoncé la fin de son activité long-courrier pour se concentrer sur les liaisons européennes et en Scandinavie. La fermeture de ses bases entrainera par exemple la suppression de plus de 180 postes à Paris-CDG, et plus de 1100 à Londres-Gatwick.

Le vol du 29 mars dernier entre Krabi en Thaïlande et l’aéroport d’Oslo-Gardemoen sera-t-il le dernier opéré en Boeing 787 Dreamliner par la spécialiste norvégienne du vol pas cher, tous ayant été cloués au sol par la pandémie de Covid-19 ? Le conseil d’administration de Norwegian a annoncé le 14 janvier 2021 aux autorités boursières d’Oslo un « plan indicatif » d’actions qui devraient lui permettre de sortir des procédures de protection contre les créanciers en Irlande (où sont basées plusieurs filiales), et de processus de restructuration au cours du premier trimestre. Et ce après avoir affiché un trafic en baisse de 81% l’année dernière, en raison de la pandémie de Covid-19, la compagnie aérienne étant en outre placée depuis décembre sous la protection de la loi sur les faillites dans son pays d’origine. Les clients ayant des réservations « affectées par les futurs changements du réseau » seront contactés directement et seront remboursés, promet son communiqué.

La low cost norvégienne se concentrera désormais sur son activité de base dans les pays nordiques, en exploitant un réseau européen court-courrier uniquement avec des monocouloirs. Dans ces circonstances, une activité long-courrier « n’est pas viable » pour Norwegian, et ne se poursuivra pas. « Si le plan est couronné de succès et accepté », elle devrait initialement détenir jusqu’à 50 Boeing 737 (détenus et loués) « opérant principalement en Norvège et dans les pays nordiques » et entre la Scandinavie et « l’Europe continentale ». Le nombre d’avions pourrait remonter à 70 en 2022, alors que sa flotte compte actuellement 70 737-800 et 18 des 110 737 MAX 8 initialement attendus (plus les 10 787-8 et 29 787-9 d’avant la crise, dont une partie déjà revendus). La commande de 30 Airbus A321LR n’a pas été mentionnée.

« Notre réseau court-courrier a toujours été l’épine dorsale de Norwegian, et constituera la base d’un futur modèle économique résilient », a déclaré dans un communiqué Jacob Schram, CEO de Norwegian. « Je suis heureux de présenter aujourd’hui un plan d’affaires solide, qui donnera un nouveau départ à l’entreprise. En concentrant nos activités sur un réseau court-courrier, nous visons à attirer les investisseurs existants et nouveaux, à servir nos clients et à soutenir le secteur des infrastructures et du voyage au sens large en Norvège et dans les pays nordiques et européens ».

Norwegian arrête le long-courrier, supprime plus de 2100 emplois 1 Air Journal

©Norwegian

Côté emploi, après avoir déjà supprimé au printemps dernier quelque 4700 postes de navigants, la fermeture des bases de Norwegian en France, en Grande Bretagne, en Italie et aux USA concerne plus de 2000 postes. A Paris où ont déjà disparu les low cost long-courrier Level France et XL Airways, le syndicat de pilotes SNPL évoquait hier la perte d’emploi pour 145 pilotes, 136 hôtesses de l’air et stewards et 5 employés administratifs, tous salariés à l’aéroport Charles de Gaulle (où quatre routes depuis la Scandinavie sont encore affichées). La direction a selon lui « annoncé avoir entamé une procédure de liquidation judiciaire en France : les salariés sont donc sous le choc de cette annonce si brutale ». Les représentants du syndicat « sont mobilisés et resteront très vigilants tout au long de la procédure ainsi engagée pour que toutes les règles applicables en France soient respectées », Norwegian ayant en outre reçu en mars dernier « plusieurs millions d’euros de subventions publiques » dans le cadre de l’activité partielle mise en place au début de la crise sanitaire. Le SNPL appelle également « solennellement le gouvernement à avoir un œil très attentif à cette procédure de liquidation afin de s’assurer que Norwegian remplira bien toutes les obligations qui lui incombent envers ses employés français ».

L’impact social est encore pire à Londres-Gatwick, où 1100 navigants étaient au chômage technique depuis le printemps, dont quelque 300 pilotes selon BALPA. Environ 400 postes avaient déjà été supprimés en Grande Bretagne l’année dernière.

Le dirigeant la low cost a expliqué : « Notre objectif est de reconstruire une Norwegian forte et rentable afin que nous puissions préserver autant d’emplois que possible. Nous ne prévoyons pas de reprise de la demande des clients dans le secteur long-courrier dans un proche avenir, et nous nous concentrerons sur le développement de notre réseau court-courrier à mesure que nous sortirons du processus de réorganisation. C’est avec le cœur lourd que nous devons accepter que cela aura un impact sur les collègues dévoués de toute l’entreprise. Je tiens à remercier chacun de nos collègues concernés pour leur dévouement et leur contribution inlassables à Norwegian au fil des ans ».

Côté finances, Norwegian espère toujours une aide supplémentaire de l’État norvégien qui lui avait été refusée en novembre dernier (comme en Suède en aout)). Elle compte réduire sa dette totale à environ 20 milliards de couronnes norvégiennes (NOK, environ 2 milliards d’euros), et espère lever « 4 à 5 milliards de NOK » sous la forme d’émissions d’actions ou d’instruments financiers hybrides. Selon le plan présenté hier, les actionnaires actuels détiendront environ 5% des actions de la société après la reconstruction ; ils se voient en outre proposer de participer à une offre de droits pouvant aller jusqu’à 400 millions NOK. « Sur la base d’hypothèses prudentes à la fois en ce qui concerne la durée de la pandémie de Covid-19 et en ce qui concerne les revenus, les coûts et les facteurs de charge, la société s’attend à un EBITDA positif après la reconstruction en 2021 », conclut le communiqué de Norwegian.

Norwegian arrête le long-courrier, supprime plus de 2100 emplois 2 Air Journal

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