Les compagnies aériennes low cost easyJet, Ryanair et Wizz Air, toutes trois cotées à la bourse de Londres, ont modifié les droits de vote de leurs actionnaires afin de protéger leurs licences européennes quand le Royaume Uni quittera demain l’Union européenne.
Si le Brexit qui devient effectif le 1er janvier 2021 avec la fin de la période de transition ne devrait pas avoir d’impact sur les passagers autre que les obligations de visa, il n’en va pas de même pour les compagnies aériennes « quittant » l’UE. Depuis la semaine dernière, les trois grandes spécialistes du vol pas cher, toutes propriétaires de licences britannique ET européenne, ont modifié les droits de vote de leurs actionnaires afin d’être sûre que les filiales européennes conserveront leur licence. Pour pouvoir continuer de voler entre deux pays de l’UE, toutes les compagnies aériennes doivent être « détenues majoritairement directement ou indirectement et effectivement contrôlées par des citoyens de l’UE » (ou ceux de certains autres pays affiliés à l’UE tels que la Norvège et la Suisse).
La britannique easyJet, qui détient des filiales en Suisse et en Autriche (easyJet Europe, basée à l’aéroport de Vienne), a été la première à agir : le 23 décembre, elle a suspendu les droits de vote de certains actionnaires, le « niveau de propriété » des personnes de l’UE (hors Royaume-Uni) passant de 47,02% à 52,98% (et donc plus de 50% comme l’exige l’Union européenne).
L’irlandaise Ryanair a annoncé le 29 décembre la restriction des droits de vote pour les détenteurs d’actions non ressortissants de l’UE plus Suisse, Norvège, Islande et Liechtenstein : les Britanniques ne pourront plus parler ou voter en assemblée générale, et ne pourront plus acquérir d’actions ordinaires. Une action prise par le groupe Ryanair Holdings « pour éviter tout risque » à ses filiales en Grande Bretagne, en Autriche, en Pologne ou à Malte. Le capital restera donc majoritairement européen, le communiqué aux investisseurs ne précisant pas à quel niveau : « ces résolutions resteront en vigueur jusqu’à ce que le conseil d’administration de la société détermine que la propriété et le contrôle de la société ne sont plus tels qu’il y a un risque pour les licences des compagnies aériennes ».
Enfin la hongroise Wizz Air en a fait de même mardi, s’assurant que les ressortissants britanniques n’étaient plus traités comme des « nationaux qualifiés » ; sans action de la part de la low cost, son actionnariat aurait été détenu à 80% par des non-Européens. Ceux-ci n’ont désormais plus le droit de s’exprimer ou de voter en AG, environ 60% des actions étant désormais restreintes. Wizz Air UK respecte déjà les conditions de propriété du Royaume Uni, et ses actionnaires ne seront donc pas affectés, précise la low cost qui vient juste d’annoncer six nouvelles liaisons à Londres et Doncaster entre autres vers les aéroports de Malaga, Palma de Majorque, Héraklion et Bourgas.
La rumeur veut que la France et l’Allemagne ont tout fait pour bloquer les changements à la règle d’un contrôle majoritairement européen pour les compagnies aériennes de l’UE, tels que le demandaient l’Irlande et la Hongrie pour leurs low cost respectives, mais aussi l’Espagne pour le groupe IAG (Iberia, British Airways, Aer Lingus, Vueling et Level), légalement basé à Madrid mais dont l’actionnariat britannique, américain et qatari est « significatif ». Le groupe planifie des « actions » en Espagne et Irlande, mais se prépare à une bataille juridique au cas où Bruxelles renâclerait. Le Ministère espagnol des transports défend en tout cas le fait qu’Iberia, Iberia Express et Vueling « sont des entreprises avec une licence d’exploitation espagnole et un certificat de transporteur aérien (AOC), leur supervision et contrôle correspondant » aux règles de l’EASA.
#COVID19 If we look at the big airline groups, we can see how @Ryanair and @easyJet recovered quicker during the summer & then cut back sharply as the second wave hit@Transport_EU @IATA @A4Europe @IATA @CANSOEurope @ACI_EUROPE @British_Airways @Iberia @AirFranceKLM @lufthansa pic.twitter.com/fEJ7sXiLHH
— Eamonn Brennan (@BrennanEN23) December 30, 2020
CHATEAU ROUGE a commenté :
31 décembre 2020 - 11 h 11 min
Ces arrangements de court terme en supprimant le droit de vote des actionnaires britanniques visent à mettre en conformité ces transporteurs avec le droit européen, mais alors quel sera l’intérêt des investisseurs britanniques d’investir à l’avenir dans des sociétés où ils n’auront aucun pouvoir d’influer sur la stratégie!
PAQUETTE a commenté :
31 décembre 2020 - 18 h 55 min
Et nous, on va continuer de verser 10 euros par passager anglais débarqué en France…
LarryC a commenté :
4 janvier 2021 - 10 h 24 min
En bon investisseur, ils garderont leurs actions tant qu’elles rapporteront
Le cas IAG va être interressant à suivre... a commenté :
31 décembre 2020 - 11 h 17 min
Ce que dit le gouvernement espagnol à propos de Iberia, Vueling et Iberia Express n’est pas faux, mais c’est juste …incomplet!
Car il aurait dû ajouter que si ces entreprises à priori espagnoles sont contrôlées par une structure ( IAG) basée et cotée à Madrid- donc DANS l’UE-, cette structure est majoritairement détenue par British Airways- donc maintenant HORS UE-, et QATAR Airways…
On imagine mal les Anglais accepter de faire avec IAG ce qui Wizz, Ryanair et Easy ont fait: limiter (vocabulaire diplomatique qui veut dire interdire!) la prise de parole, affichage des opinions/volontés et votes pendant les Assemblées Générales des actionnaires…. c’est à dire, en gros ne plus contrôler l’ensemble IAG…
A suivre donc.