Onze ans après le crash d’un Airbus A310-300 de Yemenia Airways au large des Comores qui avait fait 152 morts et laissé une unique rescapée de 12 ans, des juges d’instruction parisiens ont renvoyé la compagnie aérienne devant un tribunal correctionnel pour “homicides et blessures involontaires“.

Dans leur ordonnance de renvoi datée du 6 novembre, les magistrats ont ordonné un procès de Yemenia Airways pour “homicides involontaires et blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à trois mois“, a indiqué une source judiciaire à l’AFP, confirmant une information donnée par l’Association des familles des victimes de la catastrophe aérienne (AFVCA).

Dans un document dévoilé le 17 décembre par le quotidien La Marseillaise, l’association dit souhaiter “que l’affaire soit désormais rapidement soumise au tribunal correctionnel de Paris, afin que la compagnie aérienne soit condamnée et ne soit plus jamais amenée à assumer le transport de personnes physiques entre la France et l’Union des Comores“.

Nous sommes en désaccord avec l’analyse faite par les juges d’instruction pour ce renvoi“, a réagi Me Léon Lef Forster, l’un des avocats de la compagnie. “Nous allons plaider l’innocence de Yemenia Airways sur la base du fait qu’il n’y a eu aucune imprudence ou faute de la compagnie à l’origine de l’accident“, a-t-il indiqué. “Des éléments essentiels ont été mis de côté et ne permettent pas de déterminer de façon précise la culpabilité de la compagnie“, a-t-il ajouté. 

Le 30 juin 2009, le vol IY626 s’était abîmé en mer au large de Moroni, la capitale des Comores. A son bord, 153 passagers, dont 70 Français et onze membres d’équipage, partis de Paris puis de Marseille à bord d’un Airbus A330 récent, et qui avaient changé d’appareil à Sanaa, au Yémen, pour un A310 vieux de dix-neuf ans. La seule survivante est une jeune fille de 12 ans, Bahia Bakari, qui voyageait en compagnie de sa mère, décédée dans le crash. L’adolescente a été retrouvée neuf heures après le crash, agrippée à un des gros débris qui flottaient sur l’océan.

Les boîtes noires ont été analysées par le Bureau d’enquêtes et d’analyses français (BEA). En juin 2013, un rapport d’enquête technique de Moroni avait retenu comme cause du crash “une action inadaptée de l’équipage au cours d’une manoeuvre non-stabilisée“. L’enquête a longtemps été enlisée: les autorités françaises ont un temps reproché à leurs homologues comoriennes leur non-coopération, tandis que les familles des victimes ont accusé le Yémen de faire pression pour empêcher la mise en cause de sa compagnie nationale.

Dans cette tragédie, seule une partie des familles de victimes a déjà été indemnisée. “Alors qu’une transaction globale a été souscrite avec elle par les ayant droits et proches des victimes“, Yemenia Airways “s’est refusée depuis plus de onze années de procédures, de la manière la plus arbitraire à procéder au paiement des indemnités revenant à 272 d’entre eux, et ceci malgré des engagements transactionnels définitifs“, souligne l’AFVCA, qui se dit prête à entreprendre toutes les “démarches et actions” pour mettre un terme “au comportement abusif et malveillant” des assureurs de la compagnie.

Crash Yemenia Airways : la compagnie aérienne renvoyée devant un tribunal correctionnel 1 Air Journal

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