Transport Canada a validé les modifications du Boeing 737 MAX annoncées par la FAA, mais les compagnies aériennes Air Canada, WestJet et Sunwing devront attendre la publication d’une consigne de navigabilité – pas avant janvier – pour remettre les leurs en service commercial.
Selon le communiqué du régulateur canadien du 17 décembre 2020, ses « experts en sécurité aérienne ont terminé leur examen indépendant des modifications apportées à la conception du Boeing 737 MAX, récemment certifié par la Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis, et ont maintenant validé ces modifications ». La validation de ces modifications signifie qu’elles peuvent maintenant « être apportées aux monocouloirs remotorisés immatriculés au Canada ». En mars 2019, quand tous les MAX avaient été cloués au sol suite à deux accidents ayant fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines, Air Canada opérait 24 des 40 MAX 8 attendus, WestJet 13 MAX 8 (sur les 56 MAX 7, 8 et 10 attendus) et Sunwing 4 des 6 MAX 8 commandés.
Cette validation est une « première étape importante » dans l’éventuelle remise en service du MAX dans l’espace aérien canadien, souligne le régulateur, une remise en service qu’il décrit comme « complexe » : Transports Canada doit mettre en place des « plans de sécurité complets » nécessitant des modifications supplémentaires de l’aéronef, de la maintenance et de la formation. « Au cours des prochaines semaines », il va travailler avec les exploitants, les équipages et les associations syndicales du Canada « pour déterminer la façon dont ces exigences seront mises en œuvre au Canada ».
En janvier 2021, le Ministère prévoit de publier une consigne de navigabilité canadienne qui stipulera les modifications de conception devant être apportées aux MAX. En même temps, le Ministère rendra obligatoires les exigences de formation pour le personnel navigant « au moyen d’un arrêté d’urgence ». En d’autres termes selon le régulateur, avant la remise en service des 737 MAX dans l’espace aérien canadien, il exigera : des modifications aux appareils conformément à la consigne de navigabilité canadienne ; l’incorporation du programme de formation des pilotes révisé dans le programme de formation approuvé par Transports Canada pour chaque compagnie aérienne canadienne ; et la maintenance des appareils par les compagnies aériennes « pour s’assurer qu’ils fonctionneront en toute sécurité étant donné qu’ils sont entreposés depuis un certain temps ».
Plus précisément, les modifications canadiennes comprendront une « procédure améliorée » dans le cockpit, qui permettra au commandant de bord de désactiver un système d’avertissement « sonore et intrusif (communément appelé « vibreur de manche ») lorsque le système a été activé par erreur en raison d’une défaillance du système de détecteurs d’angle d’attaque ». En plus d’aider à réduire la charge de travail des pilotes « à la lumière des enseignements tirés des deux accidents tragiques », cette fonction a été entièrement évaluée par les pilotes d’essai en vol de Transports Canada. Il y aura également des différences dans la formation, y compris la formation sur la procédure améliorée dans le poste de pilotage.
Transports Canada explique avoir travaillé « de façon soutenue » avec la FAA et d’autres autorités de certification clés, notamment l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA) et l’Agence nationale de l’aviation civile du Brésil (ANAC), « ainsi qu’avec les trois exploitants canadiens du Boeing 737 MAX et leurs syndicats de pilotes, tout au long du processus de validation de l’aéronef afin de prendre en compte tous les facteurs nécessaires à sa remise en service en toute sécurité. Par leur rigueur et leur minutie, les experts en certification de Transports Canada ont fait preuve d’un grand leadership tout au long du processus et ont joué un rôle déterminant dans l’orientation des modifications apportées à la conception de l’aéronef ».
Les restrictions de vol commercial pour l’exploitation du Boeing 737 MAX dans l’espace aérien canadien demeurent donc en vigueur et ne seront pas levées « tant que le Ministère ne sera pas pleinement convaincu que toutes ses préoccupations en matière de sécurité ont été prises en compte, que les modifications nécessaires ont été apportées, que des procédures améliorées pour les équipages de conduite sont en place et que toute la formation a été dispensée au Canada ».
jpl a commenté :
18 décembre 2020 - 9 h 42 min
1/ le Ministère canadien sera pas pleinement convaincu que toutes ses préoccupations en matière de sécurité auront été prises en compte, et que les modifications nécessaires ont été apportées .. quand Trudeau lui dira de le faire.,
2/ A lire l’article, on comprend que certaines modifications ne porteront QUE sur les avions canadiens (bien que plus loin on lise que cela a été fait en concertation avec la FAA et l’EASA)
Greg765 a commenté :
18 décembre 2020 - 11 h 03 min
A priori la modification par rapport à la FAA (comme pour l’EASA) porte uniquement sur les stick shakers.
Il faudra donc installer un collier en plastique sur le CB du stick shaker, et mettre à jour certaines procédures pour suggérer aux pilotes de désactiver le stick shaker. Et bien sûr ce sera reflété dans les formations des pilotes Canadiens.
Mais dans les faits les modifs sur l’avion à proprement parler sont les mêmes que ce soit l’EASA, la FAA ou Trabsport Canada. C’est plus une différence de procédure.
Tilo a commenté :
18 décembre 2020 - 11 h 39 min
Et oui quand la FAA valide tout le reste suivent derrière, reste plus que l’Inde et la chine. Les chinois (la CAAC) font un peu les durs mais ils vonts eux aussi finir par recertifié le 737 max plus rapidement qu’ils le disent…Allez vole mon beau phénix vols tu la bien mérité après deux années cloués au sol.
atplhkt a commenté :
18 décembre 2020 - 11 h 45 min
@ TILO
Quel gentil commentaire romanesque et candide.
A lire quand même :
“COLOGNE, November 24, 2020 – The European Union Aviation Safety Agency (EASA) published a Proposed Airworthiness Directive (PAD) concerning the Boeing 737 MAX for public consultation, signalling its intention to approve the aircraft to return to Europe’s skies within a matter of weeks.”
https://www.easa.europa.eu/newsroom-and-events/news/easa-lays-out-its-proposed-conditions-return-service-boeing-737-max
Mise en perspective... a commenté :
18 décembre 2020 - 12 h 15 min
Votre première phrase laisse entendre que seule la FAA décide et que tous les autres s’alignent derrière sans moufter un mot…
C’est je crois, une vision extrêmement réductrice et ultra-simpliste des choses…
Dans le temps d’avant la mise au sol des Max, un accord existait entre USA et Union Européenne accord qui voulait que chacune des parties avait la main sur la surveillance des process de développement et la certification des nouveaux appareils produits sur son territoire: une fois la certification donnée par la partie en responsabilité territoriale, cette certification serait reconnue valide par l’autre partie que délivrerait alors sans plus de contrôle et d’analyse la certification officielle pour son territoire… c,était du réciproque automatique.
Avec l’histoire du Max, chacun a en quelque sorte voulu reprendre sa liberté de contrôler, d’analyser puis de certifier…
Mais tout ce process pour être exécuté correctement reclame de lourds moyens techniques, humains et financiers pour être mis en œuvre.de plus il est très chronophage.
Aussi les différentes agences- responsables ont elles clamé haut et fort leurs volonté de s’affranchir de l’automaticité dûe aux accords antérieurs et proclamé leur nouvelle indépendance….tout en travaillant en commun tout au long du processus pour voir comment intégrer toutes les demandes de toutes les diverses agences dans la décision finale du premier certifiant chronologique: la FAA…
La FAA, et c’est normal puisqu’il s’agit d’un appareil venu de sa zone de responsabilité, sort donc le premier bon-pour-revoler…
Au fond, techniquement, il y aurait pu y avoir une annonce coordonnée de toutes les agences au même moment…
Mais c’était sans compter sur..la susceptibilité americano-trumpiène pour qui la FAA doit être First, et les susceptibilités non moins affirmées des autres agences qui doivent montrer qu’elles ont chacune le dossier en main et décide chacune librement quand elles le veulent en toute indépendance,.
Mais dans le fond, tout le travail de ces derniers mois en vue de relancer cet avion a été fait en commun.
Tilo a commenté :
18 décembre 2020 - 15 h 12 min
Mise en perspective…merci pour votre information sincèrement.