L’ONG Greenpeace a demandé à la justice néerlandaise de bloquer l’aide publique de 3,4 milliards d’euros promise à la compagnie aérienne KLM Royal Dutch Airlines, faute de garantie sur la durabilité de son plan de sauvetage.

Soumise comme sa sœur Air France à des objectifs environnementaux pour être aidé par le gouvernement à survivre à la pandémie de Covid-19, la compagnie nationale néerlandaise basée à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol est pourtant trainée (indirectement) en justice par Greenpeace devant un tribunal de La Haye – comme elle l’avait annoncé à la rentrée. L’ONG estime que les Pays-Bas n’ont « pas obtenu suffisamment de garanties » de la part de KLM dans ses engagements à la mise en place d’un « plan d’activité plus soutenable ». Son avocat Frank Peters a déclaré à Reuters que dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, le gouvernement « a manqué l’occasion qu’il avait maintenant de lutter contre la pollution engendrée par l’aviation ».

Dans l’aide publique de 3,4 milliards d’euros, annoncée fin juin et finalement accordée début novembre à KLM, figuraient des « engagements de la compagnie en matière de développement durable » dont une réduction de moitié des émissions de CO2 par passager d’ici 2030 (par rapport aux niveaux enregistrés en 2005) – alors que Greenpeace souhaiterait un plafond d’émission baissant régulièrement. Ces émissions ne pourront pas baisser tant que le trafic aérien augmentera, rappelle l’ONG – sans mentionner la pandémie de Covid-19, qui a entrainé pour KLM une chute de 65,8% du nombre de clients sur les neuf premiers mois de l’année.

Cible directe de la plainte de Greenpeace, le gouvernement a souligné que les conditions mises à l’aide accordée à KLM étaient « conformes à la règlementation européenne » (il a déjà reçu le feu vert de Bruxelles).  Des exigences écologiques plus strictes « entraîneront des coûts nettement plus élevés et un désavantage vis-à-vis des concurrents » selon l’avocate Karlijn Teuben, selon qui tout frein à l’aide publique pourrait faire « courir un risque de banqueroute » à KLM.

La semaine dernière, Greenpeace rappelait que « même l’Organisation européenne de l’aviation, dont KLM est membre, affirme que l’aviation en Europe doit être reconstruite de manière verte. Après le coup porté par la crise corona, il est important que la durabilité ait lieu dans l’aviation, afin de devenir plus pérenne ». le tribunal se prononcera le 9 décembre sur la demande de l’ONG.

On rappellera qu’en décembre dernier, KLM avait a acheté à Neste du biocarburant à base d’huile de cuisson usagée, qui servira à alimenter ses avions au départ d’Amsterdam. La compagnie de l’alliance SkyTeam soulignait alors qu’elle ne s’approvisionne qu’en carburants d’aviation durables basés sur des matières premières de déchets et de résidus, « qui réduisent considérablement l’empreinte CO2 et n’ont pas d’impact négatif sur la production alimentaire ou l’environnement ».

Aides publiques : Greenpeace contre KLM 1 Air Journal

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