La compagnie aérienne Emirates Airlines a vu son chiffre d’affaires reculer de 75% et son trafic chuter de 95% à 1,5 millions de passagers, en raison de la pandémie de Covid-19. Les résultats du groupe ne sont pas meilleurs, mais il prévoit une « reprise vigoureuse » lorsque des vaccins arriveront sur le marché.
Entre début avril et fin septembre 2020, la compagnie aérienne basée à l’aéroport de Dubaï a enregistré une perte de 12,6 milliards AED (3,4 milliards USD), contre un bénéfice de 235 millions de dollars il y a un an. Le chiffre d’affaires d’Emirates Airlines, « autres produits d’exploitation inclus », ressort à 3,2 milliards de dollars, en recul de 75% par rapport aux 12,9 milliards enregistrés au premier semestre de l’exercice précédent. Ces chiffres « s’expliquent par les restrictions draconiennes imposées en matière de vols et de voyages partout dans le monde » du fait de crise sanitaire selon la compagnie aérienne.
Les charges d’exploitation d’Emirates ont diminué de 52%, pour une « érosion globale de ses capacités » de 67% ; les coûts de carburant ont été réduits de 83% par rapport au premier semestre 2019-20, suite à la baisse des cours du pétrole (-49% sur un an) et à la diminution de 76% de la consommation de kérosène « liée à l’effondrement du nombre de vols au cours des six mois jusqu’en septembre ». Le carburant, « qui avait toujours constitué le principal poste de dépenses de la compagnie au fil des exercices » selon son communiqué, n’a représenté que 11% de ses charges d’exploitation au S1, contre 32% pour la même période de l’an dernier.
« Malgré la baisse spectaculaire de son activité au cours de ces six mois », Emirates Airlines a pu enregistrer un excédent brut d’exploitation de 79 millions de dollars, en forte baisse cependant par rapport aux 3,6 milliards du premier semestre 2019-20.
Emirates Airlines a transporté 1,5 million de passagers entre le 1er avril et le 30 septembre 2020, soit 95% de moins qu’au cours de la même période de l’an dernier. Le volume de fret acheminé accuse une diminution de 35% à 0,8 million de tonnes, tandis que le yield a plus que doublé, à 106%. La capacité globale de la compagnie au cours des six premiers mois de l’exercice a diminué de 67% en raison de « la diminution considérable du programme de vols au cours des derniers mois, et notamment de la suspension des vols passagers à l’aéroport international de Dubaï pendant huit semaines ». La capacité d’Emirates mesurée en sièges-kilomètre offerts (SKO) a diminué de 91% tandis que le trafic passagers mesuré en revenu par passager-kilomètre transporté (PKT) a chuté de 96% ; le coefficient d’occupation moyen s’établit à 38,6%, contre 81,1% l’an dernier.
Ces chiffres « reflètent la situation exceptionnelle du marché du fret aérien pendant la crise mondiale de la Covid-19, lorsque l’impressionnante diminution des vols passagers s’est traduite par des capacités disponibles limitées parallèlement à une forte hausse de la demande de fret ». Emirates a pu transporter 65% des volumes de fret acheminés au premier semestre 2019-20, « ce qui témoigne des remarquables facultés d’adaptation pour proposer des services de fret aérien dans ce nouvel environnement » : Emirates SkyCargo a partiellement transformé dix Boeing 777-300ER destinés au transport de passagers en appareils capables de transporter des marchandises sur le pont principal, instauré de nouveaux protocoles permettant d’acheminer en toute sécurité du fret dans les cabines passagers, relancé et développé rapidement son réseau de fret mondial et mis en place un ensemble complet de règles de biosécurité pour les salariés.
Au cours des six premiers mois de l’exercice 2020-21, Emirates Airlines a retiré de sa flotte trois avions « n’étant pas de dernière génération », dans le cadre de sa stratégie de long terme qui vise à « accroître son efficacité globale, à minimiser son empreinte carbone et à offrir une meilleure expérience à ses clients ». Seuls dix de ses 104 Airbus A380 sont opérés actuellement, ainsi que dix 777-200LR et 128 777-300ER (plus dix 777F) selon ch-aviation. Elle a progressivement repris ses activités de vols passagers réguliers le 21 mai ; au 30 septembre, les vols passagers et de fret de la compagnie desservaient 104 villes dans le monde.
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— Tobi (@Tobias_Gudat) November 12, 2020
« Nous avons commencé l’exercice en cours dans le contexte d’un confinement mondial et d’un trafic passagers littéralement à l’arrêt. Dans cette situation totalement inédite pour le secteur de l’aviation et des voyages, le Groupe Emirates a enregistré une perte nette semestrielle pour la première fois en 30 ans », a déclaré le Cheikh Ahmed bin Saeed Al Maktoum, Président d’Emirates Airlines et d’Emirates Group. « Face à la disparition du trafic passagers, Emirates et dnata ont su réagir rapidement et se réorienter vers la demande de fret et d’autres niches commerciales, au profit de notre chiffre d’affaires que nous avons ainsi pu faire remonter de zéro à 26% de son niveau du premier semestre de l’an dernier. La résilience du Groupe Emirates face aux difficultés actuelles témoigne de la solidité de notre modèle économique. De même, nos années d’investissement continu dans le développement de compétences, dans la technologie et dans les infrastructures portent aujourd’hui leurs fruits en termes de coûts et d’efficience opérationnelle », a-t-il ajouté.
La trésorerie du Groupe au 30 septembre 2020 ressortait à 20,7 milliards AED (5,6 milliards USD), contre 7,0 milliards USD au 31 mars 2020. « Personne ne peut prédire l’avenir, mais nous prévoyons une reprise vigoureuse de la demande de voyages lorsqu’un vaccin contre la Covid-19 arrivera sur le marché, et nous nous préparons en vue de ce redémarrage. Nous avons pu mobiliser nos importantes réserves de trésorerie et, par le biais de nos actionnaires et des intervenants des milieux financiers au sens large, nous disposons toujours de suffisamment de fonds pour poursuivre notre activité et tenir jusqu’à la fin de cette période difficile », précise le dirigeant. Au premier semestre 2020-21, « notre actionnaire a apporté 2 milliards USD à Emirates par le biais d’un investissement en fonds propres, et il restera à nos côtés sur la voie de la reprise ».
Par rapport au 31 mars 2020, l’effectif du Groupe Emirates a chuté de 24%, pour s’établir à 81.334 salariés au 30 septembre 2020. « Cette évolution correspond aux prévisions d’utilisation des capacités et d’activité de la société pour l’avenir proche, ainsi qu’aux perspectives globales pour le secteur aérien. Emirates et dnata s’efforcent toujours activement de préserver leur main-d’œuvre qualifiée par tous les moyens, y compris en participant à des plans de sauvetage de l’emploi, lorsqu’ils existent ». La compagnie aérienne a confirmé avoir demandé à certains pilotes de se mettre en congé sans solde pour 12 mois (logement et assurance santé seront maintenus), avec possibilité d’un retour anticipé si la demande rebondit.
Groupe : baisse du chiffre d’affaires de 74%, à 13,7 milliards AED (3,7 milliards USD) et perte de 3,8 milliards USD, après un bénéfice de 320 millions USD l’an dernier. Les résultats ont été « très affectés par les restrictions sans précédent imposées aux déplacements aériens et aux voyages dans le monde en réaction à la pandémie ».
dnata : baisse de 67% du chiffre d’affaires, à 2,4 milliards AED (644 millions USD) et perte de 396 millions USD après un bénéfice de 85 millions USD l’an dernier, « reflet des répercussions de la pandémie sur toutes les entités de dnata dans le monde ». Cette perte inclut 188 millions USD de charges pour dépréciation.
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