Au cours des neuf premiers mois de 2020, le groupe allemand Fraport, opérateur de l’aéroport de Francfort, a enregistré une perte nette de 537,2 millions d’euros, qui comprend des dépenses de 280 millions d’euros destinées à des mesures visant à réduire les effectifs.
Les revenus du groupe ont diminué de 53,8 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 1,32 milliard d’euros. La perte nette entre janvier et septembre (qui se compare à un bénéfice net de 413,5 millions d’euros sur la même période de 2019) s’explique notamment par une provision de 280 millions d’euros passée en vue de nombreuses suppressions d’effectifs. Fraport prévoit en effet de supprimer jusqu’à 4000 postes d’ici à la fin de l’année 2021, une mesure qui devrait lui permettre d’économiser quelque 250 millions d’euros par an, rien qu’à l’aéroport de Francfort, première plateforme aéroportuaire allemande.
Toujours au cours des neuf premiers mois, le trafic passager à Francfort a diminué de 70,2 % par rapport à l’année précédente, avec 16,2 millions de voyageurs desservis. Pour toute l’année 2020, le groupe Fraport déclare s’attendre à ce que le trafic à l’aéroport de Francfort chute de 70% pour n’atteindre que 18 ou 19 millions de passagers sur l’année.
Réduction des effectifs
Cette réduction sera réalisée de “la manière la plus socialement responsable possible“, souligne Fraport : quelque 1.600 employés ont accepté de quitter l’entreprise dans le cadre d’un programme de départs volontaires comprenant des indemnités de licenciement, des plans de retraite anticipée et d’autres mesures. En outre, grâce à des départs réguliers à la retraite et à d’autres accords de licenciement, les effectifs seront réduits d’environ 800 personnes dans l’ensemble du groupe. Durant l’année en cours, environ 1.300 emplois ont déjà été supprimés en raison de la fluctuation du personnel ou de l’expiration des contrats de travail temporaires.
Parallèlement, Fraport continuera d’appliquer un régime de chômage partiel. Depuis le deuxième trimestre 2020, jusqu’à 18.000 des quelques 22.000 personnes employées dans toutes les sociétés du groupe à Francfort travaillent en chômage partiel, ce qui implique une réduction moyenne de 50 % du temps de travail, en fonction de la demande. Le quota de chômage partiel a quelque peu diminué pendant la période de voyage d’été, mais le quota augmente à nouveau en fonction de la baisse de la demande de trafic.
Réduction des investissements
En annulant ou en différant les investissements non essentiels à son fonctionnement, Fraport pourra réduire les dépenses correspondantes d’un milliard d’euros à moyen et long terme. “Il s’agit plus précisément d’investissements pour les bâtiments du terminal et l’aire de trafic existants de l’aéroport de Francfort. En ce qui concerne la construction du nouveau terminal 3, la situation actuelle de la demande offre également la possibilité de prolonger le délai nécessaire pour des mesures de construction spécifiques ou l’attribution de contrats de construction“, précise Fraport.
L’opérateur prévoit d’ouvrir le Terminal 3 (comprenant le terminal principal avec les jetées H et J, ainsi que la jetée G) pour le programme d’été 2025. Toutefois, la date réelle d’achèvement et d’inauguration du nouveau terminal dépendra en fin de compte de l’évolution de la demande.
“Notre industrie continue à naviguer dans une situation très difficile. Les taux d’infection ayant à nouveau augmenté dans toute l’Europe ces dernières semaines, les gouvernements ont largement réintroduit ou élargi les restrictions de voyage. Les compagnies aériennes réduisent encore plus leurs horaires de vol. Actuellement, nous ne prévoyons pas de reprise avant au moins la saison estivale 2021. En réponse, nous continuons à réorienter notre entreprise afin de la rendre nettement plus légère et plus agile pour parvenir à une réduction durable de notre base de coûts. Nous sommes en bonne voie pour atteindre cet objectif. Les mesures mises en oeuvre sur notre site de Francfort nous permettront de réduire les coûts de personnel et de matériel à moyen terme jusqu’à 400 millions d’euros par an. Cela correspond à environ 25 % de nos dépenses d’exploitation totales enregistrées sur le site de Francfort au cours de l’exercice 2019”, commente le président du conseil d’administration de Fraport AG, Stefan Schulte.
Réserves de liquidités
Fraport a levé environ 2,7 milliards d’euros de financement supplémentaire pendant l’exercice en cours. Parmi les mesures que le groupe a prises pour y parvenir : l’émission d’une obligation d’entreprise de plus de 800 millions d’euros en juillet 2020 et le placement récent d’un billet à ordre d’un volume total de 250 millions d’euros en octobre 2020. Ainsi, “avec plus de 3 milliards d’euros de liquidités et de lignes de crédit engagées, la société est bien placée pour faire face à la crise actuelle et, bien qu’à une échelle réduite, pour réaliser tous les investissements nécessaires pour l’avenir“, souligne Fraport dans son bilan financier provisoire.
Perspectives
Le chiffre d’affaires du groupe en 2020 devrait baisser de jusqu’à 60 % par rapport à l’exercice 2019. L’EBITDA du groupe devrait diminuer fortement, mais rester légèrement positif, grâce aux mesures d’économie déjà mises en oeuvre ou prévues. En tenant compte des dépenses prévues pour les mesures visant à réduire les coûts de personnel, l’EBITDA atteindra clairement des chiffres négatifs pour l’ensemble de l’année 2020. De même, le conseil d’administration s’attend à ce que l’EBIT et le résultat du groupe (bénéfice net) soient sensiblement négatifs.
“Nous prévoyons actuellement que le trafic passagers de l’aéroport de Francfort en 2021 n’atteindra que 35 à 45 % du niveau de 2019, notamment en raison du très faible premier trimestre 2021 prévu. Même en 2023/24, le nombre de passagers n’atteindra probablement encore que 80 à 90 % des niveaux d’avant la crise. Cela signifie que nous avons un très long voyage devant nous. Toutefois, nous sommes convaincus que les contre-mesures récemment lancées permettront à Fraport de se réaligner avec succès sur son chemin de croissance durable à long terme, une fois de plus”, conclut Stefan Schulte.
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