La compagnie aérienne ExpressJet Airlines, qui opère pour le compte de United Airlines, a annoncé pour la fin du mois prochain l’arrêt de ses opérations. Elle devient le plus gros transporteur des Etats-Unis à disparaître suite à la pandémie de Covid-19.
La perte fin juillet d’un contrat pour opérer ses Embraer ERJ145 sous la bannière United Express aura été fatale à la compagnie basée à Atlanta en Géorgie, et possédée en partie par United Airlines : dans un message envoyé le 24 aout 2020 à ses employés, le CEO d’ExpressJet Subodh Karnik explique être contraint de mettre la clé sous la porte le 30 septembre 2020. Date à laquelle expire le CARES Act, qui avait permis à la compagnie régionale de toucher 110 millions de dollars et passer l’été – en échange d’une interdiction de licencier. La diminution progressive des vols le mois prochain lui permettra de mette en œuvre les suppressions de postes ; elle emploie environ 2500 personnes. Ses 77 ERJ145 de 50 places sont cloués au sol.
« Le consensus était qu’étant donné l’incertitude persistante dans le programme de vol au-delà d’octobre, et la possibilité réelle d’une nouvelle réduction des vols, il serait extrêmement difficile de maintenir un semblant d’intégrité des horaires pendant cette période », a souligné le dirigeant.
Le 30 juillet, United Airlines avait choisi CommutAir comme unique opérateur d’ERJ145, et avait demandé à ExpressJet Airlines de « cesser ses vols en tant que transporteur régional » sous la bannière United Express, rappelle la compagnie aérienne. « En raison de l’incertitude des voyages en raison de la pandémie continue, tous les vols ExpressJet pour United Airlines prendront fin le 30 septembre », a-t-elle déclaré.
ExpressJet devient la plus grosse victime aux USA de la crise sanitaire, RavnAir en Alaska ayant été la première à faire faillite dès le mois d’avril.
Biglouille a commenté :
25 août 2020 - 10 h 29 min
Là ça ne rigole pas : 77 ERJ 145 sur le marché !!
Bencello a commenté :
25 août 2020 - 11 h 15 min
+1
De quoi donner des sueurs froides à Embraer et Mitsubishi, nouveau propriétaire du programme CRJ.
La descente aura été raide: il fut un temps pas si loin ou expressjet opérait pour les 3 grands transporteurs US: Delta connection et American eagle.
Bombardier/Mitsubushi a commenté :
25 août 2020 - 15 h 06 min
Mitsubishi a déjà tué le programme CRJ au profit de son programme SpaceJet. Ils continuent la vente des pièces détachés et de la maintenance.
NON: quasiment aucun EMB145 en plus sur le marché a commenté :
26 août 2020 - 15 h 53 min
En fait, entre les EMB145LR et les -XR, ce sont 107 appareils qui sont en ligne sous les couleurs de United, avec des équipages Expressjet…
Mais TOUS ces -145 sont DEJA la pleine propriété de United, Expressjet n’étant qu’un fournisseur de main-d’oeuvre PN principalement.
Du coup, United ayant choisi Commutair comme seul opérateur de ce type de machine, elle va lui transférer tous les 145 actuellement mis en ligne par expresse, et comme Commutair n’en a qu’une quarantaine je crois qui volent pour United depuis une autre base, Commutair n’a pas à ce jour la capacité en potentiel humain ( équipages) de faire voler ces dizaines de -145 qui vont lui arriver…sans recruter à tour de bras…qui? eh bien principalement les PN qui vont être licenciés par Expressjet….
De plus, United ne fait là qu’une ” transition de gestion” et n’a pas l’intention de fermer totalement toutes les lignes actuellement exploitées par Exprsjet ( à la marge sûrement United en supprimera quelques unes et risque de baisser certaines fréquences, mais le plus gros sera conservé…et donc le surplus de -145 non-nécessaires remis sur le marché pourrait lui aussi n’être qu’à la marge) Ceci signifie aussi que les PN futurs-licenciés Expressjet/ré-embauchés Commutair risquent fort de voler depuis leurs bases actuelles…sans même avoir à déménager! En revanche, il est fort probable que les nouveaux contrats d’embauche chez Commutair aient des conditions différentes: mais sur ce point, il faudra voir ce que feront les syndicats des PN T et C de Commutair, et s’ils acceptent de voir entrer dans leur compagnie des dizaines de collègues à conditions de travail/salaire inférieures aux leurs: ce n’est pas certain, et pas gagné pour les managements de Commutair et United…
+1000 a commenté :
28 août 2020 - 11 h 24 min
Explication pertinente.
Greg6 a commenté :
25 août 2020 - 17 h 27 min
Aucune raison pour embraer d’avoir des sueurs froides. Ils ont arrêté la production des erj au mois de juin de cette année.
Et Bombardier a arrêté la production des crj-200 en 2006.
Il n’y a donc plus de jets de 50 places et moins en production dans le monde.
Donc bonne chose pour le marché de l’occasion. Il y a d’ailleurs des pépites chez expressjet, comme les erj-145xr, version la plus avancée et la dernière produite. Qui se reconnaît avec ses winglets, voir sur la photo d’illustration de l’article.
On peut même dire qu’il n’y a plus de jets de moins de 70/80 places en production.
Il reste encore des e175 de première génération à produire pour embraer, pour des clients Nord-américains. Dans les 160 je crois, mais on verra en fonction de la crise.
Et une grosse poignée de crj-500 ou 700, je ne sais plus, pour Bombardier, avant de fermer. La encore pour des clients américains.
Après, les plus petits jets disponibles neufs seront les e175e2 et M90 de 80/90 places. (Je ne compte pas antonov…)
En-dessous de ce seuil, que du turbopropulseur, atr-42/72 ou Q400.
Victoire (temporaire ?) de l’hélice sur le réacteur dans le segment régional de moins de 80 pax.
Victoire confirmée par la volonté d’Embraer de se relancer dans les turbopropulseurs, plutôt que de faire un successeur aux erj.
Ou par les Russes et les Chinois qui sortent de nouvelles variantes MA-700 et Il-114-300.
Il faut dire que ce marché des petits jets régionaux a été gonflé artificiellement par les usa. D’abord car ils n’ont jamais beaucoup aimé l’hélice, mais aussi et surtout grâce aux scope clause.
RWY AHEAD a commenté :
25 août 2020 - 21 h 28 min
Le Scope clause pourrait connaitre quelques changements dans les mois à venir.
Un article (en anglais) intéressant sur le sujet
Ce qui pourrait permettre aux constructeurs de proposer de nouvelles variantes “stretchées”
ça fait plaisir! a commenté :
26 août 2020 - 9 h 34 min
ça fait plaisir de lire une belle mise en perspective de la situation, sans hyper-réaction émotionnelle, qui éclaire l’état des lieux de ce segment industrielo-commercial du jet de 80 places et moins de manière factuelle.
Izem a commenté :
26 août 2020 - 2 h 20 min
Ca y est c’est parti, la descente aux enfers des compagnies régionales a commencé malheureusement et je crains le pire espérant que je me trompe
Et surtout! a commenté :
26 août 2020 - 11 h 42 min
On a là une belle illustration de cet adage populaire de bon sens qui dit ” il ne faut pas mettre tous ces oeufs dans le même panier”!
Or UNITED était l’ UNIQUE client de ExpressJet: voilà qui vous met pieds et poings liés dans la main de votre client, à la merci de ses moindre caprices, envies ou décisions…et vous ferme toute porte de sortie (même étroite et difficile à pousser…) lorsque ce client décide n’avoir plus besoin de vous!
In fine: une magistrale faute de management?…surtout en prenant en considération que United n’était pas actionnaire de Expressjet.
+1000 a commenté :
26 août 2020 - 14 h 04 min
Angle d’analyse que je partage totalement.