La compagnie aérienne low cost Ryanair Holgings affiche au premier trimestre, « le plus difficile de ses 35 ans d’histoire », une perte nette de 185 millions d’euros, alors qu’à la même période l’année dernière elle dégageait un bénéfice de 243 millions d’euros.

Contrainte par la pandémie de Covid-19 de clouer au sol 99% de sa flotte entre la mi-mars et juin 2020, la spécialiste irlandaise du vol pas cher en paie les frais : au T1 (avril-juin), Ryanair a vu ses revenus chuter de 95% à 125 millions d’euros, contre 2312 millions en 2019, et terminer le trimestre avec une perte nette de 185 millions d’euros (au lieu d’un bénéfice de 243 millions au T1 2019). Le tout avec un trafic sur trois mois ayant chuté de 41,9 millions à un peu plus de 500.000 passagers (-99%), et avec un coefficient d’occupation passant de 96% à 61% (-35 points de pourcentage). Mais au 30 juin, le groupe disposait d’une trésorerie de 3,3 milliards d’euros.

Une réduction de 85% des coûts au cours du premier trimestre n’a pas été suffisante pour compenser cette perte de revenus, car les réservations « se sont brutalement arrêtées » dans les premières semaines de la crise du Covid-19. Au cours des trois derniers mois, un travail important a été entrepris pour améliorer le leadership de Ryanair en matière de coûts, ce qui est essentiel si les compagnies aériennes du Groupe veulent concurrencer « les transporteurs nationaux largement subventionnés qui pourront se livrer à des ventes à des prix inférieurs aux coûts pour les années à venir ». Le Groupe a négocié avec les syndicats « de modestes réductions de salaire avec nos employés et leurs syndicats qui, nous l’espérons, aideront à éviter des pertes d’emplois généralisées ».

Les équipes du développement réseau Ryanair « travaillent » avec des aéroports de toute l’Europe qui ont subi des baisses de trafic importantes pendant la crise de Covid-19, tandis que des discussions sont en cours avec les fournisseurs d’avions « pour réduire les taux de location des avions et les prix d’achat afin de refléter la nouvelle réalité post-Covid-19 ». Côté Boeing 737 MAX en particulier, Ryanair espère recevoir son premier exemplaire avant la fin de l’année (avec 18 mois de retard donc), et d’en opérer « potentiellement jusqu’à 40 » au début de la prochaine saison estivale fin mars 2021. « Nous restons des partisans engagés de ces avions Gamechanger qui ont 4% de sièges en plus, 16% de consommation de carburant en moins et 40% d’émissions sonores en moins » ; ils devraient l’aider à passer la barre des 200 millions de clients « sur les 5 ou 6 prochaines années tout », en réduisant la base de coûts du Groupe et en diminuant significativement son empreinte environnementale.

Le 1er juillet, le Groupe a repris ses vols sur la majorité du réseau ; « nous prévoyons de fonctionner environ à 40% de notre capacité normale de juillet, passant à environ 60% en août et, espérons-le, 70% en septembre », précise le communiqué du groupe. Les équipes du service clientèle de Ryanair travaillent sur un « volume sans précédent d’e-mails clients et d’autres communications liées aux changements de vol et aux annulations » liés à la crise sanitaire, tout en « éliminant un arriéré record de remboursements causés par près de 4 mois d’annulations de vols imposées par les gouvernements de l’UE ». Ce processus a été retardé par des « gratteurs d’écran non autorisés fournissant des informations client falsifiées au moment de la réservation ; le groupe dit s’attendre à ce que « plus de 90% des demandes de remboursement en espèces des clients soient réglées d’ici la fin du mois de juillet ».

Prévisions :

Le défi du Brexit, et en particulier d’un Brexit sans accord, reste « élevé » selon Ryanair, qui espère toutefois que le Royaume-Uni et l’Europe concluront avant la fin décembre un accord commercial pour le transport aérien, qui permettra à la libre circulation des personnes et au marché déréglementé des compagnies aériennes entre le Royaume-Uni et l’Irlande de se poursuivre. En tant que compagnie aérienne de l’UE, le groupe Ryanair devrait être moins affecté par un Brexit sans accord que les compagnies aériennes enregistrées au Royaume-Uni ; il prévoit cependant toujours des « conséquences négatives sur les échanges ». Ryanair a mis en place les mesures nécessaires pour garantir que le groupe reste détenu majoritairement dans l’UE, y compris en restreignant les droits de vote des actionnaires non européens, en cas de hard-Brexit. Les AOC du Groupe en Autriche, en Irlande, à Malte et en Pologne devraient continuer à fonctionner librement, tandis que l’AOC britannique de Ryanair (Ryanair UK) « pourra bénéficier de tout accord bilatéral négocié entre le Royaume-Uni et des pays tiers, tout en facilitant l’exploitation de vols intérieurs au Royaume-Uni ».

L’exercice 2021 sera une « année très difficile » pour le groupe de compagnies aériennes, même si la perte du T2 devrait être inférieure à celle annoncé ce lundi : il est « impossible de prédire » combien de temps la pandémie de Covid-19 va persister, et une deuxième vague à travers l’Europe à la fin de l’automne (lorsque la saison annuelle de la grippe commence) « est notre plus grande peur en ce moment ». Tout en espérant la mise en place de solutions de traçage, Ryanair juge « vital que les économies européennes entament le processus de reprise cet été pour minimiser les dommages résultant de la pandémie de Covid-19 et cette reprise ne peut être menée que par les voyages aériens intra-UE, moteur de la croissance et de l’activité économique de l’UE ».

Compte tenu de l’incertitude actuelle, le groupe Ryanair ne peut fournir pour le moment aucune indication de résultat FY21. À l’heure actuelle, il s’attend à ce que le trafic FY21 baisse de 60%, de 149 à seulement 60 millions de passagers. La crise de Covid-19 a déjà entraîné la fermeture de plusieurs compagnies aériennes de l’UE, notamment Flybe, Germanwings, Level et Sun Express, rappelle son communiqué, ce qui a « déclenché un flot de plusieurs milliards d’aides d’État illégales de la part des gouvernements de l’UE à leurs compagnies aériennes nationales, notamment Alitalia, Air France / KLM, Lufthansa, SAS, TAP et d’autres ». Cette aide d’État illégale faussera la concurrence et permettra aux « transporteurs nationaux non viables » de se livrer à des ventes à des prix inférieurs aux coûts pendant de nombreuses années. De nombreuses autres compagnies aériennes réduisent leur capacité, de sorte que les voyages aériens en Europe « seront probablement déprimés pendant au moins les 2 ou 3 prochaines années ». Ce qui créera des opportunités pour Ryanair de développer son réseau et d’étendre sa flotte, afin de tirer parti des opportunités de coûts aéroportuaires et aériens inférieurs qui se présenteront inévitablement.

Ryanair : perte de 185 millions d’euros au T1 1 Air Journal

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