Groupe ADP, gestionnaire des aéroports parisiens Roissy-CDG, Orly et Le Bourget, est « extraordinairement secoué » par la crise du coronavirus qui lui a fait perdre en deux mois 98% de son chiffre d’affaires, mais il « n’est pas en danger », affirme son PDG, Augustin de Romanet, dans un entretien à l’AFP.
« Nous avons une situation financière qu’il faut surveiller avec attention, puisque nous avons perdu près de 98% de notre chiffre d’affaires pendant 2 mois et sur l’ensemble de l’année 2020, nous allons perdre entre 50 et 60% de notre chiffre d’affaires, soit près de 2 milliards et demi d’euros, ce qui nous oblige à être extrêmement vigilants pour garder la maîtrise de notre destin », explique le patron d’ADP.
« Mais l’entreprise n’est pas en danger, l’entreprise est simplement extraordinairement secouée », précise l’homme à la tête depuis 2012 de ce groupe, qui figure parmi les leaders mondiaux de la concession aéroportuaire avec 24 aéroports gérés directement ou indirectement dans le monde. « S’il n’y a pas de deuxième vague, il n’y a aucune crainte à avoir, et s’il devait y avoir une deuxième vague nous serions obligés de nouveau d’emprunter ».
Sur le plan social, Augustin de Romanet assure qu’ « aucune décision n’est prise, aucune concertation n’est engagée avec les organisations syndicales ». Mais ADP n’est « pas une entreprise hors sol ou qui échapperait aux règles économiques », explique-t-il, interrogé sur « les ajustements » qu’il a évoqués récemment dans la presse.
Terminaux fermés
« La nouvelle donne va nous obliger à nous poser la question du nouveau dimensionnement (…) nous aurons moins d’ouvertures de terminaux, peut-être même des terminaux qui vont demeurer fermés pendant plusieurs mois et puis bien sûr la question des effectifs, c’est une question dont nous allons parler d’abord avec les organisations syndicales », ajoute-t-il.
« Le débat sur la privatisation a conduit beaucoup d’observateurs à considérer que nous étions une poule aux oeufs d’or insubmersible », poursuit-il. « Le résultat, c’est que beaucoup de nos clients ne payent pas les factures (…) nous avons toutes les revendications du monde pour des suspensions des loyers de tel ou tel parce que nous sommes vus comme une entreprise dont les poches seraient sans fond », selon lui.
« Il est vrai que le fait de savoir que l’État possède plus de la majorité du capital est pour beaucoup de nos parties prenantes une garantie et une réassurance », constate-t-il, interrogé sur l’avantage d’avoir l’Etat comme actionnaire à hauteur de 50,63% pendant cette crise sans précédent. L’Etat a suspendu en mars son projet de privatisation du groupe en raison de la crise du coronavirus.
Perspectives
Les chantiers « qui étaient achevés entre 50 et 80% seront achevés à un rythme un peu plus long » et les autres seront « repriorisés au maximum » ce qui signifie « reporter, voire parfois suspendre et renoncer à certains projets » dans la mesure où un retour du trafic au niveau d’avant-crise n’est pas attendu avant 2023. L’enquête publique sur la construction du Terminal 4 à Paris-Charles de Gaulle -pour accueillir 40 millions de passagers de plus par an à terme en 2037- a ainsi d’ores et déjà été reportée.
©Groupe ADP
Pioneer 300 a commenté :
25 juin 2020 - 11 h 06 min
Si on parlait de privatisation Les intéressés ne se bousculent pas depuis le coronavirus …Normal ils a moins d’argent a se faire ..c’estça le monde d’après
Patrick a commenté :
25 juin 2020 - 13 h 04 min
oui, il fallait privatiser avant.
Maintenant c’est trop tard , c’est le contribuable qui va combler les pertes.
Rame a commenté :
25 juin 2020 - 23 h 44 min
Pas’ d’inquiétude si ADP avait été privatisée elle serait venu demander de l’aide à l’état.
St.-Ex. a commenté :
25 juin 2020 - 12 h 11 min
Aéroports de Paris n’a qu’à se défaire de toutes ses participation hasardeuses à l’étranger et se retrouvera à la tête de suffisamment de réserves financières pour faire face à ce passage temporairement délicat ! Ainsi de l’argent gaspillé en Turquie et au Kazakhstan… et pourquoi avoir cédé les juteuses actions investies du capital de l’aéroport de Pékin au lieu au contraire d’investir dans le nouvel aéroport de Daxing ?! Les dirigeants d’ADP sont mégalomanes et incompétents. Le terminal B de CDG II est en réfection depuis… plusieurs années !
FL350 a commenté :
25 juin 2020 - 12 h 55 min
ADP n’est certes pas en danger, ce sont les contribuables français qui le sont !
Bencello a commenté :
25 juin 2020 - 13 h 38 min
Sans limiter le débât à ADP, les taux de marge des aéroports ( 40% en moyenne) sont d’une indécence totale, là où les compagnies aériennes affichent 6% (20% pour Ryanair ou Wizzair).
Donc il est normal qu’en cas de coup dur, les aéroports soient mis à contribution.
Ils ont de plus la visibilité, beaucoup moins d’incertitude, un Business Model basé sur un monopole géographique.
"Monopole géographique"??? a commenté :
26 juin 2020 - 10 h 41 min
Il y a donc bien un monopole de fait…
Par principe de base, en ce qui me concerne: s’il y a monopole de quelques nature que ce soit, je préfère qu’il appartienne à l’Etat ( c’est à dire quand même à la collectivité), plutôt qu’à une poignée d’individus physiques ou moraux ( entreprises) tous privés qui s’en mettront autant sinon plus dans les poches.: il n’y a qu’à voir ce que ça a donné avec les réseaux d’autoroutes qui sont tous en situation de “, monopoles géographiques”
L’Etat n’est pas forcément bon gestionnaire? peut être, mais il est sous l’influence de nombreux freins quand il s’agit d’augmenter les prix ( d’où peut être le coté moins bon gestionnaire…)
le privé, surtout en situation de ,monopole, ne se prive ,pas d’augmentations régulières bien supérieures aux moyennes de leurs secteurs et aux moyennes globales: outre les autoroutes privées, regardez les évolutions des prix électricité et gaz entre autre au fil des dernières années..
Pour moi, cette messe est dite: je préfère l’Etat au privé dans ces situations monopolistiques!
Nathalie Lamborot a commenté :
26 juin 2020 - 8 h 28 min
Pourquoi l’ancien logo?