La compagnie aérienne El Al a suspendu ses vols réguliers jusqu’au 20 juin mais elle continue les vols de rapatriement et de fret – y compris un qui s’est posé hier en Turquie, une première depuis plus de dix ans. Elle est d’autre part à la recherche d’un emprunt garanti par l’Etat à hauteur de 400 millions de dollars, sans lequel sa survie serait menacée.
La compagnie nationale israélienne a reporté au 20 juin 2020 de la reprise de ses vols réguliers, ceux de la filiale Sun d’Or ne devant pas redécoller avant le 27 juin. Mais selon la chaine ITV Channel 13, des vols d’essai vers l’Europe pourraient être mis en place durant les deux prochaines semaines, des pilotes jusque là en congé sans solde ayant été rappelés pour « évaluer la demande ». Pas d’annonce officielle de la part d’EL Al, qui en revanche met en avant régulièrement des vols de rapatriement tel que celui parti le 24 mai de sa base à Tel Aviv-Ben Gurion vers Paris-CDG puis Londres-Heathrow (il sera répété mercredi) ; ou ceux affichés aujourd’hui et lundi prochain vers Hong Kong ou les 6 et 8 juin vers Bangkok. Tous sont opérés en Boeing 787 tri-classe, précise El Al dans un communiqué, et avec les restrictions d’usage dans les pays concernés.
Les vols de fret font également partie des activités de la compagnie aérienne, y compris celui opéré hier en Dreamliner vers Istanbul – la première fois qu’elle se posait en Turquie depuis plus de dix ans. Ce vol cargo, qui transportait du matériel sanitaire, sera répété deux fois par semaine. La liaison avait été opérée par El Al pour les passagers jusqu’en 2010 et l’incident de la flottille tentant de rompre le blocus de Gaza, lors duquel 9 militants avaient été tués ; depuis, seule Turkish Airlines l’opère, avec jusqu’à 10 rotations quotidiennes.
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Mais la crise sanitaire a aussi des effets financiers : son résultat annuel 2019 affiche une perte nette de 60 millions de dollars, 4 de plus que l’année précédente, malgré un chiffre d’affaires ayant gagné 2% à 2,18 milliards (et un trafic passager en hausse de 4%). Et au 31 décembre dernier, elle avait une trésorerie de 264 millions de dollars, insuffisante pour affronter les conséquences de la crise sanitaire – dont le remboursement des vols annulés.
El Al a bien sûr réagi, mettant 90% de ses employés en congé sans solde, réduisant de 20% le salaire de ses dirigeants, reporté le paiement de location pour certains avions et annulé deux contrats de leasing pour deux Boeing 737-800 attendus cette année (plus le sale and leaseback de trois autres), suspendu ou annulé des investissements, converti des appareils passagers au transport de fret… Et elle mène des négociations avec « des prêteurs et avec le ministère des Finances pour obtenir un prêt de 400 millions de dollars, dont la plupart seront couverts par une garantie de l’État », précise son communiqué.
Compte tenu de l’incertitude « quant à l’achèvement de cette assistance, indispensable pour permettre à la Société de faire face aux conséquences de la crise à ce stade », El Al « estime qu’il existe des doutes importants quant à sa pérennité ».
Selon le CEO Gonen Usishkin, El Al « est l’une des plus importantes victimes économiques israélienne de la crise du coronavirus, et pour cette raison, nous avons demandé au gouvernement israélien d’aider El Al, comme la plupart des pays du monde l’ont fait. Au cours des deux derniers mois, l’équipe de direction de la Société a travaillé sans relâche pour mettre en œuvre une série de mesures opérationnelles et financières visant à réduire les dépenses de la Société, à maintenir sa liquidité et à lui permettre de fonctionner » ; il rappelle qu’un programme de rationalisation a été mis en place « pour permettre à la Société d’opérer dans les années à venir et de retrouver sa rentabilité; cependant, ces mesures ne seront pas suffisantes sans le soutien du gouvernement israélien ».
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