Le développement du Mitsubishi SpaceJet va se poursuivre exclusivement au Japon, l’avionneur ayant décidé de fermer ses activités dans l’Etat de Washington. Des centaines d’emplois sont menacés.
Après avoir suspendu le développement de la deuxième version de son SpaceJet, le M100, l’avionneur japonais jette de nouveau le doute sur l’avenir du programme : sa maison-mère Mitsubishi Heavy Industries a annoncé le 22 mai 2020 vouloir « consolider toutes ses activités à Nagoya au Japon » et fermer ses opérations américaines, lancées en 2016 à Moses Lake pour mener à bien la campagne de certification (Boeing avait signé un accord portant sur le développement, le marketing et le service après-vente du monocouloir japonais).
Dans un courriel envoyé au Seattle Times, le porte-parole Jeff Donen a confirmé que la décision avait été prise « en raison des directives budgétaires », et que cela aura un impact « sur la majorité de nos employés aux Etats-Unis » (le détail sera fourni dans quelques semaines), le siège de Mitsubishi Aircraft à Renton étant lui aussi fermé et les essais en vol suspendus. Ces essais ont mobilisé jusqu’à 400 personnes, 200 autres étant employés chez AeroTEC à Seattle.
Les quatre M90 déjà sur place seront stockés sur place, un « petit nombre d’employés » devant les maintenir en état, tandis que le 5ème – le premier avec une configuration mise à jour selon le quotidien » – a déjà décollé mais restera à Nagoya. Lancé en 2008, l’avion avait effectué son vol inaugural en novembre 2015, mais en février dernier Mitsubishi avait de nouveau reporté son entrée en service au premier trimestre 2021 au plus tôt.
Concours pour baptiser cet avion: a commenté :
25 mai 2020 - 9 h 18 min
Je propose: L’ Arlésienne
Bencello a commenté :
25 mai 2020 - 9 h 58 min
On savait les japonais perfectionnistes mais là…
12 ans minimum pour un avion régional !! Avec un partenaire comme Boeing…
De quoi rappeler si nécessaire les difficultés de la conception de tels appareils.
petit rappel:
– COMAC C919 :au moins 5 ans de retard, avion aujourd’hui peu performant en vol
– BOMBARDIER Cseries: 2 ans de retard, coût du programme doublé, revendu à Airbus
– EMBRAER E2 : amélioration des appareils existants: 1 an de retard, difficultés financières, ventes faibles
-SUKHOI SUPERJET 100 : problèmes de fiabilité, de disponibilité
Quand je pense à toutes les start-up qui nous vendent des avions de rêve avec quelques images de synthèse et des technologies “révolutionnaires” alors que les constructeurs et motoristes établis depuis des décennies vivent tous à un moment ou à un autre des échecs lourds…
Délire a commenté :
25 mai 2020 - 11 h 20 min
Pour le Comac C919 el famoso “peu performant” bah oui ils sont toujours en train de le tester.
Pour le SSJ c’est surtout un problème d’approvisionnement en pièces détachés.
Et pour le partenariat avec Boeing il a été fait avant le Max (et puis faut arrêter de nous faire ce numéro ridicule cet avion s’adresse aux compagnies US qui de mieux que Boeing pour le vendre là-bas pour Mitsubishi qui n’a pas d’expérience ?)
Bencello a commenté :
25 mai 2020 - 14 h 33 min
– Quand il est fait état d’erreurs de calculs, de vibrations, c’est bien que l’appareil est “peu performant” La structure en elle-même est dépassée. https://www.reuters.com/article/us-china-aviation-comac-insight/chinas-bid-to-challenge-boeing-and-airbus-falters-idUSKBN1Z905N
– Dommage pour Sukhoi d’avoir “seulement” échoué à fournir des pièces détachées, si cela semble si facile (cf supply chain ).
– Quant au choix de Boeing, il va de pair avec celui, toujours risqué, d’un appareil pour un seul marché, fût-il américain.
Mais si vous voulez nous expliquer que la conception d’un appareil est à la portée de tout le monde, je vous laisse dans votre “DELIRE”.
Edrobal a commenté :
25 mai 2020 - 18 h 30 min
Tout fout le camp ! Les chinois ne savent plus copier.
anna stazzi a commenté :
25 mai 2020 - 21 h 40 min
+ 1
ha ha ha ! Impeccable.
Délire a commenté :
25 mai 2020 - 19 h 42 min
Je n’ai jamais prétendu donner des leçons de conceptions d’avions contrairement à votre commentaire et à celui des autres depuis quelques mois dès qu’il y a un sujet sur un autre constructeur qu’Airbus.
L’avion de Comac est encore en test donc hors sujet on s’en fous un peu de ses problèmes actuels on verra quand il sera sur le marché comment il se comporte.
SN, CityJet et l’opérateur mexicain se sont plaint du manque de pièces détachées (d’ailleurs chez InterJet un SSJ a été cannibalisé pour les autres) chez Sukhoï mais aussi pour le motoriste russe. Le nouveau projet russe se fera avec des moteurs P&W ça fera un problème de moins.
GVA1112 a commenté :
25 mai 2020 - 11 h 54 min
Hmm, ce COVID va achever ces avions ou les mettre dans une très grande difficulté. Sauf l’A220 qui a coulé Bombardier Aviation, mais qui est suffisamment bien implanté maintenant avec Airbus pour survivre (surtout qu’il a encore peu de challenger)!!
Embraer aurait pu survivre si Boeing n’avait pas trainé les pieds. Les brésiliens auraient eu un grand besoin de la force de vente de Boeing.
Inukshuk a commenté :
25 mai 2020 - 10 h 39 min
Sachant que la crise du Covid19 risque de considérablement affaiblir le marché pour ce type de module (et le pouvoir d’achat des clients survivants potentiels!), sachant que le plus gros des perspectives de ventes étaient aux USA grâce à la scope clause, sachant que Donald va encore plus axer sa démagogie sur le “made in USA” par des pratiques économiques discriminatoires, on peut se poser des questions sur l’avenir de cet avion…
Cette brillante réussite technologique japonaise se compare de plus en plus au “Deutsche Qualität” de l’aéroport de Berlin-Brandebourg!
Et en plus... a commenté :
25 mai 2020 - 11 h 03 min
…que la version M100 aujourd’hui mise à l’arrêt par le constructeur, était LA version exclusivement destinée à mettre l’avion dans la meilleure conformité avec la fameuse ScopeClause américaine, tout en permettant un aménagement bi-classe confortable et rentable pour les compagnies aériennes…
Bref: en reportant UFN cette version, Mitsubishi se ferme d’autant les portes d’un marché américain qu’il a ( avait) beaucoup de mal à conquérir.
Greg a commenté :
25 mai 2020 - 14 h 28 min
Si embraer arrive à sortir de cette période de crise sans trop de casse, ils seront presque en situation de monopole. Au moins pour un temps.
Ils formaient un duopole avec bombardier dans le régional, comme airbus/boeing à l’étage supérieur.
Et donc, bombardier n’est plus là…
Mitsubishi devait prendre la place. Leur M90 n’est pas au point bien sûr, mais ils font face à deux autres problèmes :
-Leur gamme n’est pas étoffée, pas possible de faire jouer des effets de famille pour des compagnies cherchant des capacités complémentaires.
-En repoussant le M100, ils n’ont plus d’appareil adapté aux scope clause us. Ce qui veut dire pas d’accès au premier marché mondial de jets régionaux.
Alors même que le e175e2 n’est pas adapté lui non plus.
Il était donc possible de prendre des parts de marché à embraer, qui n’a que les “vieux” e170/e175 a proposer pour les clauses. Les intentions de commande pour le M100 étaient donc très élevées d’après la presse ( 400 environ ).
Le SSJ n’est pas un mauvais avion, mais les Russes n’arrivent pas à fournir le support/approvisionnement.
Donc faibles possibilités pour les ventes hors de Russie.
Comme je l’ai dit dans une autre discussion, il mérite sans doute une motorisation plus récente. Et un projet de nouvelle aile était testé en soufflerie. Mais plus de nouvelles.
Enfin, je suppose que pour l’arj-21, les problèmes de soutient hors de Chine, et des performances moyennes, rendent sa situation comparable au SSJ.
Du coup, si je suis une compagnie qui recherche des jets régionaux, je n’ai pas trop le choix…
Wind Surf a commenté :
26 mai 2020 - 14 h 41 min
Bonjour,
Pourriez-vous expliquer ce qu’est la scope clause.
Je vous remercie
Exigence des syndicats PNT des compagnies majors us a commenté :
26 mai 2020 - 18 h 00 min
Lorsque les dirigeants des principales compagnies américaines, dites ” les Majors”, en gros Delta, American et United aujourd’hui, ont souhaité passer de gros contrats d’affrètement d’avions par dizaine auprès de compagnies-simples employeurs pourvoyeurs de moyens techniques ( les avions) et humains ( les équipages) qui proposaient de mettre à leur disposition des avions avec équipages inclus ( ces équipages étant salariés de ces compagnies là payés bien moins chers pour travailler plu d’heures de vol que chez les Majors, les syndicats des PNT des Majors ont fait blocus de peur que les grandes compagnies transfèrent le boulot vers les pourvoyeuses d’avion+ équipage, et que ce transfert ne se fisse au détriment de l’emploi, et/ ou des conditions de travail et/ou des revenus des PNT-salaries des Majors.
Ces syndicats PNT des Majors sont parvenus à imposer à leurs employeurs-Major respectifs des limitations aux affrètements :c’est la ScopeClause .En gros, cette clause limite le nombre de Siege et/ou le poids maximum des avions loués par les majors….Chaque compagnie Major à sa propre ScopeClause clause négociée en fonction de son propre reseau, mais pour schématiser, les appareils ne doivent pas dépasser 75 à 90 sièges .Au delà, les appareils doivent rester pilotes par les PNT salariés de la compagnie Major selon leurs propres conventions collectives.
la limitation en masse à pour but d’éviter que les majors ne puissent louer un avion plus gros avec équipage moins bien payé ( disons un 737 ou 320 ou 319 par exemple) auprès de ces compagnies-pourvoyeuses, au prétexte qu’il serait équipé d’un nombre moindre de sièges…mais avec plus d’espace entre les sièges…type tout business par exemple..
Aujourd’hui les petits jets vu leurs taille cabine ne permettent pas de proposer de manière économiquement optimale des appareils avec aménagements Eco+affaire.
Le spaces et M100 dont le développement à ete arrête par Mitsubishi etait justement optimise pour pouvoir répondre à cette demande spécifique du marché américain pour un module biréacteur régional passant sous la ScopeClause clause question masse , mais permettant un aménagemende la cabine avec Affaire+Eco, le tout “non compacté” , mais au maxi des ScopeClause clause nombre de pax ( donc nécessité d’une cabine plus longue) et toujours économique pour les compagnies.
Wind Surf a commenté :
27 mai 2020 - 16 h 31 min
Bonjour,
Merci beaucoup. Explication très claire.
Greg a commenté :
26 mai 2020 - 20 h 46 min
@Wind Surf
Pour résumer de façon plus brève:
Les trois grandes compagnies us ont chacune une filiale dans le domaine du vol régional.
Mais ces filiales sont en fait opérées par des compagnies régionales qui sont indépendantes, mais regroupées sous un nom de label : american eagle ou united express ou delta connection.
Ces compagnies indépendantes n’ont pas le droit d’opérer, sous ces labels, des avions de plus de 76 places et 39t de masse maximale au décollage.
C’est cette limite que l’on appelle scope clause.
Greg a commenté :
25 mai 2020 - 15 h 03 min
Sinon, c’est un peu hors sujet, mais je ne peux pas m’empêcher de faire des parallèles entre bombardier et fokker…
Dans les deux cas ce sont de bons constructeurs, avec de bons produits, couvrant la gamme des jets régionaux et celle des turbopropulseurs.
La fin est identique…