La pandémie de coronavirus menace plus de la moitié des revenus de passagers de 2020 selon l’IATA, qui a revu à la hausse son impact financier pour les compagnies aériennes : elle l’estime désormais à 314 milliards de dollars.
L’Association du transport aérien international (IATA), qui représente quelque 290 compagnies aériennes assurant 82% du trafic aérien mondial, a publié le 14 avril 2019 une analyse actualisée, selon laquelle la crise sanitaire causera une chute des revenus de ventes de billets passagers de 314 milliards $ en 2020, soit « un déclin de 55% comparativement à 2019 ». Fin mars, cette estimation était de 252 milliards $ (-44%), suivant un scénario de « restrictions strictes des voyages sur une période de trois mois ». Les chiffres mis à jour reflètent une aggravation notable de la crise depuis, souligne l’association dans un communiqué, et correspondent aux paramètres qui suivent :
- Restrictions importantes des voyages intérieurs durant au moins trois mois.
- Certaines restrictions des voyages internationaux prolongées au-delà de la période initiale de trois mois.
- Impact grave à l’échelle internationale, y compris en Afrique et en Amérique latine (où la maladie était peu présente au moment de l’analyse de mars et où on prévoyait un impact moindre).
La demande sur l’ensemble de l’année dans le secteur passagers (intérieur et international) devrait chuter de 48% par rapport à 2019, précise l’IATA. Les deux principaux facteurs de cette baisse sont :
- L’ensemble des développements économiques : le monde se dirige vers une récession. Le choc économique de la crise de la COVID-19 devrait se manifester de façon plus intense au deuxième trimestre, alors que le PIB devrait se contracter de 6 % (en comparaison, le PIB s’est contracté de 2 % au pire de la crise financière mondiale). Le trafic de passagers suit de près l’évolution du PIB. L’impact de l’activité économique réduite au deuxième trimestre entraînerait une baisse de 8 % du trafic de passagers au troisième trimestre.
- Restrictions de voyage : les restrictions de voyage vont accentuer l’impact de la récession sur la demande de transport aérien. Les répercussions les plus profondes devraient se manifester au deuxième trimestre. Au début d’avril, le nombre de vols était en baisse de 80% à l’échelle mondiale, comparativement à 2019, ce qu’on attribue en grande partie aux restrictions de voyage imposées par les gouvernements pour contrer la propagation du virus. Les marchés intérieurs pourraient voir une amorce de reprise au troisième trimestre, avec une première phase de levée des restrictions. Toutefois, les marchés internationaux seront plus lents à se rétablir, puisqu’il semble que les gouvernements vont maintenir ces restrictions de voyage plus longtemps.
« Les prévisions de l’industrie s’assombrissent de jour en jour. L’échelle de la crise rend improbable une reprise en V. De façon réaliste, ce sera une reprise en U, le trafic intérieur se rétablissant plus rapidement que les marchés internationaux. On pourrait voir disparaître la moitié des revenus de passagers. Cela représenterait un manque à gagner de 314 milliards $ », a déclaré Alexandre de Juniac, PDG de l’IATA. « Plusieurs gouvernements sont intervenus avec des mesures d’aide financières nouvelles ou renforcées, mais la situation demeure critique. Les compagnies aériennes pourraient débourser 61 milliards $ de réserves de trésorerie au deuxième trimestre seulement. Cela menace 25 millions d’emplois dépendant de l’aviation. Et sans aide urgente, plusieurs compagnies aériennes ne pourront survivre et contribuer à la reprise économique », a-t-il ajouté.
The aviation industry may not see pre-#COVID19 traffic volumes again before the end of 2021. Global passenger traffic will lose close to two-fifths (38.1%) as compared to the forecasted figure. Get more information: https://t.co/Ld3euKJrEs pic.twitter.com/MPJFLgGAxb
— ACI World (@ACIWorld) April 13, 2020
Côté financier, les gouvernements doivent selon l’IATA « inclure l’aviation dans leurs programmes de stabilisation ». Les compagnies aériennes sont au cœur d’une chaîne de valeur qui soutient quelque 65,5 millions d’emplois dans le monde : chacun des 2,7 millions d’emplois au sein des compagnies aériennes soutient 24 autres emplois dans l’économie.
« L’aide financière aux compagnies aériennes devrait aujourd’hui être une politique critique des gouvernements. Le soutien aux compagnies aériennes permettra de maintenir le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement durant la crise. Et l’aide donnera aux compagnies aériennes une chance de demeurer viables, et à l’avant-garde de la reprise en reliant les économies une fois que la pandémie sera endiguée. Si les compagnies aériennes ne sont pas prêtes, les méfaits économiques de la COVID-19 seront inutilement prolongés », ajoute M. de Juniac.
L’IATA propose plusieurs formes d’aide que les gouvernements pourraient envisager, y compris :
- Le soutien financier direct aux transporteurs de passagers et de fret pour compenser la réduction des revenus et les baisses de liquidités attribuables aux restrictions de voyage imposées dans le contexte de la COVID-19.
- Des prêts, des garanties de prêt et un soutien du marché des obligations de sociétés par les gouvernements ou les banques centrales. Le marché des obligations de sociétés est une source vitale de financement pour les compagnies aériennes, mais l’admissibilité des obligations de sociétés au soutien des banques centrales doit être élargie et garantie par les gouvernements pour assurer l’accès d’une plus vaste gamme d’entreprises à ce marché.
- Des allègements fiscaux : des remises sur les taxes sur la masse salariale payées en 2020 et une extension des modalités de paiement pour le reste de 2020, ainsi qu’un congé temporaire de taxes sur les billets et d’autres prélèvements gouvernementaux.
Edrobal a commenté :
15 avril 2020 - 13 h 18 min
Encore une fois de l’enfumage. Un manque à gagner n’est pas un coût net. Mais pour tendre la sébile, ils sont forts.
Lisez correctement! a commenté :
15 avril 2020 - 15 h 40 min
Rien que dans les deux/trois premiers paragraphes, il est dit et écrit plusieurs fois nqe les 314 milliards de $ étaient ” de la perte de revenus passagers” “du manque à gagner” et autres mots signifiant la meme chose…
Il n’y est PAS UNE SEULE FOIS afin mention de 314 milliards de pertes bilancielles…
Le soucis des compagnies aujourd’hui c’est pas le bilan… c’est l’épuisement de la trésorerie à vitesse V devant des sorties d’argent réelles au jour ile jour ou attendues prévisionelement dans les jours/semaines/mois à venir , sorties à mettre ben face de rentrées+/-=0: aucune entreprise de quelque nature ne peut survivre à cela bien longtemps…d’autant que l’on sait aussi que meme au redémarrage on ne retrouvera pas le trafic et donc les revenus d’avant…et que donc il ne s’agit pas seulement de “sauter par dessus le gouffre”, mais il faut aussi anticiper une rive opposée pleine d’ inconnues… Comment faire des prévisions crédibles alors?
Les compagnies essayent de s’adapter: mais croyez vous qu’il suffise qu’elles disent ” on va faire ça et ça “pour que ce soit possible et intéressant financièrement?
Elles vont rendre des avions aux loueurs? fort bien, mais à part les appareils arrivant justement maintenant en fin de contrat de location, en retourner d’autres signifie casser un contrat: croyez vous que les loueurs ( qui ont eux memes des avions en commande chez les constructeurs) acceptent cela sans indemnités? ou revoient à la baisse les loyers ( qui sont aussi les revenus des loueurs) sur simple demande des compagnies?
Elles annulent des commandes d’avions: fort bien, mais si ce sont des avions pour être livrés dans 4/5 ans, il se peut que la pénalité d’annulation soit assez faible ( mais ce qui aura déjà été versé sera perdu), mais s’il s’agit d’appareils prévus livrés dans quelques mois, le constructeur n’acceptera pas sans TRES FORTE pénalité financière MAINTENANT , juste au momentboù les compagnies cherchent à baisser leurs sorties d’argent… et tout est comme cela: donc oui, les fins de mois prochains vont être quasi insurmontables pour toutes les compagnies