David Calhoun prend ce lundi ses nouvelles fonctions de Président et CEO de Boeing, remplaçant Dennis Muilenburg qui avait démissionné à la veille de Noël en pleine crise du 737 MAX. La production du 787 Dreamliner pourrait être encore réduite à dix avions par mois.
Ce 13 janvier 2020 voit la gouvernance du constructeur américain officiellement changer de tête : comme annoncé le 23 décembre, l’ancien chairman de Boeing David L. Calhoun en prend les rênes, tout en restant présent dans le Conseil d’administration où Lawrence W. Kellner le remplace. Avec pour première mission de redonner confiance dans le 737 MAX, cloué au sol depuis mars dernier suite à deux accidents en cinq mois qui ont fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines, et dont la production est suspendue. Les quelque 400 MAX livrés il y a dix mois, et les 400 autres assemblés depuis, attendent toujours la certification par la FAA de la mise à jour du logiciel anti-décrochage MCAS (mis en cause dans les deux accidents), probablement durant ce premier trimestre 2020. Et ce si les nouveaux problèmes dénoncés (câblage, manque d’isolant anti-foudre) ne créent pas d’obstacle supplémentaire au retour dans les airs du monocouloir remotorisé.
Côté formation des pilotes, Boeing a finalement changé d’avis la semaine dernière et recommandé un passage obligatoire en simulateur de vol. Selon Forbes qui continue d’éplucher les cent pages de messages internes transmis par Boeing aux autorités, une des premières « victimes » de sa campagne initiale contre le principe était justement le groupe indonésien Lion Air : un mois après l’entrée en service du 737 MAX chez sa filiale Malindo, la low cost (428 commandes) avait posé des questions sur une formation additionnelle à celle passée pour les 737NG, misant sur 24 heures de cours et un passage sur simulateur. « Je crains que si (Lion Air) choisit d’exiger un simulateur MAX pour ses pilotes au-delà de ce que tous les autres régulateurs exigent, cela créera un fardeau de formation difficile et inutile pour votre compagnie aérienne, ainsi que pourrait potentiellement créer un précédent dans votre région pour les autres clients MAX », a déclaré le pilote technique en chef du Boeing 737, Mark Forkner (les noms ont été caviardés dans l’e-mail). Deux jours d’échanges entre lui et la low cost auraient eu raison de ses réticences initiales, mais un chat entre Forkner et un pilote de Boeing non identifié précise : « Maintenant, ces foutus [Lion] pourraient avoir besoin d’un sim pour piloter le MAX, peut-être à cause de leur propre stupidité. Je me démène pour essayer de trouver comment démerder ça maintenant! Idiots ».
La famille 787 Dreamliner, affectée par des problèmes de moteurs indépendants de Boeing, présenterait un autre problème cette fois financier : selon le CEO de la société de leasing ALC John Plueger cité par Airlinerwatch, l’avionneur pourrait être contraint de réduire à dix par mois le rythme de production de son long-courrier vedette. L’avionneur avait déjà annoncé en octobre dernier un ralentissement de la cadence de 14 à 12 exemplaires par mois à la fin de cette année et pendant deux ans, afin de refléter principalement l’absence de commandes en Chine – liée à la guerre commerciale avec les USA. Le dirigeant estime que cette prévision sera difficile à tenir sans nouvelle commande venue de Chine, le meilleur client des 787 avec les Etats-Unis. Boeing devait encore livrer 569 Dreamliner à la fin novembre.
allan0350 a commenté :
13 janvier 2020 - 9 h 41 min
Et finalement, qui a été l’idiot dans l’histoire?
Ne pas oublier cet adage: le client est toujours roi!
rv2lyon a commenté :
13 janvier 2020 - 10 h 14 min
Et ben si maintenant les emails ou SMS internes dans lesquels on tape sur les clients passent dans la presse…
Le 787 arrive lui aussi dans une phase de crise et la confiance de Boeing dans son avion est limitée aussi. Il y a sur le rythme actuel, 4 ans de production pour livrer ce qui est en commande. En 4 ans, même avec un blocage de la Chine, il devrait y avoir des commandes sauf si les commerciaux de Boeing ont eux des messages contraires.
MERMOZ a commenté :
13 janvier 2020 - 15 h 05 min
RV2LYON
Ce n est que le début….
https://www.journal-aviation.com/actualites/43643-notre-arrogance-nous-perdra-boeing-decrit-de-l-interieur-par-des-salaries
A330 neo a commenté :
13 janvier 2020 - 10 h 45 min
Le plus grave est que Boeing a des problèmes avec tout ca gamme 737max 787 et 777x
Bencello a commenté :
13 janvier 2020 - 11 h 24 min
Je ne suis pas inquiet pour le programme 787, qui reste un avion très performant pour les clients, si RR se sort des problèmes techniques (qui datent d’un certain temps quand même).
Le conflit avec la Chine semble en voie de résolution, et les commandes devraient arriver.
En revanche, le côté “financier” du nouveau patron n’incite pas à une reprise de la confiance.
Depuis des années l’état d’esprit s’est instillé chez Boeing, que la FAA n’est qu’un emmerdeur et que de toute façon, quelle que soit la qualité de la conception, l’avion sera autorisé à voler.
La remise en route des équipes de conception et leur suffisance, risque d’être longue.
La découverte, la correction des légèretés passées prendra du temps, et la confiance des compagnies clientes ne disparaitra pas rapidement.
Tim a commenté :
13 janvier 2020 - 11 h 37 min
Avant les avions étaient développés de façons plus artisanale, on avait des avions meilleurs et plus rapides à développer, mais avec l’informatique on est passé du concret à de l’abstrait, les ingénieurs ne fabriquent plus, il utilise des logiciels qui leur dictent comment fabriquer un avion, or un logiciel peut il imaginer la résistance précise d’un avion entier, vu que ce dernier est fait de 2 ou 3 millions de pièces?
Grinch' a commenté :
13 janvier 2020 - 11 h 45 min
Plus les semaines passent et plus je suis de plus en plus persuadé que non seulement le 737 Max ne revolera pas, mais surtout que la division “avions commerciaux” de Boeing va finir par disparaître.
Ce ne serait pas la première fois qu’un grand constructeur d’avions civils, qu’on pensait invulnérable, finirait par disparaître (Douglas puis MDD), éventuellement en dissociant ses branches avions commerciaux et les autres (Lockheed, suite au Tristar)…
Ceci n’est que mon opinion, celle d’un passionné d’aviation mais non spécialisé dans les finances des grands groupes aéronautiques (je dis cela avant que nombre d’entre vous me tombent sur le râble pour m’expliquer le contraire).
Mais... a commenté :
13 janvier 2020 - 22 h 41 min
Oui les États-Unis sans constructeurs d’avions civil du jour au lendemain vachement credible…
Le Max finira par révolver et Boeing va rester dans l’aviation commerciale Madame Irma Eco +
Tim a commenté :
13 janvier 2020 - 11 h 51 min
On a vu le niveau chuter dans les années 2000 et encore plus dans la décennie suivante.
Le 787 a pris des années de retards, l’a350 a subi des reconfigurations répétées et l’a380 des problèmes de productions encore à cause d’un logiciel.
Les années 2010 ont enfoncé le clou avec les remotorisations d’anciens avions.
Le 737max une catastrophe industrielle à cause d’un logiciel.
Le 777x trop fragile pour voler, les logiciels n’ont bien sur rien détecté.
L’a320neo a été lancé car Airbus était embourbé dans l’a380 et l’a350 et ne pouvait rien lancer de nouveau, donc on va dire que c’était valable, mais reste que si Boeing avait lancé un nouvel avion en 2011-2012, l’a320neo aurait juste donné quelques années de répit, et qu’une fois à la fin de la décennie avec l’abandon de l’a380 et la mise en service de l’a350 il aurait pu relancer un nouveau programme monocouloir.
Mais quand Boeing a lancé le max j’ai compris que l’a320 avait encore de beaux jours.
L’a330neo quand on regarde bien n’était pas nécessaire, Airbus pouvait développer un a350 raccourci et moyen courrier, en étant 5 mètres moins long qu’un a350-900, il aurait la capacité d’un a330-300, et avec un masse limitée à 230 tonnes aurait une autonomie de plus de 12 000 km. Avec cet avion pouvait étoffer la famille a350 d’une version de plus et cesser de dépendre de l’a330, qui est un descendant du vieil a300.
Filoustyle a commenté :
13 janvier 2020 - 14 h 19 min
On assiste à la décadence de l’Amérique
Dépassé dans l’aéronautique et les voitures par l’Europe = guerre économique
Dépassé dans les communications (5G) et l’informatique par l’Asie = guerre économique
Dépassé dans l’industrie manufacturière par l’Asie et l’Amérique latine = guerre économique
Les États Unis nous ont imposé le capitalisme en mettent en place des règles du jeux que eux seul doivent gagné les États Unis ne supporte pas de perdre.
Les États Unis c’est 330 années d’existence 250 années de guerre je me réjouis de voir cette dictature petit à petit s’effondrer ?
Eole16 a commenté :
13 janvier 2020 - 17 h 47 min
Merci à Mermoz pour le lien.
Ce qu’on peut y lire est édifiant. Et inquiétant.
Manifestement la sérénité dans le travail n’est pas de mise dans cette entreprise.
Boeing n’est certainement pas la seule firme dans ce cas.
Nous voyons là les conséquences de la prise de pouvoir des financiers dans les entreprises. Perte de savoir faire,régression du niveau technique etc (cf EPR)
Sûr qu’en aéronautique les conséquences sont gravissimes. Une voiture qui tombe en panne, c’est gênant. Mais un avion qui tombe, c’est tragique.
Reste au moins deux questions :
Le 737 MAX revolera-t-il ?
Si oui, les passagers voudront-ils bien y monter?
En ce qui me concerne je “fouetterais” un peu.