L’accident mercredi d’un avion de la compagnie aérienne Ukraine International Airlines (UIA) peu après son décollage de Téhéran a fait 176 morts selon un bilan revu à la hausse. L’Iran refuse d’envoyer les deux boîtes noires aux Etats-Unis, qui devraient normalement participer à l’enquête puisqu’un Boeing est impliqué.

Le 737-800 de la compagnie national ukrainienne assurant le vol PS752 entre l’aéroport de Téhéran-Imam Khomeiny et sa base à Kiev-Boryspil avait décollé peu après 6 heures du matin le 8 janvier 2020, avec environ une heure de retard. Il s’est écrasé quelques minutes après son départ dans un champ à une quinzaine de kilomètres de l’aéroport, tuant les 176 passagers (dont le plus jeune était né en 2018) et membres d’équipage ; les débris de l’appareil étaient éparpillés sur environ 300 mètres. Ukraine International Airlines a mis à jour la liste des victimes, qui fait état de la présence à bord de 11 Ukrainiens (dont les neuf membres d’équipage), 82 Iraniens, 63 Canadiens, 10 Suédois, sept Afghans et trois Britanniques. Selon le Premier ministre canadien, 138 des passagers devaient prendre une correspondance à Kiev vers Toronto ; parmi les victimes, 27 étaient originaires d’Edmonton. D’après certaines sources, deux passagers « non ukrainiens » ne se seraient pas présentés à l’embarquement.

La compagnie aérienne a exprimé « ses plus sincères condoléances aux familles des victimes du crash aérien, et fera tout son possible pour soutenir les proches des victimes ». Elle a fourni des détails sur l’équipage, composé de trois pilotes : le commandant de bord Volodymyr Gaponenko (11.600 heurs de vol sur 737, dont 5500 en tant que commandant de bord), le pilote instructeur Oleksiy Naumkin (12.000 heures de vols sur 737, dont 6600 en tant que commandant de bord), et le copilote Serhii Khomenko (7600 heures de vol sur 737). Lors d’une conférence de presse à Kiev, le VP Opérations d’Ukraine International Airlines Igor Sosnovsky a déclaré qu’une erreur de pilotage était « improbable : nous savons que l’avion avait atteint une altitude de 7874 pieds (…), et étant donné l’expérience des pilotes, il est très difficile de dire que l’accident pourrait être lié à eux ». Il a précisé que l’aéroport de Téhéran était « tout sauf simple » pour les pilotes, et qu’UIA l’utilisait « depuis des années » pour évaluer ses PNT y compris en cas d’urgence.

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Le 737-800 immatriculé UR-PSR qui s’est écrasé hier avait été livré neuf en juin 2016, et selon UIA sa dernière opération de maintenance remontait au lundi 6 janvier. Les autorités iraniennes ont confirmé hier avoir récupéré l’enregistreur des données de vol (FDR) et l’enregistreur des voix du cockpit (CVR) du vol PS752. Mais au vu des tensions avec les USA ces derniers jours (assassinat d’un général iranien, volée de missiles sur deux bases irakiennes), la coopération dans l’enquête s’annonce mal : le directeur de l’aviation civile iranienne Ali Abedzadeh a déclaré selon les médias locaux « nous n’enverrons pas les boîtes noires au constructeur et aux Etats-Unis ». Avant d’ajouter qu’il ne savait pas où seront analysés les deux enregistreurs, mais que « les Ukrainiens peuvent participer à l’enquête ». Kiev a d’ailleurs annoncé hier l’envoi d’une équipe en Iran.

Les conjectures sur l’origine du crash continuent malgré l’absence d’information : Qassem Biniaz, porte-parole du ministère iranien des Transports, a très tôt déclaré à IRNA qu’un incendie avait frappé l’un des moteurs ; le pilote de l’avion aurait ensuite perdu le contrôle de l’avion, l’envoyant s’écraser au sol. Selon les médias locaux, aucun appel de détresse n’aurait été reçu par le contrôle aérien. Et si une photo censée montrer un débris de missile trouvé sur les lieux du crash circule sur les réseaux sociaux, la communauté occidentale du renseignement écarterait initialement tout tir de missile contre l’avion d’UIA : selon un agent canadien cité par Reuters, le 737-800 aurait souffert d’une « panne technique » (on rappellera les dégâts causés par l’explosion d’un moteur sur l’A380 de Qantas en 2010). Il ne faut toutefois par écarter « jusqu’à preuve du contraire » la possibilité d’un évènement similaire au vol MH17 (777-200ER de Malaysia Airlines abattu au-dessus de l’Ukraine en 2014), affirme de son côté OPS qui surveille les risques de l’aviation, tandis que l’ancien chef de la sécurité à l’aéroport de Tel Aviv Zeev Sarig a expliqué à l’agence RIA qu’il était également possible qu’une bombe « avec détonateur réglé pour une certaine altitude » ait été placée à bord.

Une nouvelle vidéo censée représenter le crash a été diffusée hier sur les réseaux sociaux :

https://twitter.com/BabakTaghvaee/status/1214992023838691330

Crash d’UIA en Iran : l’enquête risque d’être compliquée 1 Air Journal

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