Mitsubishi Heavy Industries a acquis pour 550 millions de dollars le programme d’avions régionaux CRJ, le dernier avion régional officiellement produit par Bombardier devant être « mis à mort » au deuxième semestre de l’année prochaine au profit du SpaceJet de l’avionneur japonais. Le Canadien se concentrera exclusivement sur l’aviation d’affaires.
Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Bombardier Inc. ont annoncé le 25 juin 2019 avoir conclu une entente définitive en vertu de laquelle MHI fera l’acquisition du programme d’avions régionaux de Bombardier pour une contrepartie en espèces de 550 millions $ US ; MHI assumera également des passifs d’un montant approximatif de 200 millions $ US. En vertu de cette entente, MHI fera l’acquisition des activités de maintenance, de soutien, de remise à niveau, de marketing et de vente relatives aux avions CRJ Series, y compris les activités du réseau de service et de soutien situées à Montréal au Québec, à Toronto en Ontario, à Bridgeport en Virginie-Occidentale et à Tucson en Arizona, ainsi que les certificats de type. Les activités acquises « sont complémentaires des activités existantes de MHI liées aux avions commerciaux, et tout particulièrement au développement, à la production, aux ventes et au soutien des avions commerciaux de la gamme Mitsubishi SpaceJet. Les capacités d’ingénierie et de maintenance du programme CRJ viendront améliorer les fonctions essentielles de soutien à la clientèle, un domaine d’activité stratégique pour MHI dans la poursuite de sa croissance à l’avenir », souligne Bombardier dans son communiqué.
Bombardier conservera le site de production d’avions CRJ à Mirabel, au Québec, et continuera à fournir des composants et des pièces de rechange ; il « construira les avions CRJ du carnet de commandes actuel » pour le compte de MHI. La production des avions CRJ devrait s’achever au cours du second semestre de 2020, une fois livrés les avions du carnet de commandes actuel (51 CRJ900 au 31 mars 2019, attendus entre autres par Chorus pour Air Canada, les compagnies aériennes régionale opérant pour le compte d’American Airlines ou Delta Air Lines, ou Uganda Airlines) ; le CRJ550 annoncé en février, et dont United Airlines devait être compagnie de lancement, n’est pas évoqué dans le communiqué.
Bombardier conservera également certains passifs représentant une partie des garanties de crédit et de valeur résiduelle totalisant environ 400 millions $ US. Ce montant « est fixe et ne dépend pas des fluctuations futures de la valeur des avions, et il est payable par Bombardier au cours des quatre prochaines années ». La transaction devrait être conclue au cours du premier semestre de 2020, et reste soumise à l’approbation des autorités réglementaires et aux conditions de clôture habituelle ; l’entente « prévoit des frais de rupture de négociations payables par MHI dans certaines circonstances ».
MHI est maintenant « en position de transformer et de mener le secteur mal desservi des jets régionaux, avec des services de soutien à la clientèle renforcés », explique encore Bombardier, pour qui cette vente constitue « une étape majeure dans la stratégie de MHI d’étendre ses activités d’avions à l’échelle mondiale en ciblant l’Amérique du Nord à moyen terme », cible déclarée de la nouvelle famille Spacejet. Pour l’avionneur canadien, elle signifie l’achèvement de la transformation des activités aéronautiques de Bombardier et son recentrage sur l’aviation d’affaires, après avoir cédé les CSeries à Airbus et les QSeries à Longview Aviation Capital.
Seiji Izumisawa, président et chef de la direction de Mitsubishi Heavy Industries Ltd. a commenté dans le communiqué : « Comme nous l’avons souligné lors du récent Salon aéronautique de Paris, nous travaillons assidument pour nous assurer de fournir aux compagnies aériennes un nouveau potentiel de rentabilité et établissons une nouvelle norme en expérience passager. Cette transaction constitue l’une des étapes les plus importantes de notre direction stratégique visant à bâtir de solides capacités mondiales en aviation. Elle augmente nos efforts en nous dotant de fonctions aéronautiques de calibre international et complémentaires comprenant la maintenance, la réparation et la révision, l’ingénierie et le soutien à la clientèle ». Le dirigeant ajoute que le programme CRJ « est soutenu par des individus de grand talent. En plus de nos ressources et notre infrastructure existantes au Japon, au Canada et ailleurs dans le monde, nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une stratégie efficace qui contribuera au succès futur de la gamme Mitsubishi SpaceJet. L’histoire de MHI au Canada dure depuis des décennies et j’espère que cette transaction résultera en l’expansion de notre présence dans ce pays, et représentera une étape importante de notre stratégie de croissance ».
Alain Bellemare, président et chef de la direction de Bombardier Inc., se dit « très heureux d’annoncer cette entente, qui représente la dernière étape de la transformation de Bombardier dans le secteur aéronautique. Nous sommes convaincus que l’acquisition du programme par MHI est la meilleure solution, tant pour nos clients que pour les employés et les actionnaires de Bombardier. Nous allons assurer une transition en douceur et ordonnée une fois les approbations réglementaires obtenues ». La transformation du secteur aéronautique des Canadiens « étant derrière nous, la voie que nous devons suivre est maintenant claire. Nous avons une vision pour l’avenir », a-t-il poursuivi ; cet avenir « reposera sur deux piliers de croissance solides : Bombardier Transport, regroupant nos activités de transport sur rail d’envergure mondiale, et Bombardier Aviation, regroupant nos activités d’avions d’affaires de calibre international avec des produits établissant les normes sur leur marché et une expérience client inégalée ».
Lors du Salon du Bourget, Mitsubishi et un « client nord-américain potentiel » avaient annoncé un protocole d’entente en vue de l’ouverture de négociations officielles sur 15 SpaceJet M100, dont les livraisons commenceront en 2024. Le constructeur japonais estime à 5137 appareils le marché des jets régionaux sur vingt ans, dont 39% dédiés au seul marché nord-américain où environ 1800 sont en service (dont près de 1100 âgés de plus de 12 ans). Entre la fin de la production des CRJ fin 2020 et l’entrée en service du M100, Embraer sera donc seul au monde et en particulier aux USA sur ce marché.
Rame a commenté :
26 juin 2019 - 10 h 55 min
Quel dommage de voir disparaitre cet avion que j’appréciais beaucoup malgré ses contraintes au niveau de la cabine …. Sa forme originale qui va disparaitre au fil du temp va rendre l’aviation de plus en plus fade…
Nico a commenté :
26 juin 2019 - 11 h 21 min
Cet avion était sympa mais peu fiable. Bcp de problèmes chez hop avec celui ci. Ce n’est pas un avion prévu pour enchaîner les décollage et atterrissage comme un 320 ou 737. Sa configuration est affaire pas civil
NDR a commenté :
26 juin 2019 - 11 h 53 min
Oh quel dommage Bombardier aurait du faire l’inverse lui acheter le MRJ et lui vendre sa branche rail ou opérer une fusion.
une autre notion de la concurrence... a commenté :
26 juin 2019 - 12 h 25 min
Si l’on considère les nombreuses années d’essais en tout genre ( dont ceux en vol) qui ont été nécessaires à ce stade pour “mettre au point chez MHI un avion-conception-maison” qui n’est..toujours pas au point, et le nombre de fois où il a fallu reprendre des fondamentaux de Conception/développement/construction suite à ces essais, on comprend que cet MRJ est tout pour MHI sauf un long fleuve tranquille…et du coup, que ça refroidit également bon nombre de compagnies ( hors Japon)- potentiellement acquéreurs…Cet appareil aurait eu les plus extrêmes difficultés à s’imposer commercialement face à la concurrence…
Supprimer purement la concurrence en tuant les produits est une tactique radicale!
guillaume a commenté :
26 juin 2019 - 20 h 55 min
Vous ne connaissaient pas le dossier.
Ils ne tuent pas la concurrence. C’est elle qui se saborde.
C’est bombardier qui tue le CRJ (Programme qui est maintenant déficitaire) en récupérant au passage quelques centaines de millions nécessaires au financement de l’A220.
Mitsubishi ne voulait pas du CRJ, ils voulaient la maintenance amerique du nord et le groupe ingénierie, qui travaillera maintenant pour la certification du MRJ. C’est bombardier qui leur a imposé le CRJ quand ils ont annoncés qu il n y aurait pas de cherry picking, mais qu ils devaient tout prendre.
atc.gp a commenté :
27 juin 2019 - 6 h 51 min
Dire qu’il y a quelques mois Bombardier accusait Mitsubishi d’espionnage industriel et ce dernier accusait le canadien de tout faire saborder son programme de certification….
guillaume a commenté :
27 juin 2019 - 17 h 47 min
Cela fesait partie des negos.
Ils voulaient que Mitsubishi paie pour ça, et pour cela ils devaient empêcher mitsu de débaucher son personnel.
Bergeron a commenté :
15 août 2019 - 1 h 03 min
Le gouvernement du Québec devrait demander un remboursement de la subventions