C’est avec inquiétude que les professionnels du voyage ont accueilli l’annonce d’Amazon de vendre des billets d’avion, craignant l’arrivée du géant de la distribution en ligne dans un secteur déjà très concurrentiel et ankylosé par l’absence de marge.
Pour le moment, Amazon propose des billets d’avion uniquement sur www.amazon.in, sa version localisée en Inde. Les offres sont fournies par l’agence de voyage indienne Cleartrip, et seuls des liaisons intérieures opérées par des compagnies locales comme Vistara, GoAir, SpiceJet, Indigo, etc. au départ des six grands aéroports du pays sont disponibles sur Amazon.in. Pour son lancement, Amazon accorde un crédit d’environ 5 € pour une réservation de plus de 100 €, un crédit de 10 € entre 100 € et 260 € d’achat et 20 € au-delà, en plus de 5 € supplémentaires pour les membres Amazon Prime.
Mais que vient faire le géant de la distribution mondiale, qui pèse plus ou moins 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière (Nasdaq), sur le marché de la vente de billets d’avion ? Un secteur où la marge s’est rétrécie comme peau de chagrin depuis 2005, date à laquelle les compagnies aériennes, menées par IATA (Association internationale du transport aérien), ont arrêté de verser des commissions sur les billets d’avion vendus par les voyagistes. Depuis, le modèle économique des agences de voyage passe par des frais d’acte pour la réservation, l’assurance d’annulation, les locations de voiture ou encore les réservations d’hôtel.
Alors, quel est le modèle économique d’Amazon sur ce marché à la marge quasi-inexistante ? En fait, le site marchand n’a pas réellement besoin de gagner de l’argent sur un billet vendu. Son objectif est de parvenir à tout proposer en ligne, de la brosse à dent au smartphone dernier cri en passant par un micro-onde ou encore… un billet d’avion. A terme, on pourra tout acheter sur Amazon qui deviendra alors le portail indispensable du commerce mondial. “Ravis par l’expérience d’achat, les clients demandent de plus en plus de services supplémentaires offerts par Amazon“, explique ainsi le site marchand à notre confère TourHebdo.
“Quelque part, Amazon est un méta-moteur de recherche pour tout type d’inventaire avec une fidélisation du client et une commande d’achat facile. De nombreux utilisateurs à la recherche d’un produit ont déjà opté pour une recherche sur Amazon plutôt que sur Google, et ils pourraient éventuellement faire de même pour les billets d’avion et éventuellement pour d’autres types de services“, analyse Dennis Schaal du cabinet de marketing américain Skift. Et Bourses des Vols, un voyagiste majeur du marché français, d’ajouter : “Le vol sec est une “commodité” à très faible marge mais stratégique pour tenir sa place de marché. Qu’on soit vendeur de brosses à dents électrique ou bien croisiériste. Toujours répondre oui au client, même pour un vol domestique. Ce même client, peut, une fois entrer dans le fichier client, devenir un consommateur fidèle. Le vol sec est un produit d’attachement“.
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