Le PDG de Boeing Dennis Muilenburg a déclaré hier que les deux crashes de 737 MAX étaient en partie dus aux actions des pilotes, le système anti-décrochage MCAS n’étant qu’un des maillons dans la chaine d’évènements. La mise à jour du logiciel devrait faire l’objet d’un dernier vol d’essai d’ici la fin de la semaine prochaine, ouvrant la voie à une éventuelle certification par la FAA – et un retour dans les airs des monocouloirs remotorisés.
S’adressant à la presse le 29 avril 2019 à Chicago à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires, M. Muilenburg a de nouveau défendu le processus de certification du système MCAS, et souligné que sa responsabilité dans les accidents des 737 MAX Lion Air et Ethiopian Airlines (346 victime au total en cinq mois) n’était qu’un maillon dans la « chaine d’évènements ». Et il a déclaré que dans les deux cas, les pilotes n’avaient pas « complètement suivi » les procédures prévues en cas de dysfonctionnement du MCAS, citant la « runaway stabiliser checklist » qui liste les actions à suivre par les pilotes.
Le dirigeant a toutefois répété que le système anti-décrochage allait être amélioré, même si l’examen par Boeing de sa conception d’origine et de sa certification avait confirmé qu’elles étaient « conformes à nos normes ». « Nous n’avons pas vu de glissement technique ni de lacune en termes de conception fondamentale ou de certification », a déclaré Dennis Muilenburg, tout en reconnaissant des « possibilités d’amélioration » du MACS ; il est « de notre responsabilité d’éliminer ce risque et nous savons comment le faire ». Le dirigeant a en tout cas conservé son poste suite à l’AG, les actionnaires rejetant une motion sur la séparation des titres de Président et de Directeur Général ; « Mon intention claire est de continuer à être à l’avant-garde de la sécurité, de la qualité et de l’intégrité », a-t-il déclaré.
Un porte-parole du constructeur a précisé hier qu’un vol d’essai avec le logiciel mis à jour allait être effectué « cette semaine ou la semaine prochaine », espérant que sa certification par la FAA suivra dans les jours suivants. 146 vols d’essai ont été menés depuis l’immobilisation des 737 MAX à la mi-mars, mais leur retour dans les airs dépendra non seulement du régulateur américain, mais aussi de ceux des neuf régulateurs étrangers (dont ceux de l’Europe, du Canada, de Chine, du Brésil, de Singapour ou des Emirats Arabes Unis) conviés à participer au Joint Authorities Technical Review qui se réunira le 23 mai. Cette commission est dirigée par l’ancien du NTSB Christopher Hart, avec pour objectif de « s’assurer de la sécurité du 737 MAX » et fournir une « réponse uniforme » pour « répondre au besoin croissant de la mondialisation (…) parce que ces avions sont partout ».
On retiendra aussi de la journée de lundi la mise au point de Boeing sur les allégations du Wall Street Journal concernant les alarmes optionnelles des 737 MAX de la low cost Southwest Airlines. Boeing « n’a pas désactivé intentionnellement ou autrement » l’alarme AOA Disagree Light, qui est liée de toute façon à l’optionnel AOA Indicator – qui n’avait pas été choisi par Southwest, Lion Air ou Ethiopian Airlines. Le constructeur rappelle au passage que « les indicateurs de vitesse, d’attitude et d’altitude de l’air, ainsi que le vibreur de manche, sont les principaux indicateurs d’information de vol du poste de pilotage. Toutes les actions des pilotes, listes de contrôle et formations recommandées sont basées sur ces indicateurs principaux, et non sur (les deux alertes optionnelles) ». Quand le 737 MAX rentrera en service « en toute sécurité une fois les modifications apportées au logiciel approuvées et certifiées », tous les MAX produits disposeront de l’AOA Disagree Light « activée et utilisable, ainsi que d’un indicateur d’incidence en option ». Tous les clients possédant déjà des avions MAX « auront la possibilité d’activer l’alerte de désaccord via un bulletin de service aux compagnies aériennes ».
La FAA a de son côté émis une nouvelle directive (AD) sur les 787 Dreamliner, déjà affectés par des problèmes de moteurs : elle a été provoquée par des rapports faisant état de fuites hydrauliques causées par des dommages causés aux actionneurs des ailerons et des élévateurs par la foudre. Cette AD nécessite « une inspection ou une vérification des rapports pour inspecter certaines pièces, des inspections détaillées des unités de commande de puissance (PCU) des ailerons et des élévateurs, ainsi que des mesures applicables sur site » ; elle a été publiée « pour remédier à la situation dangereuse » de ces appareils, avec une date d’application au 3 juin.
NDR a commenté :
30 avril 2019 - 7 h 19 min
“sur les allégations du Wall Street Journal concernant les alarmes optionnelles des 737 MAX..”
Oh ! y a de la tension dans l’air cette semaine 😀
vol de nuit a commenté :
30 avril 2019 - 7 h 58 min
“continuer à être à l’avant-garde de la sécurité, de la qualité et de l’intégrité” … toujours cette suffisante arrogance américaine. Il y a eu 350 morts pourtant.
On ne peut plus cynique.
Cela rappelle furieusement les cinq années de retard du 787 avec la chargée de com’ de Boeing qui annonçait chaque semaine “everything is under control”…
rv2lyon a commenté :
30 avril 2019 - 8 h 04 min
Je ne pense pas que rester droit dans ses bottes quad tout le monde va dans le sens contraire soit la meilleure des défenses. Accuser en plus les pilotes alors que Boeing disait qu’il n’y avait pas de différence de pilotage avec les NG, c’est dire que ces pilotes étaient de toute façon dans ce cas, ils auraient aussi dû s’écraser avant sur des NG.
Tout montre que Boeing et la FAA ont pêché par orgueil et réactivité commerciale face à Airbus. C’est navrant que des passagers continuent de mourir à cause de personnes peu scrupuleuses et merchantiles qui se cachent derrière le bien de tous. Alors certes, je suis persuadé qu’aucun d’entre eux ne pensait que cela pourrait arriver un jour, mais tous les grands accidents arrivent ainsi. A force de tirer sur la corde en disant que cela n’arrivera pas, elle casse.
Olive a commenté :
30 avril 2019 - 14 h 48 min
Très mauvaise stratégie de communication, alors même que la responsabilité des pilotes dans les 2 accidents n’est pas engagée (Lion air et Ethiopian). Les boîtes noires attestent que, jusqu’au dernier moment, les équipages ont appliqué les modes opératoires à leur disposition.
Que dire de la responsabilité du constructeur qui conçoit un avion dont les nouveaux réacteurs déséquilibrent le centre de gravité, qui rend “optionnels” et payantes des alertes qui assurent la sécurité de l’avion, qui minimise sciemment la formation des pilotes aux situations critiques induites par les changements techniques apportées à l’avion ?
Est-ce aux passagers et aux équipages de payer de leur vie la cupidité du constructeur ?
Gageons que les avocats des victimes sauront s’engager dans les brèches.
GREG765 a commenté :
30 avril 2019 - 16 h 40 min
“La responsabilité des pilotes n’est pas engagée” : Je ne suis pas tout à fait d’accord.
A ce jour rien n’indique que les deux équipages aient suivi les bonnes procédures correctement et ce jusqu’au bout. On n’a pour le moment que des rapports intermédiaires qui se gardent bien de faire ce genre de conclusions.
Après la notion des responsabilité est complexe, d’ailleurs celle ci peut être partagée. Il paraît évident aujourd’hui que Boeing a mal développé son système MCAS. Mais l’erreur de Boeing ne veut pas forcément dire que les pilotes ont parfaitement bien réagi de leur côté.
Quand aux alertes AoA disagree, je ne suis pas convaincu qu’elles auraient changé l’issue de ces deux crashs, même si elles avaient été présentes. Ces alertes n’auraient pas à elles toutes seules pu solutionner le problème (qui reste le contrôle de l’avion), et le risque d’introduire trop d’information est de créer une sorte de saturation de l’équipage qui le rend encore moins efficace.
ABDESSALEM DAHMOUNI a commenté :
7 mai 2019 - 19 h 13 min
indiquer clairement le rôle réel du MCAS et ses conséquences sur la variation des centres de gravite et des centres de poussées c’est la première analyse a dévoiler .En deuxième lieu il n’y’a pas de relation communes entre les deux accidents LION AIR ET ETHIOPIE AIRLINE .Ce qui permet revoir les influences aérodynamiques contradictoires que le pilote de Ethiopie airline a du affronter durant le temps entre Vr et V2 SOIT 7a 9 secondes de quoi heurter la piste du décollage et laisser tout le plan fixe horizontalau sol ,Non MCAS ni le pilote sont seuls a cet accident on doit tenir compte de l’influence de l’air chaud provenant des deux réacteurs en réflexion a partir du sol durant la rotation du nez de l’avion.
DHAOUADI Mohamed a commenté :
1 mai 2019 - 14 h 30 min
Très bien dit… Cet entêtement et arrogance mercantiles relèvent du Trumpisme…Mais qui les croiront, le MAX est commercialement kaput…
Inukshuk a commenté :
30 avril 2019 - 8 h 13 min
« En partie dûs aux actions des pilotes ». Ce qu’on appelle en anglais add insult to injury…
Ce Mr est d’une arrogance, d’un cynisme qui mériterait que nombre de Cies clientes lui claquent la porte au nez.
pacha a commenté :
30 avril 2019 - 8 h 31 min
Ben , si c’est la faute des pilotes , pas la peine de changer quoique ce soit sur le Max .
Bencello a commenté :
30 avril 2019 - 9 h 03 min
“Le dirigeant a an tout cas conservé son poste suite à l’AG…” (on passe sur la faute de frappe)
Tu m’étonnes: un cours de bourse multiplié par 4 en 5 ans, des dividendes en hausse constante. C’est un fait, la sécurité ne fait PAS partie de leurs préoccupations tant qu’elle n’impacte pas le portefeuille.
https://www.nasdaq.com/fr/symbol/ba/dividend-history
https://www.boursorama.com/cours/BA/
Passager a commenté :
30 avril 2019 - 9 h 03 min
Un lecteur du Figaro suggère un label “737 MAX FREE” pour les compagnies qui n’ont pas cet avion.
Excellente idee !
fred06 a commenté :
30 avril 2019 - 9 h 33 min
Boeing est une entreprise sérieuse, elle met à jour les logiciels de l’avion après chaque crash ( comme Microsoft avec Windows )
Talbot a commenté :
30 avril 2019 - 9 h 39 min
Qu’ils continuent à faire les Barbeaux Boeing, ont va bien rigoler lorsque le Comac sera sortie et sera fiabilisé…
B737MAX a commenté :
30 avril 2019 - 9 h 45 min
“Le PDG de Boeing Dennis Muilenburg a déclaré hier que les deux crashes de 737 MAX étaient en partie dus aux actions des pilotes”
En partie. Quel % de responsabilité des pilotes ?
D’autre part cela revient à reconnaître -de façon non dite- que Boeing reconnaît sa responsabilité en partie (dans quel % ?).
De toute façon, la justice fera son travail et on verra bien comment Boeing sera jugé.
NDR a commenté :
30 avril 2019 - 10 h 07 min
Le pire n’est jamais certain comme disait Claudel
@Talbot
Tu te trempes, Comac va bien arriver c’est sûr mais elle va bouffer toute crue la chaire fraiche de Airbus et avec ses propres fourchettes made in Hambourg : ceux qui ont encouragé le transfert techno vers la Chine ce sont Airbus que je sache pas Boeing !
Je pense et j’espererais tellement me tremper que la Chine va bien faire a Airbus ce qu’a fait CRRC de Siemens et pourtant c’est bien “Zeemens” qui lui a tout apris.
Signé Simca
GREG765 a commenté :
30 avril 2019 - 11 h 12 min
Enfin Boeing a fait comme Airbus pour les FAL en Chine.
https://www.reuters.com/article/us-boeing-china/boeing-opens-first-737-plant-in-china-amid-us-sino-trade-war-idUSKBN1OE06C
guillaume a commenté :
30 avril 2019 - 23 h 18 min
La tech du C919 vient directement du cseries que les chinois ont partiellement financés, donc de bombardier pas d’airbus.
Et la on parle de l aerostructure (Si on peut appeler ça de la tech). Pour les reste c est des fournisseurs US et européen pour le système et les moteurs.
Jean-Paul a commenté :
1 mai 2019 - 13 h 07 min
Raisonnement peu compréhensible: lorsqu’une concurrence émerge, elle prend des parts de marché au plus faible des concurrents.
À moins que vous ne considériez le 737 Max meilleur qu’un A320 néo, votre raisonnement ne tient pas…
Nico a commenté :
30 avril 2019 - 11 h 15 min
La sécurité en option chez Boeing….
Forza a commenté :
30 avril 2019 - 12 h 26 min
Elégant, ce type est élégant…
Je ne sais pas comment il arrive à se regarder dans une glace après des déclarations pareilles.
Il fournit un zing pourri ou il faut faire 30 actions pour corriger un défaut au moment critique du décollage, et il comprends pas…
Merite t’il ces millions de dollars ce topgun ?
Messieurs les actionaires de Boeing ? prenez vos responsabilités.
Vincent a commenté :
30 avril 2019 - 12 h 33 min
Boeing à bien l’intention de faire porter le chapeau aux pilotes.
A la place de Lion Air ou Ethiopan Airlines, j’annulerai mes 737 max pour passer chez Airbus.
Le toulousain a commenté :
30 avril 2019 - 13 h 08 min
Ca fait mal de lire de telles news!
Plus personne n assume les erreurs.
Cette arrogance est malsaine.
Laurent a commenté :
30 avril 2019 - 13 h 15 min
Les compagnies clientes de Boeing sont coincées. Airbus est incapable d’augmenter la cadence de production du 320. Aux passagers de faire le bon choix. Le mien est fait, je ne volerai pas sur 737 MAX pour l’instant.
NDR a commenté :
30 avril 2019 - 14 h 58 min
Je n’hésiterai pas une seconde a prendre cet avion, dès qu’il entrera en service je prendrai aussi le Max 200 dommage que AF empêche Ryanair de se poser a ORY sinon je le prendrais bien plus souvent.
Hélas a commenté :
30 avril 2019 - 17 h 01 min
Si un membre de ta famille était dans les avions qui sont tombés, aurais-tu réagi de la même façon ?
ajar a commenté :
30 avril 2019 - 17 h 02 min
Le 737 MAX est un danger dans sa conception, Norvergien qui cherche à revendre ses options d’A320 va sans doute trouver preneur .Ces américains sont d’une arrogance et prétention sans limites .Pour ma part je ne prendrais jamais cet avion .
Rame a commenté :
30 avril 2019 - 18 h 21 min
Communication classique et dégueulasse. On rajoute une notion de doute pour se couvrir. Exactement comme Monsanto et autres producteurs de pesticides, c’est l’art de dire “ce n’est pas vraiment nous mais les autres”.
Évidemment les actionnaires qui se sont engraissés le laisse à son poste pour ne pas troubler les actions.
GVA1112 a commenté :
30 avril 2019 - 20 h 05 min
C’et magnifique, le B737 n’a jamais autant fait parler de lui !!
Regardez combien de messages vous avez laissé !!!
C’est aussi cela la communication de Boeing, faire le Buzz !!
Tant qu’on parle de lui, on ne l’oublie pas :-).
Si leur MCAS n’est pas sous contrôle, leur COM, elle l’est bel et bien maîtrisée!!
Jean-Paul a commenté :
1 mai 2019 - 13 h 17 min
@gva1112
Cette notion du “buzz” en marketing n’est valable (et encore pas toujours) que pour des produits grand public.
Tu connais beaucoup de particuliers qui sont susceptibles d’acheter de 737 Max???
Tu penses qu’il existe beaucoup de responsables de compagnies aériennes en charge des achats d’appareils qui “ont oublié ” l’existence du 737 Max???
Parfois penser avant d’écrire peut être utile…
Max a commenté :
1 mai 2019 - 20 h 40 min
PACHA
– votre propos ( si c est la faute des cokpit crew les changements ne sont pas nécessaires !!)
‘ il n y a aucuns liens , un avions durant toute sa vie est toujours sous surveillance , donc soumis à des modifications . Dans le cas du max 37 BOEING sera contraint de mettre en forme des procédures validées susceptibles d’évoluer encore . C est valable pour tous les appareils
Chris a commenté :
5 mai 2019 - 7 h 55 min
Cynisme juridique de circonstance !
Reconnaître un défaut coûterait plus à Boeing. Au procès et en image, ah Boeing est susceptible de faire des avions dangereux ?
Du coup, le pdg soutient du bout des lèvres qu’ils sont près à aider à réduire les risques … pour les pilotes trop cons !
Boycott 737 Max!