Un rapport d’expertise sur l’accident du vol MS804 de la compagnie aérienne EgyptAir entre Paris et Le Caire, dans lequel 66 personnes avaient trouvé la mort, affirme que l’Airbus A320 n’était pas en état de voler ce jour de mai 2016
Consulté par Le Parisien, le rapport sur la maintenance commandé par la justice française est rédigé par un inspecteur et un technicien aéronautique, selon qui l’expertise « a mis en évidence que cet appareil aurait dû faire l’objet de vérifications lors des quatre précédents vols, et n’aurait pas dû quitter Le Caire après l’enchaînement des défauts récurrents mais non signalés par les équipages successifs ». Sur 70 pages, les auteurs décortiquent en particulier le carnet de bord et les messages ACARS envoyés par l’A320 immatriculé SU-GCC, dans lequel se trouvaient 56 passagers et dix membres d’équipage et qui s’était écrasé en Méditerranée le 16 mai 2016.
Côté maintenance, on savait dès octobre 2017 qu’une vingtaine d’anomalies avaient été envoyées par l’avion lors de rotations précédant le vol MS802. Elles n’avaient pourtant pas été rapportées par écrit par les pilotes et la compagnie aérienne n’était pas intervenue, souligne le rapport : « les défauts majeurs, signalés par alarme visuelle et sonore ne font l’objet d’aucun signalement technique » avant le retour de l’A320 dans sa base du Caire, « afin, de toute évidence, d’éviter une immobilisation en escale pour dépannage », affirment les experts – un processus plus couteux et plus compliqué à gérer pour la compagnie aérienne, d’autant que les qualifications de l’employé d’Egyptair à Roissy sont remises en cause dans le rapport.
La plus grave des anomalies signalait de manière récurrente un problème électrique pouvant conduire à un incendie : elle n’est pas signalée par les pilotes, mais surtout « les enregistrements démontrent que le ou les disjoncteurs ont été manuellement réengagés en totale contradiction avec les consignes du constructeur », précise le rapport. Une autre signale un problème sur une valve d’un moteur, et une troisième des fumées dans les toilettes : « cette alarme peut indiquer un début d’incendie dans un compartiment WC. Elle ne peut être passée sous silence, ce qui a été le cas ».
Les données ACARS ont en outre été étudiées non seulement pour la nuit du 18 au 19 mai, mais depuis le début du mois : le rapport souligne que le problème de valve du moteur de l’A320 avait généré des alertes sur 51 vols, et celui électrique sur 29 vols. « Vu le nombre d’occurrences, cette vanne aurait dû être désactivée et surtout aurait dû bénéficier d’investigations plus approfondies sur son état », constatent les experts pour qui l’application non conforme des procédures et consignes « ne permet pas à la compagnie EgyptAir d’apprécier correctement l’état technique de l’aéronef au moment du départ de CDG ». Pas de certitude cependant pour les experts sur l’origine de l’accident, conséquence directe ou pas des problèmes techniques décelés auparavant.
Ce rapport d’expertise avait été commandé par les juges d’instruction en septembre 2017, la cause du crash demeurant alors inconnue et les premières tensions apparaissant entre les enquêteurs français et égyptiens. En juillet dernier, Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses français (BEA), associé à l’enquête reprochait à l’Egypte d’avoir coupé les ponts au nom de la piste terroriste. Les autorités du Caire ont d’ailleurs mis fin à l’enquête de sécurité, maintenant cette théorie même si le soi-disant attentat n’a jamais été revendiqué. Aucun rapport d’enquête définitif n’a été publié par l’homologue égyptien du BEA suite au crash, et la théorie d’un incendie à bord, reconnue par les autorités égyptiennes, n’a pu pas être approfondie : la découverte en décembre 2016 de traces d’explosifs sur des restes humains (pas sur les 15 passagers français) avait conduit l’Egypte à transférer le dossier « aux services du Procureur Général égyptien, qui assumait dès lors la conduite de l’enquête » conformément à la législation.
Les messages ACARS faisaient état de fumée dans des toilettes et dans la baie avionique, indiquait le BEA dans son rapport préliminaire, tandis que l’analyse de l’enregistreur des données de vol (FDR) avait confirmé la présence de fumée à bord dès le mois suivant l’accident. Les enquêteurs français rappelaient l’année dernière les éléments publiés par Le Caire :
– Les enregistreurs ont cessé de fonctionner alors que l’avion était en croisière à 37 000 pieds d’altitude,
– Les systèmes de l’avion ont émis des messages ACARS faisant état de fumée dans des toilettes et dans la baie avionique,
– Les données de l’enregistreur de paramètres confirment ces messages,
– L’écoute de l’enregistreur phonique indique notamment que l’équipage de conduite a mentionné l’existence d’un feu à bord,
– Plusieurs débris ont été remontés depuis le site de l’accident. Certains d’entre eux portaient des traces de haute température et de suie.
Le BEA avait de son côté rassemblé les éléments suivants : le signal d’une balise de détresse a été émis à 00h37, soit environ 8 minutes après la transmission du dernier message ACARS, et les données d’un radar primaire grec (transmises par les autorités grecques au BEA) montrent que l’avion est descendu en virage jusqu’à la collision avec la surface de l’eau. Sur la base de ces éléments, l’hypothèse privilégiée par le BEA est qu’un incendie s’est déclaré dans le poste de pilotage alors que l’avion évoluait à son altitude de croisière, incendie qui s’est développé rapidement et a entraîné la perte de contrôle de l’avion. Le BEA estime qu’il reste nécessaire d’obtenir le rapport final sur le vol MS804 afin de « préserver la possibilité de comprendre l’origine de l’accident et de permettre à la communauté aéronautique de disposer d’enseignements de sécurité pouvant prévenir de futurs accidents ».
EgyptAir n’a pas commenté le rapport d’expertise.
Droit de réponse :
Dans un courrier daté du 15 avril 2019, la compagnie Egyptair estime que notre articles contient de “fausses informations” et demande un droit de réponse. Voici son courrier dans son intégralité :
john a commenté :
3 avril 2019 - 10 h 13 min
en même temps prendre egyp^tair aussi quelle idée , prenez Emirates , Qatar il vous arrivera rien
Il ne vous arrivera rien ? a commenté :
3 avril 2019 - 11 h 00 min
A partir du moment où vous montez dans un avion quelques soit le fabricant et quelque soit la compagnie, vous vous exposez à des risques. Ceci explique pourquoi certains ne prennent jamais l’avion.
Evidemment il faut que ces risques tendent vers zéro.
Mais tendre vers zéro ne veut pas dire que le risque zéro existe !
Vous restez soumis à divers paramètres, limites technologiques, limites humaines, météo, missiles, etc…
Donc citez telle ou telle compagnie comme référence absolue est enfantin et inutile.
Qatar, un A321 a pris feu en maintenance.
Emirates un B777 a pris feu à l’atterrissage, un pompier tué.
Un mort c’est rien pour vous ?
alex a commenté :
11 avril 2019 - 16 h 30 min
j’ai voyagé sur Egyptair le jour même du détournement et donc 2 mois avant le crash. J’ai adoré mon expérience. Avion confortable, equipages très pros et excellent service. Egyptair est une bonne compagnie.
flyer2 a commenté :
3 avril 2019 - 10 h 15 min
Voila qui vient contredire la these de NDR voulant mettre en avant la qualite d’Egyptair.
En esperant qu’ils soint interdit de vol en Europe jusqu’a qu’ils reglent leur procedure de maintenance et securité. (et la politique de ne pas suivre les procedures et desactiver les alarmes)
Et si cela permet aussi d’ameliorer les procedures de securite et de maintenances d’AH et autres compagnies africaines, c’est tout benefique (et cela n’a rien avoir avec du pro Airbus ou pro Boeing) La securité vient avant tout, même si cela signifie interdiction de vols.
TLM a commenté :
3 avril 2019 - 11 h 51 min
Je voit pas le rapport entre le crash d’Egyptair et la maintenance d’Air Algérie ou celle de Royal Air Maroc
Egyptair peut s’en prendre qu’à Egyptair et sa maintenance pour ce crash
flyer2 a commenté :
4 avril 2019 - 11 h 57 min
cf. un precedent article (et commentaires sur les compagnies africaines de NDR 🙂 ) sur air algerie, sous controle etendue pour notament les procedures de maintenance. La compagnie a admis etre en observation.
La meme chose devrait s’applique à Egyptair, c’est a dire les mettre en observation et verifier l’ensemble des procedures. (voire les empecher de voler si procedures non respectées)
NDR a commenté :
3 avril 2019 - 12 h 01 min
@Flyer2
Voilà qui vient conforter l’hypothèse de NDR qui rappelle que le risque zéro n’existe pas et que le A320 aussi peut subir un crush 😀
flyer2 a commenté :
4 avril 2019 - 12 h 00 min
C’est vrai, vous avez raison sur ce point.
Je persiste et dis que l’agence europeenne est neutre et a tout a fait le droit de mettre sous surveillence des compagnies africaines (surtout celle ayant des pertes)
Bencello a commenté :
3 avril 2019 - 10 h 27 min
Les messages ACARS sont-ils obilgatoires sur tous les appareils récents.
N’y aurait-il pas moyen que les messages ACARS soient automatiquement envoyés aux autorités aériennes de chaque pays (DGAC), afin pour elles d’immobiliser l’avion de façon préventive ( à Paris dans ce cas)?
badboy a commenté :
3 avril 2019 - 11 h 09 min
voila ce que ça fait d’avoir une compagnie aérienne géré par une junte militaire plus jamais je ne voyagerai sur cette compagnie
NDR a commenté :
3 avril 2019 - 12 h 26 min
@Badboy
Si vous vous posez comme conditions la démocratie pour voyager vous risqueriez de ne pas voyager beaucoup a commencer par EK, déjà puis TK, AH, QR, AT, … puis les Cies chinoises puis russes puis etc..
Il convient de rappeler que l’Iran et l’Egypte avaient déjà une bonne démocratie en 1950 avec chacun une vraie monarchie parlementaire alors que beaucoup de pays européens avaient de vraies dictatures militaro présidentiels ce sont les américains qui apparement ont foutu le bazar en Iran en assassinant Mossadek et ce sont les russes qui ont ramené les militaires au pouvoir en Egypte.
Arrêtons MS est une bonne compagnie qui rémunère bien ses pilotes et qui veille a la sécurité et a la rentabilité de ses avions.
Euclide a commenté :
3 avril 2019 - 12 h 43 min
@ Badboy
Le système politique n’a rien à voir avec la compagnie nationale du pays.
Dans ces conditions , pourquoi ne pas boycotter Turkish Airlines et la Turquie ?
Mme Irma vous prédit a commenté :
3 avril 2019 - 12 h 23 min
Madame Irma vous prédit que sous peu nous devrions avoir un communiqué indigné de cette compagnie qui nous rappellera par ailleurs que “la sécurité des passagers comme des équipages sont des valeurs essentielles…etc…etc…et bla et bla et bla…”
badboy a commenté :
3 avril 2019 - 13 h 09 min
Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses français (BEA), associé à l’enquête reprochait à l’Egypte d’avoir coupé les ponts au nom de la piste terroriste. Les autorités du Caire ont d’ailleurs mis fin à l’enquête de sécurité, maintenant cette théorie même si le soi-disant attentat n’a jamais été revendiqué. Jusqu’a mintenant l’Egypte est dirigé par le maréchal Abdel Fattah al-Sissi qui a rendue la coopération, difficile, entre l’Egypte, qui mène l’enquête, et la France, qui souhaiterait que le Bureau d’Analyses et Accidents français (BEA) ait accès aux boîtes noires pour en extraire et analyser des données.
pouic pouic a commenté :
3 avril 2019 - 16 h 58 min
Oui car il y as bien d’autres compagnies qui sont sûre, néanmoins john à raison, certaines compagnies sont à éviter comme la plupart des compagnies aériennes du continent africain et celles du continent asiatique…
De manière générale il faut éviter les compagnies qui ne vole pas en Europe ou au US. Par mes yeux de petit expert la ou il y as quand même un gros trou dans la raquette c’est que cette A320 d’Égypte air n’ai pas eu de contrôle surprise à un seul moment sur le territoire européen.
Asie ? a commenté :
3 avril 2019 - 21 h 36 min
Pouic pouic; éviter les compagnies asiatiques? Singapore…CATHAY …ANA….JAL….ne sont pas sûres ? (Pour n’en citer que celles-là). C’est un peu simpliste comme raisonnement…