La compagnie aérienne low cost Ryanair envisage de commander une centaine de monocouloirs Airbus pour sa filiale Laudamotion, et se penche sur le Boeing 737 MAX 10 pour sa propre flotte. Elle a dévoilé un programme de vol en retrait à Belfast pour l’hiver prochain, risque en Italie une amende d’au moins 9 millions de dollars pour avoir enfreint la législation du travail, et a signé plusieurs partenariat pour la protection de l’environnement – tandis qu’une vidéo mise en ligne mercredi montrait comment les moteurs d’un de ses avions avaient tué une vingtaine de mouettes à Barcelone.

La spécialiste irlandaise du vol pas cher a entamé des négociations avec Airbus sur une commande d’au moins cent A321 dont la moitié ferme (sans préciser s’il s’agit d’A321neo) pour sa filiale Laudamotion basée à l’aéroport de Vienne, mais elles n’en sont qu’à un stade « très préliminaire » selon le CEO Michael O’Leary. La low cost autrichienne opère déjà dix 320 ainsi que trois A321 dont le retrait est en vue, tous pris en leasing chez Lufthansa, et son carnet de commandes inclut 14 A320 supplémentaires. Le CEO soulignait mercredi que la reprise de Laudamotion lui permettra « d’avantage de flexibilité en termes de choix des avions » : Ryanair est « déterminée à devenir un client Airbus parce qu’à l’avenir, avec des concurrentes qui vont mettre clef sous la porte et les opportunités de croissance externe en Europe, certaines seront tout Airbus, d’autres tout Boeing et nous voulons être capables de faire les deux », a poursuivi Michael O’Leary dans Les Echos. Il a ajouté être « intéressé » par le Boeing 737 MAX 10 pour la flotte de Ryanair, entièrement fournie par le constructeur américain, mais seulement s’il est proposé « au juste prix » – « ce qui n’est pas le cas actuellement ». Rappelons que la low cost mettra en service le 6 avril prochain à Londres-Stansted son premier monocouloir remotorisé, un 737-8 200 « Gamechanger » (135 exemplaires commandés, 197 sièges contre 189 dans les 737-800 actuels).

Ryanair : Airbus, MAX 10, Belfast, amende et environnement (vidéo) 1 Air JournalCôté réseau, le programme hivernal 2019-2020 de Ryanair à l’aéroport de Belfast-International sera en retrait par rapport à la saison actuelle, « en raison des coûts élevés du carburant, de tarifs bas et de la faiblesse du marché britannique » selon le directeur commercial David O’Brien – qui ajoute que cela pourrait changer « en cas d’abolition de la taxe passager sur les départs en Irlande du Nord » (26 livres sterling). Les neuf routes proposées l’hiver prochain vers Alicante, Bergame, Berlin-Schönefeld, Cracovie, Lanzarote, Londres-Stansted, Malaga, Manchester et Ténériffe South devrait cependant permettre à Ryanair d’accueillir 850.000 passagers par an à Belfast.

En Italie, l’agence d’inspection du travail a jugé que Ryanair avait en 2014 enfreint la législation du travail en « contournant les cotisations de sécurité sociale et les primes versées au personnel des aéroports » d’ Alghero, Bari, Bergame, Brindisi, Cagliari, Catane, Lamezia Terme, Milan-Malpensa, Palerme, Pescara, Pise, Rome et Trapani. Ces « graves violations » de la législation italienne incluent selon le communiqué de l’agence un « recours illicite » à environ 600 collaborateurs externes, afin d’économiser le paiement de primes d’assurance, de pension et de bonus qu’elle a dû verser à son propre personnel. Elle exige de Ryanair le versement de 9,2 millions d’euros au titre des coûts de main d’œuvre impayés, auxquels s’ajoutera une amende, et entend se pencher sur les pratiques de la low cost après 2014.

Ryanair : Airbus, MAX 10, Belfast, amende et environnement (vidéo) 2 Air JournalCôté bonne conscience, Ryanair a annoncé hier le lancement en 2019 de partenariats environnementaux internationaux, qui soutiendront plusieurs groupes par le biais de dons de clients en compensation de carbone. Elle s’associe à la campagne de First Climate pour soutenir et promouvoir la diffusion de cuisinières à haut rendement énergétique en Ougand (First Climate aide les organisations des secteurs privé et public à atteindre leurs objectifs en matière de climat et de durabilité) ; Renature Monchique, un projet visant à replanter des arbres dans la région de Monchique, en Algarve (Portugal), qui a été touchée par le plus grand incendie de forêt en Europe en 2018 ; Irish Whale & Dolphin Group, groupe dédié à la conservation des baleines, des dauphins et des marsouins ; et Native Woodland Trust, association irlandaise à but non lucratif axée sur la préservation et la restauration des dernières forêts d’Irlande.

Kenny Jacobs, directeur marketing de Ryanair, a déclaré être « ravi d’annoncer nos tout premiers partenaires environnementaux, qui soutiennent quatre grands projets en Europe et en Afrique. Plus de 1 million d’euros seront reversés par nos clients et Ryanair à nos partenaires – First Climate en Ouganda; Renature Monchique au Portugal; Irish Whale & Dolphin Group et le Native Woodland Trust en Irlande. Chez Ryanair, nous nous sommes engagés à minimiser notre propre impact environnemental. Nous sommes déjà la compagnie aérienne la plus verte d’Europe et exploitons la flotte la plus jeune (moyenne d’âge de six ans) présentant les taux de remplissage les plus élevés. Avec cette dernière initiative, nous continuons à montrer le chemin et nous encourageons nos clients à soutenir ces partenariats passionnants en faisant des dons en compensation de carbone lors de la réservation de vols sur le site Web ».

Coïncidence malheureuse, cette annonce est survenue au lendemain de la diffusion d’une vidéo sur un incident survenu à l’aéroport de Barcelone-El Prat, qui a tué une vingtaine de mouettes (mais n’a fait aucune blessé chez les humains). La vidéo est datée du 5 mai 2018, sans que l’on sache pourquoi elle a été mise en ligne si tard ; elle montre en revanche parfaitement comment les « bird strikes » et ingestions de volatiles se produisent dans les aéroports, avion de Ryanair ou pas.