IdeaWorksCompany, organisation de consultation sur les revenus additionnels des compagnies aériennes, et CarTrawler, fournisseur de solutions intégrales de transport pour les activités en ligne, ont estimé dans une étude que les revenus à la carte des compagnies aériennes, dits les ancillaires, ont atteint 65 milliards de dollars à travers le monde en 2018.

Les compagnies européennes sont sur la plus haute marche du podium en 2018, générant 22,5 milliards de dollars (soit 4 milliards de plus que les compagnies asiatiques qui arrivent en deuxième position avec 18,8 milliards dollars).

Étude : les revenus additionnels des compagnies aériennes ont atteint 65 milliards de dollars en 2018 1 Air Journal

Chaque année, IdeaWorksCompany, sponsorisée par CarTrawler, analyse les revenus additionnels communiqués par les compagnies aériennes dans le monde entier. Ces résultats sont appliqués à une longue liste de transporteurs (175 en 2018) afin d’estimer l’activité liée aux ancillaires des compagnies aériennes dans le monde. La formule à la carte, qui permet (ou oblige selon) aux consommateurs d’ajouter (ou plutôt de payer) des éléments de confort à leur expérience de voyage en avion, constitue une part significative de ces revenus additionnels. Elle inclut les frais pour les bagages enregistrés, les sièges attribués, les repas vendus à bord, l’enregistrement prioritaire et les divertissements à bord.

« Les revenus à la carte, soit les options que les consommateurs peuvent ajouter à leur panier lors de l’achat d’un vol, ont affiché une forte croissance partout dans le monde. Les revenus globaux ont plus que doublé sur une période de cinq ans. C’est sans surprise que leur montant a augmenté en Europe et en Amérique du Nord. Les plus fortes hausses se sont produites en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. L’augmentation du nombre de passagers des compagnies aériennes basées dans ces régions explique une bonne partie de ces résultats. Mais avec des compagnies aériennes traditionnelles s’engageant davantage dans les activités à la carte et une présence accrue des transporteurs low cost, il est clair que quelque chose d’autre est en train de se produire. Les revenus additionnels sont en effet en passe de changer le modèle commercial des compagnies aériennes partout dans le monde », commente Aileen McCormack, directrice commerciale de CarTrawler.

Selon l’étude de IdeaWorksCompany et CarTrawler, l’Europe est en tête de l’activité à la carte et les transporteurs low cost y génèrent près de 25 % des revenus d’exploitation pour les compagnies aériennes basées en Europe et en Russie. Cette région est le fief de certaines des compagnies affichant les meilleurs chiffres parmi les champions mondiaux des revenus additionnels : easyJet, Eurowings, Norwegian et Ryanair. Des mouvements récents des transporteurs internationaux en Europe, tels que Air France-KLM, British Airways et Lufthansa Group, en vue de mettre en place des tarifs économiques de base sur les routes transatlantiques, viennent contribuer à ce que le niveau d’activités à la carte soit le plus élevé au monde.

En Amérique du Nord, le taux de pénétration des transporteurs low cost est inférieur (10,5 %), mais il atteindrait près de 22 % si Southwest était inclus dans la liste des transporteurs low cost. Cependant, la politique de transport gratuit des bagages de la compagnie fait obstacle à l’obtention de résultats significatifs pour les revenus à la carte. Les dernières actions des trois principales compagnies aériennes (American, Delta et United) visent à encourager les surclassements vers les tarifs économiques standards en limitant ou en facturant l’attribution des sièges. Cette activité de surclassement, combinée à la facturation des sièges attribués, permet à ces compagnies de faire croître leurs revenus additionnels.

En Amérique latine, les frais de bagages sont maintenant autorisés sur les vols domestiques au Brésil, et ils ont été implantés par les principaux transporteurs du pays : Azul, GOL, et LATAM. Les transporteurs low cost et les méthodes à la carte sont de plus en plus répandus. Les transporteurs low cost suivants ont commencé à opérer dans la région aux cours des deux dernières années : Flybondi (Argentine), JetSmart (Chili), Norwegian Air Argentina et Viva Air Peru.

La région Asie-Pacifique dispose d’un nombre important de transporteurs low cost dont les revenus dépassent le milliard de dollars : AirAsia, AirAsia X, Cebu Pacific, Indigo, Jetstar, Scoot, SpiceJet, Spring Airlines et Vietjet. En Chine, on constate une augmentation de l’activité des transporteurs low cost avec le développement de 9 Air, Beijing Capital Airlines, China United Airlines, Lucky Air et West Air.

Traditionnellement, les transporteurs basés en Afrique et au Moyen-Orient se sont positionnés contre la facturation de frais supplémentaires et l’activité des opérateurs low cost dans cette région a été bien moindre que dans le reste du monde. Cependant, cette situation évolue lentement et les trois principaux transporteurs du Golfe (Emirates, Etihad et Qatar) sont en train de mettre en place des frais d’attribution de siège pour les tarifs les plus bas. Ces compagnies incluent encore des bagages enregistrés dans ces tarifs.

Après les chiffres et les constats, les auteurs de l’étude livrent leur analyse : « La troisième loi de Newton indique que « pour chaque action, il existe une réaction opposée de force équivalente ». L’ « action » dans le cas des revenus additionnels est l’avancée inexorable des transporteurs low cost partout dans le monde. Norwegian, Eurowings et WOW Air ont clairement perturbé le régime tarifaire établi dans la région nord-atlantique. En Europe, easyJet, Ryanair, Volotea, Vueling et Wizz continuent de stimuler les consommateurs européens avec des économies à la carte. La « réaction opposée » a été l’adhésion étonnamment rapide des plus grands et plus anciens noms de l’aviation commerciale au concept de revenus additionnels. 

Par effet domino, Air France-KLM, American, British Airways, Delta, Lufthansa et United ont déployé leur propre version des tarifs économiques de base. Ces tarifs ont été conçus pour reproduire ceux de leurs cousins low cost en proposant fondamentalement un siège à bord. L’ajout contre paiement d’un bagage enregistré, d’un siège attribué ou de l’embarquement prioritaire contribue ainsi aux revenus à la carte. Actuellement, la dynamique d’action-réaction est largement limitée aux vols au sein de l’Europe et des États-Unis, et aux routes transatlantiques. L’Asie, l’ Afrique et le Moyen-Orient n’ont pas encore étés touchés par la propagation des tarifs économiques de base. Si ce vocabulaire suggère des similarités avec la propagation d’un virus, force est de constater que les revenus additionnels s’avèrent en réalité un traitement efficace. L’économie mondiale semble prompte à fournir des prix du carburants instables, pouvant plonger ou grimper de façon soudaine. Des périodes économiques difficiles en raison de l’instabilité politique et de guerres commerciales croissantes se profilent également.

Les revenus additionnels, dont la locomotive est la vente des suppléments à la carte, fonctionnent comme une protection contre ces risques. Ils permettent d’éliminer le poids des fluctuations des tarifs aériens sur une partie des sources de revenus du transporteur. Ils viennent récompenser les compagnies aériennes dans leurs efforts pour déployer une stratégie commerciale vigoureuse. Mieux encore, ils fournissent aux consommateurs la possibilité de choisir un prix total pour leur voyage s’ajustant au mieux à leurs besoins. Les revenus additionnels sont un bouclier face à l’incertitude financière qui semble constamment planer dans le secteur du transport aérien ».

Étude : les revenus additionnels des compagnies aériennes ont atteint 65 milliards de dollars en 2018 2 Air Journal