La compagnie aérienne low cost Ryanair a salué la décision récente du tribunal de commerce de Barcelone confirmant qu’aucune compensation EU261 n’est due aux clients dont les vols sont annulés en raison d’une grève interne. Et elle a nié l’information selon laquelle un changement dans ses conditions générales obligerait les passagers à porter plainte en Irlande, affirmant que cela était réservé aux entreprises « chasseuses d’indemnisation ».
Les grève internes étant par définition « indépendantes de la volonté de la compagnie aérienne », un tribunal barcelonais a confirmé selon la spécialiste irlandaise du vol pas cher que les vols annulés pour cause de grève ne peuvent entrainer une demande de compensation au nom de la directive européenne EU261, comme c’est déjà le cas dans les cas de « force majeure » tels qu’une mauvaise météo ou une éruption volcanique. Ryanair rappelle dans un communiqué qu’elle « se conforme pleinement à la législation UE261, et a transféré ou remboursé tous les clients touchés par le petit nombre d’annulations lié à la grève et a fourni une assistance complète aux clients, y compris l’hébergement, les repas et le réacheminement ». Toutefois, ajoute la low cost, ces annulations étant indépendantes de sa volonté de Ryanair, aucun versement d’indemnité EU261 n’est dû, comme le confirme cette décision de la Cour de Barcelone, « la neuvième décision récemment rendue par un tribunal espagnol, à la suite de décisions analogues rendues par les tribunaux de Badajoz, Ourense et Pontevedra ».
Le directeur du marketing Kenny Jacobs se félicite de cette décision judiciaire « lorsque le retard / l’annulation (lié à la grève) va au-delà du contrôle de la compagnie aérienne. Si ces grèves, menées par une infime minorité du personnel naviguant Ryanair, étaient sous le contrôle de Ryanair il n’y aurait ni grève ni annulation ». Il rappelle au passage que « ces dernières années, au cours desquelles il y a eu plus de 15 jours de grèves de pilotes et de personnel naviguant en Allemagne, Lufthansa n’a pas été dans l’obligation de verser d’indemnités EU261. De même, l’autorité de l’aviation civile britannique devrait également expliquer pourquoi elle n’a pris aucune mesure EU261 contre British Airways lors des grèves de son personnel naviguant l’année dernière ».
Si cette nouvelle ne fera certainement pas plaisir aux milliers de passagers affectés ces dernières semaines par des grèves de PNC et de pilotes, c’est aussi le cas d’un changement dans les conditions générales de Ryanair qui a déclenché l’ire des médias en Belgique. Le passage « Tout différend qui découle de, ou est en relation avec, ce contrat est de la compétence des tribunaux irlandais », dénoncé dans Le Soir, ne s’appliquerait pourtant qu’aux seuls clients passant par des sociétés de recouvrement d’indemnités, affirme la compagnie aérienne. « Si un client seul dépose directement une demande EU261 auprès de Ryanair (tel que requis) et que sa demande est rejetée, ce client est alors libre de faire valoir son droit devant les tribunaux belges s’il le souhaite », a-t-elle précisé. Et de rappeler que sa clause de compétence sur les entreprises « chasseuses d’indemnisation » obligées de passer par la justice irlandaise remonte à 2010 ; elle vise à « protéger les consommateurs » de ces sociétés « et de leurs pratiques abusives de faire payer les consommateurs jusqu’à 50% de leur indemnité ».
Ces échanges n’ont pas empêché la Commissaire européenne en charge de la Protection des consommateurs, Vera Jourova, d’inviter sur les réseaux sociaux « les autorités chargées de la protection des consommateurs à examiner ces pratiques » qui apparaissent « clairement contraire aux règles ».
Pet a commenté :
5 octobre 2018 - 11 h 15 min
Bravo.
Voilà une entreprise qui emploie des juristes d’un bon calibre, et qui sait se défendre et protéger des intérêts.
Quoi qu’en disent les détracteurs habituels, cette cie connait la loi, ses droits, et utilise l’application de l’une pour se protéger.
Cette décision montre les errements vers lesquels le « tout à pas cher » mène les consommateurs: le niveau d’exigence demeure inchangé quel que soit le prix, le coût, et sans bonne connaissance des droits/de la loi.
Jurisprudence? Si oui, voilà qui ramènera les réclamations de la clientèle aérienne à peu de chose.
Les consoeurs vont envoyer des fleurs à Ryanair pour la féliciter.
Erik de Nice a commenté :
5 octobre 2018 - 21 h 52 min
En parlant de « consœurs » vous parlez de qui au juste?
Des compagnies non responsables d’annulations de vols en raison de grève du personnel ??
Alors je pourrais vous citer des Majors Européennes (très) coutumières du fait qui vont également envoyer des tonnes de fleurs à Rayanair pour la féliciter également..
Milo a commenté :
5 octobre 2018 - 11 h 16 min
Décision totalement absurde.
A ce compte là presque aucune annulation ne pourrait être considérée comme étant du fait de la compagnie car meme une panne ne découle jamais de sa volonté, ni un manque d’effectifs (on n’est pas en manque d’effectifs volontairement!) comme cela s’est vu récemment sur une grande échelle chez Ryanair.
C’est rendre les compagnies irresponsables dans presque toutes les situations.
Tout cela au mépris des règles européennes.
Espérons que les cours d’appel espagnoles renverseront ces décisions.
Yoann a commenté :
5 octobre 2018 - 11 h 19 min
C’est somme toute fort logique! Le transport aérien en Europe connaît déjà suffisamment de contraintes pour ne pas s’en rajouter d’autres. Et pour en revenir à Ryanair, j’ai été indemnisé sans discussion aucune et en 5 jours suite à un simple retard de 3h avec prise en charge (boisson, repas) à l’aéroport. Ne le diabolisons pas systématiquement même si je soutiens les grèves de leur personnel.
B744 a commenté :
5 octobre 2018 - 13 h 54 min
Sans vouloir polémiquer, il me semble qu’il existe une jurisprudence inverse avec TUI, je crois…le tribunal ayant considéré que le climat social était pleinement de la responsabilité de la compagnie…
Eddy Donck a commenté :
5 octobre 2018 - 13 h 55 min
Si quelqu’un doit payer des indemnités aux passagers, c’est le syndicat responsable de la grève, me semble-t-il. Pas le transporteur qui subit cette grève malgré lui.
Tout le probleme ... a commenté :
5 octobre 2018 - 15 h 31 min
…réside dans la définition juridique du ” malgré lui”…
Si l’on suit Ryanair, alors c’est certain, Ryanair ne déclenchera jamais volontairement une grève chez elle…
Si l’on rend le syndicat qui appelle à la grève financierement responsable, alors c’est certain aussi qu’il n’y aura très prochainement plus aucune grève nulle part et dans n’importe quel domaine d’activité…
Un tribunal belge a considéré que ” le climat social” etait de la responsabilité de l’entreprise: autrement dit, pousser à bout les conditions de travail/paie/ressources humaines au point de creer des tensions sociales EST la responsabilité de l’entreprise, et par voie de consequences, apaiser ou pas ces tensions est aussi de la responsabilité de l’entreprise….
Manifestement deux lectures différentes entre ces deux tribunaux espagnol et belge… Et parce qu’il faut bien harmoniser les lectures et interprétations pour que tout le monde entende et dise la même chose,il serait étonnant qu’après les appels intra-espagnols, l’une ou l’autre des parties ne remonte pas l’affaire au niveau de la justice Europeenne….encore quelques Annees de débats sur ce sujet avant que tout soit clairement établi et accepte par tous…
SkinFlight95 a commenté :
5 octobre 2018 - 15 h 51 min
hello
J’espère simplement un jour que certains d’entre vous tellement pro business vous ferez virer de votre boulot (si vous en avez un) et que l’on ne vous versera aucune indemnité (et puis quoi encore les simples ouvriers employés cadres n’ont rien à réclamer hein).
les jusqu’aux boutisses de votre genre devraient (mais le peuvent ils intellectuellement) se rappeler ce que leurs parents et grands parents ont subi et pourquoi ils se sont battus… leurs droits) même si parfois je pense que les syndicats (surtout français) exagèrent mais nous en avons toutefois besoin.
A BON ENTENDEUR MESSIEURS LES LIBERAUX AMERICANISES. Je vous souhaite le meilleur ! lol
Non, non et non a commenté :
5 octobre 2018 - 15 h 56 min
Il y a fort à parier que l’affaire n’en restera pas là et que tous les moyens de recours seront utilisés par les associations de consommateurs s’estimant lésés.
Ce qui me frappe dans certaines des réactions ci-dessus est la confusion qui est faite entre le droit et la morale : ce qui est juridiquement incontestable peut être moralement parfaitement écoeurant, les exemples étant fort nombreux.
Dans ce genre de circonstances, certaines compagnies ont le souci de prendre en charge leurs clients, quand d’autres se moquent éperdument de leurs voyageurs : cela s’appelle la conscience professionnelle et le respect dû à celui qui vous fait vivre.
Milo a commenté :
5 octobre 2018 - 18 h 02 min
Quand il s’agit d’une grève inhérente à la compagnie, on considère que celle-ci aurait pu prendre les mesures adéquates afin d’éviter les perturbations de vols. Une indemnisation peut donc être due, sauf si la compagnie est en mesure de prouver que toutes les mesures nécessaires ont été prises et que les perturbations n’ont pas pu être évitées.Est-ce bien le cas chez Ryanair ? On peut en douter.
Les passagers victimes d’une annulation de vol doivent bénéficier d’une indemnisation. C’est le règlement européen!
Toutefois l’indemnisation en cas d’annulation n’est pas obligatoire dans l’un des cas suivants :
.si l’annulation de vol est due à des circonstances exceptionnelles ou un cas de force majeure, à condition que la compagnie ait bien prise toutes les mesures pour en limiter les effets. Il peut s’agir de phénomène climatique exceptionnel, de circonstances politiques survenant dans le pays de destination, d’un avion frappé par la foudre (arrêt n°17-11.361 rendu par la 1ère chambre civile le 12 septembre 2018), etc.
.si la compagnie prouve qu’elle a informé le passager au moins deux semaines avant le jour de départ ;
.si elle a réussi à acheminer le passager à l’aéroport d’arrivée à une heure comparable à celle initialement prévue.
Just do it a commenté :
5 octobre 2018 - 23 h 24 min
Super, encore une bonne raison ne pas voler sur cette compagnie qui se battra joyeusement les roubignoles des passagers en vrac, lorsque leurs PN à bout de nerfs essayeront de revendiquer des droits (ne serait-ce que de l’eau à bord).
Ambiance