Le groupe Airbus SE a publié ses résultats consolidés pour le premier semestre 2018, dont le chiffre d’affaire stable mais le bénéfice net divisé par deux reflètent essentiellement les performances de l’A350 XWB et le rééchelonnement des livraisons. Les prévisions pour l’ensemble de l’exercice sont confirmées, même si le cap des 800 livraisons sera difficile à atteindre.
Le groupe européen a enregistré pendant les six premiers mois de l’année un chiffre d’affaires de 24,97 milliards d’euros, stable (-1%) par rapport à la même période en 2017 (25,17 milliards) et reflétant selon son communiqué le mix de livraisons d’avions commerciaux, les changements de périmètre et la baisse du dollar US. Airbus a livré au total 303 avions commerciaux (S1 2017 : 306 avions), dont 239 exemplaires de la famille A320, 18 A330, 40 A350 XWB et six A380. Airbus Helicopters a livré 141 unités (S1 2017 : 190 unités) et son chiffre d’affaires « illustre essentiellement la déconsolidation, fin 2017, de la société de services Vector Aerospace ». Le chiffre d’affaires d’Airbus Defence and Space reflète « la stabilité des principales activités et la solide exécution des programmes, ainsi que le changement de périmètre résultant essentiellement de la cession de Defence Electronics en février 2017 et d’Airbus DS Communications, Inc. en mars 2018 ». L’EBIT ajusté consolidé s’est élevé à 1162 millions d’euros (+110%) ; cette mesure alternative de la performance est un indicateur clé reflétant la marge commerciale sous-jacente, excluant les charges ou bénéfices significatifs induits par les variations des provisions pour les programmes, la restructuration, les effets de change ou encore les plus-values/pertes issues des cessions et acquisitions d’activités.
Pour les seuls avions commerciaux, le chiffre d’affaires à progressé de 2% au premier semestre à 18,546 milliards d’euros ; l’EBIT ajusté d’Airbus est en hausse de 237% à 867 millions d’euros, ce qui reflète principalement « la nette amélioration du programme A350, ainsi que la transition et l’accélération des cadences de l’A320neo ». Un total de 110 A320neo ont été livrés (S1 2017 : 59 exemplaires) au deuxième trimestre, avec dans la famille de monocouloirs une majorité de versions remotorisées par rapport aux versions classiques CEO. La montée en cadence se poursuit. Les motoristes « s’emploient activement à honorer leurs engagements », et les ressources et capacités internes sont mobilisées ; un plan de rétablissement est en place et le nombre d’avions stockés « a commencé à diminuer depuis le pic de fin mai », mais des risques demeurent quant à la possibilité d’atteindre la cible annuelle des 800 livraisons d’avions, qui est ambitieuse. S’agissant du programme A350 XWB, les premiers A350-1000 ont été livrés à Qatar Airways et Cathay Pacific au premier semestre. Des « progrès notables » ont été réalisés sur la courbe des coûts récurrents par rapport à l’année dernière, tandis que le programme accélère vers l’objectif de produire 10 exemplaires par mois d’ici la fin de l’année. Le système industriel de l’A350 est désormais mature, et les efforts continuent de porter sur la convergence des coûts récurrents. L’A330neo a terminé sa campagne d’essai de vols commerciaux (« route proving »), avec plus d’un millier d’heures de vol cumulées par la flotte d’avions d’essais. La livraison du premier exemplaire est prévue à la fin de cet été. En juillet, l’avion-cargo géant BelugaXL a réalisé son vol inaugural.
Airbus a enregistré 206 commandes nettes d’avions commerciaux durant les six premiers mois de l’année (S1 2017 : 203 avions), et 261 commandes brutes, dont 50 A350 XWB et 14 A330. Le carnet de commandes atteignait 7168 avions commerciaux au 30 juin 2018. Au cours du Salon aéronautique de Farnborough, Airbus a annoncé des commandes et engagements d’achat pour un total de 431 avions, qui ne sont pas encore comptabilisés dans le carnet de commandes.
On retiendra aussi que dans le programme A400M, huit avions au total ont été livrés au premier semestre, soit le même nombre que l’année dernière sur la même période. Une révision de provision de 98 millions d’euros au premier semestre 2018 « reflète en partie l’évolution des prix ». Le développement des capacités militaires a enregistré des progrès tangibles. Airbus continue de travailler avec les Nations partenaires pour finaliser un avenant contractuel d’ici la fin de l’année
Le résultat net consolidé de 496 millions d’euros du groupe (S1 2017 : 1091 millions d’euros) et le bénéfice par action de 0,64 euro (S1 2017 : 1,41 euro) tiennent compte selon Airbus « d’un impact négatif induit par l’ajustement de valeur de certains instruments financiers en raison des effets de change, partiellement compensé par la réévaluation positive de certains investissements de capitaux ». Le résultat financier est de -303 millions d’euros (S1 2017 : +72 millions d’euros) ; le résultat net reflète également un taux d’imposition effectif plus important induit par la réévaluation des actifs et passifs d’impôt. Le flux de trésorerie disponible consolidé avant fusions et acquisitions et financements-clients s’établit à -3968 millions d’euros (S1 2017 : -2093 millions d’euros), « en raison de l’accélération continue des cadences de production alors que les livraisons sont impactées par la situation vis-à-vis des moteurs ». La trésorerie nette consolidée au 30 juin 2018 s’établissait à 8,1 milliards d’euros (fin 2017 : 13,4 milliards d’euros) et la trésorerie brute à 17,8 milliards d’euros (fin 2017 : 24,6 milliards d’euros).
« Les chiffres du premier semestre reflètent l’accélération en fin d’année des livraisons en raison du manque de disponibilité des moteurs de l’A320neo, tandis que le programme A350 enregistre une nette amélioration », a déclaré Tom Enders, Président exécutif (CEO) d’Airbus. « Les livraisons d’A320neo sont reparties à la hausse au cours du deuxième trimestre, mais atteindre notre objectif annuel reste un défi. La demande du marché reste forte pour l’ensemble du portefeuille d’Airbus, qui comprend désormais l’A220, le plus petit modèle de la Famille Airbus. Récemment, le salon aéronautique de Farnborough a confirmé cette tendance, avec l’annonce de plus de 400 commandes de mono- et bi-couloirs. Notre priorité opérationnelle pour l’activité Avions commerciaux consiste clairement à continuer de sécuriser la montée en cadence de la production ».
Perspectives
Pour établir ses perspectives en 2018, Airbus SE table sur des taux de croissance de l’économie mondiale et du trafic aérien international conformes aux prévisions indépendantes qui prévalent, et sur l’absence de perturbation majeure. L’entreprise prévoit de livrer environ 800 avions commerciaux, exclusion faite de la Famille A220 (12 livraisons attendues au S2). L’intégration des ex-CSeries devrait réduire l’EBIT ajusté d’environ 200 millions d’euros ; par conséquent, en incluant l’A220, Airbus table sur un EBIT ajusté d’environ 5,0 milliards d’euros. Avant fusions et acquisitions et financements-clients, Airbus prévoit cette année, un flux de trésorerie disponible stable par rapport à 2017 (2,95 milliards d’euros), mais qui sera réduit de 0,3 milliard par l’intégration de l’A220. Airbus prévoit que l’impact net de l’intégration de l’A220 sur la trésorerie « sera largement couvert » par les modalités de financement définies dans le cadre du « C Series Aircraft Limited Partnership », autrement dit une dilution de trésorerie limitée.
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