Le constructeur européen d’avions turbopropulsés ATR estime à plus de 3000 appareils la demande pendant les vingt prochaines années, pour un montant estimé à plus de 80 milliards de dollars, afin de servir un potentiel de 2770 nouvelles routes régionales.
Les nouvelles Prévisions de Marché (2018-2037) publiées le 2 juillet 2018 par ATR à Toulouse évoquent une croissance de 80% sur vingt ans de la flotte mondiale de turbopropulseurs. Cette demande « confirme la stabilité de la position des turbopropulseurs sur le marché des appareils régionaux de moins de 90 places » selon l’avionneur, ce type d’appareil représentant depuis 2010 « 50% des ventes totales de ce segment, sur lequel ATR s’est affirmé comme premier choix des compagnies aériennes régionales ». Cette perspective positive s’appuie principalement sur la croissance du trafic régional, tant sur les marchés traditionnels, où les villes les moins connectées se voient desservies par de nouvelles routes régionales directes, que sur les marchés émergeants, où les liaisons aériennes assurées par des turbopropulseurs s’imposent comme la solution la plus viable pour transporter aussi bien des passagers que des marchandises.
Selon les prévisions de marché ATR pour la période 2018-2037, près de 80% (2390 avions) de la demande totale émaneront de la catégorie des 61 à 80 places, « un segment de marché dominé depuis des années par l’ATR 72 ». Les 20% restants (630 avions) proviendront du marché des avions de 40 à 60 places, un segment où l’ATR 42, « seul avion de 50 places encore en production, permet à la fois d’apporter une capacité de sièges supplémentaires par rapport aux appareils de 30 places, et de remplacer des avions régionaux de 50 places ».
Géographiquement, la plus forte demande de turbopropulseurs ces vingt prochaines années devrait venir d’Asie (43%), devant l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient (31%) et le continent américain (26%). Outre le transport de passagers, ATR estime que l’augmentation du trafic du fret aérien générera, au cours des deux prochaines décennies, « un potentiel de livraison de 460 turbopropulseurs cargos ». Ce potentiel inclut à la fois les conversions d’appareils et l’ATR 72-600F récemment lancé, « unique avion régional à sortir de la chaîne d’assemblage en configuration cargo ». Plusieurs facteurs permettent d’expliquer la forte demande attendue pour les turbopropulseurs selon ATR :
Création de route & croissance du trafic
L’aviation régionale s’est remarquablement développée, puisque 58 % des réseaux régionaux actuels dans le monde ont été créés ces 15 dernières années. Le développement des routes aériennes régionales a été « particulièrement intense entre 2012 et 2017 », ATR en étant l’un des principaux acteurs, avec une moyenne de plus de 100 nouvelles routes par an et un record de 155 nouvelles routes en 2017. À ce jour, la moitié des vols de moins de 330 NM dans le monde est opérée par des turbopropulseurs, de sorte que leur utilisation représente « la solution la plus économique en matière de consommation de carburant pour les trajets courts ». Les ATR sont particulièrement reconnus pour « leur efficacité écologique, leur consommation de carburant pouvant être jusqu’à 45% inférieure à celle des jets régionaux, et 30% inférieure à celle des turbopropulseurs concurrents ». Fort des succès rencontrés actuellement et récemment par les turbopropulseurs dans l’ouverture de nouvelles routes au moindre risque, ATR estime que ceux-ci offrent un potentiel de création de 2770 nouvelles routes dans les 20 années à venir. Au cours de cette période, le trafic régional devrait augmenter de 4,5% par an et en 2037, 30% de ce trafic devrait être généré par des routes encore inexistantes.
Connectivité & Responsabilité sociale
La connectivité aérienne joue un rôle essentiel dans le développement des économies locales. Ainsi, une augmentation de 10% des vols permet à son tour de générer « une augmentation de 5% du tourisme, de 6% du PIB régional et de 8% des investissements étrangers directs ». Référence mondiale sur le marché des avions régionaux, ATR jouera ainsi un rôle majeur en soutenant le développement social. Les turbopropulseurs sont primordiaux pour relier les communautés à travers le monde : 36% des aéroports commerciaux s’appuient en effet exclusivement sur les turbopropulseurs, et 50% exclusivement sur les avions régionaux.
ATR est déjà reconnu pour son éco-efficacité. Comparés à des jets régionaux de taille équivalente, les ATR de dernière génération émettent jusqu’à 40% de CO2 de moins. Les turbopropulseurs continueront donc de jouer un rôle fondamental dans la réduction de l’impact de l’aviation sur l’environnement. Si tous les jets régionaux en service étaient remplacés par des turbopropulseurs sur des routes de moins de 500 NM, l’aviation régionale réduirait de 11% ses émissions totales de CO2. Les ATR sont par ailleurs souvent utilisés pour desservir des aéroports situés en zone urbaine, où leur faible empreinte sonore constitue un avantage environnemental supplémentaire.
Innovation dans les technologies de turbopropulsion
La capacité à innover constamment pour satisfaire aux exigences du marché s’avèrera également essentiel pour répondre à la demande de nouveaux turbopropulseurs à long terme. ATR a déjà fait ses preuves en la matière. En effet, outre le récent lancement de l’ATR 72-600F, version cargo de l’ATR 72-600, l’avionneur teste une version de l’ATR 42-600 offrant des performances améliorées au décollage et à l’atterrissage, lui permettant d’accroître encore son accessibilité et sa capacité à ouvrir de nouvelles routes et de nouveaux marchés. Le constructeur développera également davantage la flexibilité opérationnelle de ses appareils grâce au nouveau système ClearVision. Cet équipement, une première dans l’aviation commerciale, actuellement au stade de la certification, améliore la visibilité et la conscience situationnelle des pilotes. Le développement des services et du support client, ainsi que leur digitalisation progressive, constitueront un facteur-clé dans le succès des turbopropulseurs au cours des prochaines années. Les services proposés par ATR, qui compte à ce jour une flotte en opération de plus de 1100 appareils, représentent environ 20% de son chiffre d’affaires total, et « devraient connaître une augmentation de 10% par an ».
ATR est un partenariat à parts égales entre Airbus et Leonardo, deux acteurs majeurs de l’industrie aérospatiale. Les nouvelles Prévisions de Marché sont disponibles sur le site internet d’ATR.
B744 a commenté :
3 juillet 2018 - 10 h 48 min
Est ce que ATR travaille sur l’amélioration des performances en CROISIÈRE ? La vitesse de ces avions étant un gros point négatif. Un minimum de 280 kts IAS en croisière à des niveaux de l’ordre du 220 à 260 devrait être la cible afin d’améliorer les conditions de voyage sur ces routes régionales.
ATR a commenté :
3 juillet 2018 - 13 h 57 min
Plus rapide serait certes un atout en + mais de là à dire GROS point négatif me paraît exagéré.
550 KM/h = c’est déjà pas mal.
Ce sont des avions économiques, pour des trajets plutôt courts.
On ne peut pas attendre beaucoup plus, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre.
B744 a commenté :
3 juillet 2018 - 17 h 46 min
Pour avoir pas mal pris une ligne 100% ATR pendant de nombreuses années, y compris en JPS de temps en temps…c’est le poitn négatif évoqué par les PAX et les PN. Quand en hiver vous prenez un petit vent de face de 120 km/h (ce qui est courant à ces altitudes moyennes), vous n’avancez plus. De plus les régulations dans les grosses TMA style Paris sont problématiques car si vous réduisez les réacteurs à 240 kt, ça pourrit leurs perfos. Un ATR “écologique”, c’est assez marrant parce qu’en conso au siège, c’est très loin des avions modernes avec des conso de l’ordre de 5l/100km/PAX, là où on est sous les 4 pour des opérateurs de 320/737 ou autres…
NDR a commenté :
3 juillet 2018 - 16 h 35 min
Voici les moteurs des ATR de demain qui vont allier vitesse et économie :
https://www.capital.fr/entreprises-marches/les-moteurs-davion-du-futur-vont-vous-surprendre-et-surtout-economiser-de-lenergie-1248160
Euclide a commenté :
3 juillet 2018 - 12 h 21 min
ATR peut toujours rêver vu que la 3 ème guerre est pour bientôt
atplhkt a commenté :
3 juillet 2018 - 13 h 01 min
@ EUCLIDE
La pertinence, tant sur le fond que dans la forme, de votre commentaire ne semble guère avérée.
Euclide a commenté :
3 juillet 2018 - 14 h 47 min
Encore un contributeur qui ignore que ce qu’il vit va cesser bientôt.
voyageurfreakent a commenté :
3 juillet 2018 - 15 h 32 min
Aucune nouveauté technique réelle. L’ATR 92 reste bloqué par les maisons mère.
Le Q400 vole plus haut, plus vite, avec plus de capacité. ATR s’encroûte…
L'ATR se vend bien plus facilement... a commenté :
3 juillet 2018 - 19 h 07 min
Vrai mais faut aussi citer deux inconvénients :
_ Plus cher à l’achat
_ Consomme plus
L’ATR se vend bien mieux, donc ne s’encroûte pas tant que ça !
(a triplé ses commandes en 2017 ! ! !)
Comparaison Q400 30 livrés en 2017 et 80 ATR livrés.
Bon, le Q400 s’enroûterait-il d’une autre manière ?
Voler plus haut, c’est bien joli mais ça sert à quoi ?
NDR a commenté :
3 juillet 2018 - 19 h 35 min
+1
Et surtout crée des solutions pour les petits aerodromes des villes villes insulaires comme en Asie.
Vrai mais.... a commenté :
3 juillet 2018 - 20 h 08 min
Si les lignes desservies ne nécessitent ni d’aller plus vite vue leurs petites distances, ni d’aller plus haut vu le temps de vol,ni d’emporter plus de monde vu le trafic moyen, alors à quoi vous servent ces performances supplémentaires du Q400???
voyageurfreakent a commenté :
3 juillet 2018 - 23 h 00 min
Ça servirait à remplacer des jets, sur une plus longue distance que celle pour laquelle le 72 est optimisé, et de façon plus économique… d’où le veto d’Airbus