Dennis Muilenburg, directeur général de Boeing a déclaré voir une «excellente complémentarité stratégique» dans une reprise possible de l’avionneur brésilien Embraer, mais l’opération n’est pas essentielle pour le groupe nord-américain.

« Nous travaillons là-dessus depuis de nombreuses années », a déclaré M. Muilenburg, rejetant les informations selon lesquelles Boeing est préoccupé par le récent accord entre son concurrent européen Airbus et le constructeur canadien Bombardier.

« Si nous pouvons faire une bonne affaire et ajouter de la valeur ajoutée à nos clients et à nos entreprises, nous le ferons », a déclaré M. Muilenburg lors d’une conférence organisée par Citigroup à Miami. « Si nous n’y arrivons pas, cela ne change pas notre stratégie. C’est un excellent complément à notre stratégie, mais ce n’est pas une nécessité absolue. » 

Rappelons que la cession d’Embraer au nord-américain Boeing soulève de vives réticences politiques au Brésil. Afin d’en dénoncer et d’en empêcher la vente, le député de Sao Paulo PT (Parti des Travailleurs) Carlos Zarattini a ainsi déposé une motion à la Chambre invitant les ministres de la Défense Raul Jungmann et Fazenda Henrique Meirelles à clarifier l’état des négociations. Bien qu’Embraer soit privatisé, le gouvernement a ainsi via la « Golden Share », le pouvoir d’opposer son veto aux changements stratégiques et empêcher cette vente

Selon le parlementaire, les termes du contrat ne sont pas connus du public, ce qui soulève encore plus d’inquiétude. Jusqu’à présent, la seule chose que l’on sache est que Boeing contrôlera jusqu’à 90% d’une nouvelle société qui recevrait la totalité de l’espace d’aviation commerciale d’Embraer à la fois, celui des avions régionaux et des avions d’affaires. « Avec cet achat, Boeing mettra fin à la concurrence d’Embraer et dirigera le marché mondial de l’aviation », a-t-il notamment déclaré le 21 février dernier.

L’annonce intervient alors qu’Airbus et Bombardier ont annoncé en octobre dernier la création d’un partenariat autour du programme CSeries, la prise de participation majoritaire de l’européen étant accompagnée par l’annonce du futur assemblage du monocouloir canadien aux Etats-Unis.