La compagnie aérienne low cost Ryanair va ajouter les minimaux sociaux du droit local aux contrats irlandais de ses PNC en Belgique. Un geste pas encore fait en Espagne, où le syndicat de pilotes SEPLA a décidé d’aller en justice.
Continuant sa politique de reconnaissance des syndicats, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a fait le 8 février 2018 un geste envers ses hôtesses de l’air et stewards basés en Belgique. Dès le 1er avril selon la presse locale, les PNC pourront profiter d’une période de probation de 6 mois, et d’un congé de maternité de 15 semaines payé par la Sécurité sociale belge : au moins 9 semaines de congé doivent être prises après la date de naissance du bébé, tandis que le père a lui droit à un congé de dix jours. Un congé parental de 4 mois est également prévu pour les équipages.
Côté salaires, Ryanair a établi pour son personnel basé dans les aéroports belges une nouvelle prime : depuis le 1er janvier, la compagnie offre un « bonus de productivité » pouvant aller jusqu’à 1800 euros supplémentaires par an pendant trois ans ; payable en janvier 2019, il est cependant sous condition de n’avoir aucune absence et d’être toujours employé au 31 janvier prochain. Cette prime vient en plus d’une augmentation de salaire de 450 euros par an et par personne (sur la base de 900 heures de travail) et d’une une autre augmentation de 250 euros. A partir d’avril 2019, les salaires devraient de nouveau être relevés de 450 euros par an.
Les syndicats belges restent prudents : « Ryanair décide d’intégrer le droit social belge, mais ne reconnaît toujours pas les représentations syndicales », souligne Didier Lebbe, permanent de la CNE à Bruxelles, dans Le Soir, Yves Lambot (CNE-Hainaut) reconnaissant toutefois qu’il y a « effectivement une ouverture » même si des points restent « à éclaircir ».
Si les négociations avancent en Belgique, cela semble ne pas être le cas chez les pilotes en Espagne : le syndicat SEPLA a annoncé l’ouverture de poursuites en justice contre Ryanair, deux plaintes étant déposées en Haute Cour au nom de 500 des 800 pilotes basées en Espagne pour non-respect du droit du travail d’une part, et sur la régularisation des contractuels de l’autre. Dans une lettre adressée à ses membres, le syndicat explique qu’il faut être naïf pour croire que la low cost veut « réellement changer des relations sociales toxiques ». Il est « désormais clair que Ryanair n‘a pas l‘intention de négocier avec les représentants des pilotes tant qu‘elle n’est pas contrainte de le faire », affirme le SEPLA, après les déclarations du CEO Michael O’Leary la semaine dernière à propos d’exigences « risibles » de certains pilotes.
La low cost a réagi en rappelant que la Cour d’appel de Valence avait l’année dernière jugé que les tribunaux espagnols ne sont pas compétents en matière d’emploi des pilotes et des PNC. « Nous sommes parfaitement en règle avec les lois européennes et espagnoles », a ajouté une porte-parole dans The Irish Independent, avant d’ajouter que si le SEPLA « veut finaliser une augmentation de 20% des salaires des pilotes, il devrait commencer par répondre aux courriers envoyés par Ryanair les 17 et 24 janvier plutôt que de fuiter des informations erronées dans la presse ».
Toujours en Espagne, on notera que ce même syndicat vient de signer une nouvelle convention collective de deux ans avec les pilotes de Norwegian Air Shuttle, qui aura 33 avions opérés depuis 8 bases dans le pays cet été. La DRH de la low cost norvégienne, qui vient d’obtenir un résultat similaire en Italie pour les pilotes de long-courrier, Helga Bollmann Leknes, parle d’un « accord très important posant les fondations d’une relation entre direction et employés cruciale pour la croissance du groupe ». Le SEPLA a souligné de son côté être « très satisfait que Norwegian reconnaisse que ses pilotes sont un avoir unique et de valeur », les équipages étant « une ressource importante pour gagner un avantage de compétitivité dan l’industrie aérienne ». Les membres du SEPLA doivent encore se prononcer sur l’accord annoncé ; les PNC avaient signé en juin 2017 selon le communiqué de Norwegian. Elle a transporté 8,46 millions de passagers en Espagne l’année dernière (+24%).
ROger Wilco a commenté :
9 février 2018 - 10 h 17 min
Incroyable…! Un congé de maternité ….! Mais ou va-t-on….?
Curieux pas un seul de commentateurs habituels pour étaler leur logorrhée anti syndicats….
En arriver à considérer que l’attribution d’un congé de maternité soit une avancée c’est admettre que cette entreprise fonctionne comme une mine de charbon du 19eme siècle .
C’est ça la modernité …? Le progrès ….?
On ne peut que constater avec regret que les relations sociales ne se fassent que dans l’établissement d’un rapport de force dit le SEPLA …. pas beaucoup de progrès de ce côté là .
Seule la force compte …. A qui la faute?
Voyageur a commenté :
9 février 2018 - 13 h 41 min
Personne sur les commentaires, ne remet en cause les syndicats ou les conges maternites, par contre une grande majorite souhaites des syndicats constructifs, realistes et sans revendications loufoques type s’ingerer dans le management et les choix strategiques de l’entreprise, en bref tout l’oppose du SNPL, malheureusement pour nous…
ROger Wilco a commenté :
9 février 2018 - 20 h 31 min
En quoi le fait que les salariés souhaitent s’intéresser et s’impliquer dans leur avenir vous paraît il loufoque…?
La capacité de décision doit être partagée entre les représentants des actionnaires et les représentants des salariés . C’est pourtant loin d’être le cas…
Bencello a commenté :
9 février 2018 - 11 h 09 min
Si Norwegian se met à syphonner aussi les PNT espagnol de Ryanair, on va pouvoir prévoir à nouveau des annulations de vols.
Il semble que le changement chez Ryanair soit plus difficile que prévu, en atteste la décision de cette dernière de supprimer la désserte de DOL suite au refus (salutaire) de la nouvelle région Normandie d’accorder sa subvention annuelle de 300 000€.
Etonnant non?
PasTouch a commenté :
9 février 2018 - 12 h 07 min
Tout ces avantages, c’est très bien pour le personnel de Ryanair, tant mieux pour eux. Mais chacun voit midi à sa porte : les clients de Ryanair, eux, craignent que cette générosité débridée se fasse à leurs dépens, c’est à dire qu’elle soit financée par une augmentation du prix des billets. C’est inacceptable.
ROger Wilco a commenté :
9 février 2018 - 13 h 42 min
@Pastouch
Si c’est du second degré il est particulièrement difficile à caractériser.
Si c’est de premier degré vous touchez le cœur du problème . Ce système venu du monde anglophone saxon qui veut absolument des prix bas quel qu’en soit le coût pour la société ne fait finalement les affaires que de quelques donneurs d’ordre . La concurrence effrénée fait baissee les salaires de tout le monde ( TOT OU TARD ) qui finit par faire baisser le pouvoir d’achat ainsi de suite .
Ce cercle vicieux ne se fait pas au profit de la plus grande masse c’est évident.
ROUPETTES DE LAPIN a commenté :
10 février 2018 - 10 h 35 min
Quand je donne de l’argent au peuple, il le dépense….. (MOBUTU)