Trois syndicats de PNC et deux de pilotes de la compagnie aérienne Air France ont rejeté l’accord salarial signé par la CFE-CGC et la CFDT, le rendant caduc. Un appel à la grève est déjà évoqué.

Une intersyndicale doit se réunir ce 8 février 2018 pour élaborer une plateforme de revendications commune, après le rejet de l’accord NAO (négociations annuelles obligatoires) par les cinq organisations représentant 52,6% des voix au sein de la compagnie nationale française. La CGT, le SNPNC/FO et l’UNSA chez les hôtesses de l’air et stewards, et le SNPL et le SPAF chez les pilotes, ont rejeté un accord salarial jugé « très largement insuffisant et inadapté aux attentes des salariés ». Ils demandent une augmentation d’au moins 6% (voire 10% chez les pilotes), ou de 200 euros par mois pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années, alors que l’accord annoncé par Air France ne mentionne qu’une hausse de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre pour tous, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions.

Le SNPNC souligne que ce droit d’opposition « est une première étape, par ce biais nous envoyons un signal fort à la Direction. Si elle ne souhaite pas entrer dans une nouvelle négociation, nous nous dirigerions vers la construction d’un rapport de force ». Le syndicat rappelle qu’une intersyndicale PS, PNT, PNC s’est déjà tenue la semaine dernière « où la menace d’un conflit a déjà été évoquée ». Air France a signalé aux organisations représentatives que les négociations sont closes et ne pourront pas être rouvertes, attisant un peu plus leur exaspération.

Un conflit « serait destructeur à un moment où la compagnie a retrouvé une dynamique de croissance lui permettant d’envisager une politique d’augmentation générale pour la première fois depuis 2011 », reconnait Air France dans un communiqué. La direction compte pour l’instant appliquer ces augmentations de façon unilatérale, mais étudie la possibilité de « préserver la proposition la plus favorable au bénéfice de l’ensemble des salariés », a-t-elle précisé à l’AFP. Selon Déplacements Pro, une nouvelle négociation « autour de 2,5 ou 3% serait jugée acceptable » par les syndicats, « au vu des bons résultats du groupe en 2017 ».

On notera que chez la compagnie-sœur au sein du groupe Air France-KLM, KLM Royal Dutch Airlines, le deuxième syndicat de PNC a voté contre la nouvelle convention collective proposée : 56% des membres de FNV Cabin Crew (15% des voix) se sont prononcé contre l’accord déjà accepté par VNC (70% des voix). La direction dit « espérer que FNV signera l’accord, mettant fin à une période particulièrement difficile ». En Allemagne, Lufthansa et Verdi sont tombés d’accord sur un accord de 33 mois offrant entre autres une augmentation de jusqu’à 6% (3% au 1er février, 3% au 1er mai 2019 si les résultats financiers suivent avec un minimum de 1,8% garanti) aux 28.000 employés au sol de Lufthansa, Lufthansa Cargo, Lufthansa Technik et LSG Sky Chefs. Cette convention collective est valable jusqu’au 30 septembre 2020. La compagnie avait signé avec ses pilotes en octobre dernier, après 14 grèves en trois ans.