Les contrôles des passagers aériens seront renforcées en Belgique au 1er janvier 2018, avec la mise en place du système PNR (Passenger Name Record). Ce système informatique permet d'enregistrer et de conserver les données fournies par les passagers aux compagnies aériennes à l'achat de leurs billets d'avion. Des données personnels qui sont, par la suite, accessibles aux autorités policières des pays membres de l'Union européen (UE). «  Dès le 1 er  janvier, le système sera d’application. On commencera avec Brussels Airlines, puis les autres compagnies suivront. Parallèlement à ça, il incombera aux compagnies de contrôler la correspondance entre le nom sur la carte d’identité et celui qui figure sur la carte d’embarquement  », a confirmé auprès du site belge Sudinfo.be le ministre belge de l'Intérieur, Jan Jambon. En avril 2016, le Parlement européen a adopté la directive relative à l’utilisation des données des dossiers passagers, le PNR donc, pour la prévention et la détection des infractions terroristes et des formes graves de criminalité. Ces données comportent différentes informations de tous les passagers : les noms ; les dates du voyage ; l'itinéraire ; le numéro du siège ; les données relatives aux bagages ; les coordonnées du passager ; le moyen de paiement utilisé. Comment fonctionnera le PNR européen ? La plupart des activités liées à la criminalité organisée et au terrorisme impliquent des déplacements internationaux. Dans ce contexte, le transfert et le traitement des données PNR permettraient aux autorités policières d'identifier des suspects qui étaient jusqu'alors inconnus de leurs services. Jusqu'ici, dans le cadre de la convention de Schengen, l'UE s’est déjà dotée de mesures permettant d'assurer la collecte et l'échange de données à caractère personnel entre les polices européennes, mais elles ne concernent que les données relatives aux personnes déjà suspectées. Par ailleurs, l'UE a déjà signé des accords visant à permettre aux transporteurs de l'UE de transférer des données PNR aux États-Unis, à l'Australie et au Canada. La directive européenne prévoit que les transporteurs aériens qui proposent des vols entre un pays tiers et le territoire d'au moins un État membre de l'UE pourront transmettre les données PNR aux autorités compétentes de cet État membre. Les transporteurs enverront ces données en utilisant la méthode dite "push", ce qui signifie que les États membres ne disposeront pas d'un accès direct aux systèmes informatiques des transporteurs. Les transporteurs aériens enverront ces données PNR à une unité unique désignée - unité de renseignements passagers - de l'État membre dans lequel le vol international est prévu. La directive s'appliquera aux "vols extra-UE", mais aussi, comme le demandait la France, aux "vols intra-UE" (c'est-à-dire d'un État membre à l'autre), à condition d'en informer la Commission européenne. Les pays de l'UE pourraient également choisir de collecter et traiter les données PNR des agences de voyage et des tour-opérateurs (opérateurs économiques autres que les transporteurs aériens) étant donné qu'ils gèrent aussi la réservation de vols. Les données PNR pourront être conservées pendant une période de cinq ans et trente jours.  Les États membres partageront les alertes créées à partir du traitement des données PNR, lorsque cela s'avère nécessaire pour la prévention, la détection, l'enquête et la poursuite d'infractions terroristes ou de criminalité grave (par exemple, la traite des êtres humains, le trafic de drogues ou la pornographie infantile). Par ailleurs, les États membres auront le droit de demander les données PNR d'un autre pays de l'UE dans le cadre d'une enquête spécifique. La directive européenne prévoit un certain nombre de garanties en matière de protection des données : les unités nationales de renseignements sur les passagers devront nommer un délégué à la protection des données chargé de contrôler le traitement des données PNR et de mettre en œuvre les garanties correspondantes; l'accès à l'ensemble des données PNR - qui permet aux utilisateurs d'identifier immédiatement le sujet des données - devrait uniquement être octroyé dans des conditions très strictes et limitées après la période de conservation initiale; et tout traitement des données PNR devra faire l'objet d'une trace documentaire. Enfin, il sera explicitement interdit de traiter des données à caractère personnel révélant l'origine raciale ou ethnique de l'individu, ses opinions politiques, sa religion ou ses convictions philosophiques, son appartenance syndicale, ainsi que les données concernant sa santé, sa vie sexuelle ou son orientation sexuelle. Quand le PNR sera mis en place en France ? Validé par le précédent gouvernement de Manuel Valls, le PNR fait partie intégrante de la nouvelle loi anti-terroriste proposée par le gouvernement d'Edouard Philippe qui a été adoptée le 18 octobre dernier par l’Assemblée nationale. Le PNR sera aussi donc mis en place prochainement en France.