La relaxe a été demandée par le parquet de la Cour d’Appel dans le procès opposant la compagnie aérienne Air France à Horia Ankour, militante pro-palestinienne débarquée en 2012 d’un vol Nice – Tel Aviv au motif qu’elle n’était ni israélienne, ni juive. Condamnée pour discrimination en avril dernier par le tribunal correctionnel de Bobigny à 10 000 euros d’amende et 3000 euros de dommages et intérêts, la compagnie nationale française avait fait appel tout comme le parquet. Horia Ankour, une étudiante-infirmière originaire de Carcassonne, avait embarqué le 15 avril 2012 avec d’autres militants de l’association Bienvenue en Palestine sur le vol AF4384 Nice – Tel Aviv, afin de participer à l’inauguration d’une école arabe à Bethléem. Se trouvant déjà sur son siège, elle avait été interrogée par une hôtesse qui voulait savoir si elle avait un passeport israélien, puis si elle était de confession juive. Ses réponses négatives avaient entrainé un débarquement d’office, expliquait Mme Ankour à l’époque des faits, ajoutant que sur les 29 militants présents, « 21 auraient été refoulés à l’aéroport de Nice à la demande des autorités israéliennes ».  Les autres avaient été arrêtés à leur arrivée à Tel Aviv, et expulsés trois jours plus tard. Air France et le parquet on repris en appel les arguments du premier procès : la compagnie avait alors justifié le débarquement de la passagère au départ du vol en soulignant qu'elle était sur une "liste noire de personnes indésirables" de l'immigration israélienne, et qu'elle n'aurait pas pu, de toute façon, entrer en Israël à son arrivée. Au nom de la Convention de Chicago, les compagnies doivent refuser l’embarquement de toute personne « déclarée inadmissible par le pays de destination ». Et selon Mme Ankour, le pilote lui avait dit que s’il décollait quand même, il prenait le risque d’être interdit d’atterrissage à Tel Aviv. Mais Air France a aussi reconnu une « erreur » dans la question sur la religion tout en niant toute discrimination, expliquant que le débarquement de dernière minute faisait suite à une demande tout aussi tardive d’Israël. Version contestée par les avocats de la plaignante, pour qui si Horia Ankour avait prétendu être juive elle n’aurait pas été débarquée. « Air France s'est comportée comme une filiale d'El-Al en s'asseyant sur le droit français », a dénoncé Me Goldberg sur FR3. L'arrêt a été mis en délibéré au 20 mai. Rappelons que la compagnie de l’alliance SkyTeam n’avait pas été la seule impliquée dans l’affaire : sur les 1500 militants attendus à Bethléem en avril 2012, plusieurs centaines figuraient sur des « listes noires » envoyées par Israël aux compagnies aériennes. Lufthansa, Turkish Airlines, Austrian Airlines ou les low cost britanniques Jet2.com ou easyJet (pour celles connues), s’y étaient également soumises.