Le NTSB, Bureau américain de la sécurité des transports, a confirmé le 2 août, y compris en publiant des photos, qu’on était passé de vraiment peu à côté d’une des pires catastrophes aériennes, quand les pilotes d’un A320 d’Air Canada le 7 juillet dernier ont tenté de se poser par erreur sur un taxiway de l’aéroport de San Francisco. Quatre autres avions étaient en train d’y patienter avant leur décollage.
Selon le NTSB, quand le vol 759 d’Air Canada en provenance de Toronto a survolé le premier avion de ligne, un Boeing 787 d’United Airlines, l'équipage d'Air Canada a annulé son atterrissage. Les pilotes ont demandé la toute la puissance des réacteurs pour un go-around. À ce moment-là, l'A320 se situait à seulement 85 pieds (26 mètres) au-dessus du sol. Deux secondes et demi plus tard, l'A320 a perdu encore de la distance par rapport au sol, jusqu'à 59 pieds (18 mètres) avant de reprendre de l’altitude, selon les données du NTSB. À titre de comparaison, la hauteur de la queue d'un 787 (qui stationnait au sol) est de 56 pieds.
Le deuxième avion de ligne sur le taxiway - un A340 de Philippine Airlines- avait allumé ses lumières d'atterrissage, apparemment pour se rendre visible pour le jet à son approche, a déclaré le NTSB. Deux autres avions Boeing, un autre 787 d’United et un 737-900ER étaient également sur le taxiway lorsque le jet d'Air Canada a commencé à reprendre de l’altitude.
Les pilotes de l’A320 d'Air Canada ont déclaré aux enquêteurs du NTSB qu'ils pensaient qu'ils étaient alignés avec la piste 28R lorsqu'ils sont arrivés en approche finale vers minuit. La piste parallèle 28L avait été fermée pour travaux et avait été éteinte à l'exception d'un «X» illuminé de 20 pieds. Les deux pilotes du vol d'Air Canada prévoyaientt bien (par erreur) de se poser sur le taxiway C, qui est parallèle à la piste 28R. Ils ont déclaré qu'ils ne se souvenaient pas avoir vu d'autres avions, mais ils ont interrompu l’atterrissage, parce qu’il leur semblait que quelque chose clochait , selon le NTSB. Le commandant de bord d'Air Canada avait plus de 20 000 heures de vol et près de 4 800 en tant que commandant de bord d'un A320. Son co-pilote avait 10 000 heures de vol.
Le pilote du 787 d’United sur le taxyway a appelé la tour de contrôle juste avant que l’A320 d'Air Canada n'abandonne son atterrissage, en demandant : « où va ce gars ? » Quelques secondes après, les deux pilotes d’Air Canada entamaient leur go-around, juste avant qu’un contrôleur aérien ne le leur demande. Toujours selon le NTSB, le système conçu pour surveiller le trafic au sol à San Francisco a perdu l'approche de l’A320 pendant environ 12 secondes, le re-capturant seulement au moment où il passe au-dessus du premier avion.
L'enregistreur vocal du poste de pilotage (CVR) d'Air Canada a été écrasé, a déclaré le NTSB qui enquête toujours sur l’incident. Enfin, il explique que cette mise à jour ne contient aucune conclusion finale sur les responsabilités de chacun.
Malgré des indices visuels devant permettre aux pilotes de ne jamais confondre piste et taxiway, de tels incidents, rarissimes, sont déjà arrivés. Ainsi, en 2009, un avion de Delta Air Lines avait atterri sur un taxiway de l'aéroport international Hartsfield-Jackson d'Atlanta et, en 2015, un avion d’Alaska Airlines avait atterri sur celui de l'aéroport international Seattle-Tacoma.
Photos, classées en ordre chronologique, du NTSB lors de l'arrivée de l'A320 au-dessus de l'aéroport.
Fcb1962 a commenté :
5 août 2017 - 13 h 23 min
Sont ce les vacances qui ralentissent les nouvelles…. Cette annonce est vieille….très vieille… Elle a été traitée par tous les média.. ..
Arnaud a commenté :
5 août 2017 - 15 h 56 min
Un article du 13 juillet en parlait.
Désormais il y a de nouveaux éléments qui proviennent du NTSB et qui datent de ce mercredi. Il y a eu un traitement de l’info (pas toujours correctement) dans la presse canadienne à partir de jeudi, et rien (ou quasiment) de ce côté-ci de l’Atlantique.
Personnellement, je préfère attendre 1 à 2 jours de plus et avoir quelque chose de correct…
B789 a commenté :
5 août 2017 - 15 h 02 min
Certains aéroports sont connus pour leur configuration pouvant entraîner une confusion entre piste et taxiway. Souvent d’ailleurs suis à la transformation de pistes devenues des taxiways (SOF, MAD …) mais cela’a jamais été le cas à SFO. Même avec la 26L fermée, clairement signalée et qui plus est par beau temps, une telle méprise est incompréhensible.
Justin Fair a commenté :
5 août 2017 - 19 h 11 min
Puissance TOGA affichée à 85 Ft et point bas de la trajectoire 59 Ft, c’est une remise des gaz plutôt vigoureuse pour un équipage pas forcément “go-around minded”! Heureusement !
Frenchpilot83 a commenté :
5 août 2017 - 21 h 56 min
À 3ft au-dessus de l’empennage du Dreamliner, ils étaient laaarge! ?
Frenchpilot83 a commenté :
5 août 2017 - 21 h 59 min
Si EasyJet cherche encore des gars, ceux-là ont des hallucinations mais sans prendre de substances… ?
Justin Fair a commenté :
6 août 2017 - 10 h 51 min
” le système conçu pour surveiller le trafic au sol à San Francisco a perdu l’approche de l’A320 pendant environ 12 secondes”
– Ce système, ASDE-X/ASSC, surveille uniquement le trafic des avions au sol, sur la piste et les taxiways, et ne pouvait pas “voir” l’avion en approche trop loin et à droite de l’axe de piste ( Rapport NTSB).
” L’enregistreur vocal du poste de pilotage (CVR) d’Air Canada a été écrasé”
A été ” effacé”, plutôt! Certainement une mauvaise traduction de “erase” qui peut donner “erasé” en bon franglais aéronautique.
“Malgré des indices visuels devant permettre aux pilotes de ne jamais confondre piste et taxiway, ”
Les balisages ( latéraux et lignes centrales ) ne sont pas les mêmes de forme et de couleur; avec des marques de seuil et une ligne d’approche ( de 2400 ft ) pour la piste 28R et étaient tous allumés. En revanche le rapport ne dit rien sur le fonctionnement ou pas de l’ILS 28R, qui est généralement affiché, surtout de nuit, pour contrôler ce type d’approche, même si elle est effectuée “à vue”.
Il y avait bien un NOTAM indiquant la fermeture de la 28L , ce qui était rappelé sur l’ATIS.
“Le commandant de bord d’Air Canada avait plus de 20 000 heures de vol (,,,). Son co-pilote avait 10 000 heures de vol.”
Comme quoi, malgré avec de nombreuses années de carrière derrière soi, on ne peut être à l’abri d’une erreur de débutant…