L’Association du transport aérien international (IATA) vient de démontrer une fois de plus sa position dominante -une position assimilée à un cartel économique selon les professionnels du voyage- dans la distribution de billets d’avion.
 
Dernier exemple en date, la fin brutale de l’agence de voyages en ligne Bourse-des-vols, comme l’a rapporté hier le site L’Echo Touristique. En 25 jours, l’IATA a poussé à la faillite un voyagiste français majeur qui a pignon sur rue depuis 27 ans et emploie 25 personnes. Comment ?
 
La société VIATICUM, maison-mère du site Bourse-des-Vols, a été placée la semaine dernière en liquidation judiciaire par décision du Tribunal de commerce de Paris. Pionnier du I-tourisme, l’agences de voyages a pourtant toujours affiché des bénéfices depuis 27 années.
 
Le 17 juillet 2023, VIATICUM a pris connaissance d’un message de l’IATA lui demandant de fournir une garantie bancaire représentant 80% de son chiffre d’affaires de 2022, malgré un exercice fiscal bénéficiaire. Face à l’impossibilité d’obtenir un délai de la part de l’IATA ou le soutien de ses partenaires bancaires, elle a été suspendue avec effet immédiat, dès le 16 août 2023, des droits à émettre des billets d’avion dans le système BSP (Billing and Settlement Plan), ce malgré plus de deux décennies de partenariat sans le moindre incident de paiement.
 
Les ventes de billets d’avion transitent obligatoirement par le BSP, une chambre de compensation mise en place et contrôlée par l’IATA, ce qui lui donne un droit de regard absolu sur la distribution. Privée de sa principale source de revenus -la vente de vols secs- VIATICUM a vu sa situation financière se détériorer à un rythme alarmant, conduisant à la décision du Tribunal de commerce de Paris d’opter pour la liquidation. En conséquence, VIATICUM a intenté une action en justice contre l’IATA pour rupture brutale de contrat, selon in formation du site TourMag.
 
Une action de justice soutenue par les Entreprises du Voyage (EdV), qui représente les agences de voyages en France : « Ce qui arrive à Bourse-des-vols, avec une demande de caution élevée, est inadmissible. Nous soutenons son action en justice, nous lui fournissons d’ailleurs des éléments pour son dossier », déclare le président des EdV, Jean-Pierre Mas, cité par L’Echo Touristique.
 
« Nous avions déposé un dossier sur l’IATA, il y a près de deux ans, auprès de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, NDLR), qui est resté lettre morte, affirme Jean-Pierre Mas, nous avions notamment développé tout un argumentaire juridique sur les relations complètement déséquilibrées entre l’organisme et la distribution, soit pour l’essentiel les agences de voyages. L’IATA manque de bon sens, applique des critères stricts qu’elle décide seule, sans aucune contrepartie. Nous soutenons donc toutes les actions qui peuvent la faire plier ».
 
A lire
« L’IATA est-elle vraiment une mafia ? », une enquête très bien documentée du journaliste Didier Forray et publiée par la revue Espaces Tourisme et Loisirs. Plusieurs mois d’investigation, des dizaines d’appels aux quatre coins de la planète, des révélations, des surprises… pour tout comprendre des méthodes parfois brutales de l’IATA et de ses relations avec les agents de voyages !
IATA versus Bourse des Vols : liquidation 1 Air Journal

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