Boeing a mis à jour ses prévisions de marché à l’horizon 2042, à 42.595 nouveaux avions appareils régionaux compris, dont la moitié serviront au remplacement de la flotte existante. La future compagnie aérienne Riyadh Air, qui a apporté son premier 787-9 Dreamliner, ne passera pas de nouvelles commandes durant le Salon du Bourget qui ouvre ses portes ce lundi, et il n’y aura pas de version fret du 777-300ER.

Après Airbus, au tour de l’avionneur américain de dévoiler ses dernières prévisions, qui évoquent également un doublement de la flotte : dans son étude intitulée 2023 Commercial Market Outlook (CMO) publiée le 18 juin 2023, Boeing estime que l’aviation commerciale aura besoin de 42.595 nouveaux appareils au cours des vingt prochaines années. La demande de voyages aériens « dépasse la croissance économique, tirée par le plein rétablissement des marchés intérieurs ; pour sa part, le trafic international retrouvera son niveau pré-pandémie d’ici à 2024 », souligne son communiqué ; et « près de la moitié des avions livrés au cours de ces deux prochaines décennies remplaceront des appareils vieillissants par des modèles plus économes en carburant, avec à la clé une baisse des émissions ».

La valeur totale de ces nouveaux avions est estimée à 8000 milliards de dollars, détaille encore Boeing ; pour leur part, les services commerciaux devraient totaliser 3800 milliards de dollars. La flotte mondiale va pratiquement doubler pour totaliser 48 600 avions, soit une progression annuelle de 3,5% ; et les compagnies aériennes remplacent environ la moitié de la flotte mondiale en optant pour de nouveaux modèles moins gourmands en carburant.

« L’industrie aéronautique a démontré sa capacité de résilience et d’adaptation après une période marquée par des perturbations sans précédent, au cours de laquelle les compagnies aériennes ont su relever les défis en rationalisant leurs flottes, en améliorant leur efficience et en capitalisant sur la résurgence de la demande », a déclaré Brad McMullen, senior vice-président, Ventes commerciales et Marketing de Boeing. « S’agissant de l’avenir du transport aérien, l’édition 2023 de nos prévisions souligne une nouvelle évolution du trafic passagers liée à l’essor mondial de la classe moyenne, aux investissements consacrés au développement durable, à la croissance continue des compagnies low-cost, ainsi qu’aux exigences du fret aérien en réponse à l’évolution des chaînes d’approvisionnement et au développement des services de messagerie express ».

Par ailleurs, Boeing anticipe une forte demande pour ces catégories d’avions au cours des deux prochaines décennies : avec plus de 32.000 unités, les nouveaux monocouloirs représenteront plus de 75% de l’ensemble des avions livrés, en légère hausse par rapport aux chiffres annoncés en 2022 ; les nouveaux gros-porteurs représenteront près de 20% des livraisons ; plus de 7400 appareils permettront aux compagnies de s’ouvrir sur de nouveaux marchés et de desservir les liaisons existantes avec une efficience accrue. La croissance du fret aérien demeurera supérieure à celle du commerce mondial ; les besoins d’avions dédiés au transport de marchandises sont évalués à 2800 unités, parmi lesquelles plus de 900 nouveaux gros-porteurs, ainsi que des conversions de monocouloirs et de gros-porteurs.

Projections de Boeing relatives à la demande dans les différentes régions et principales tendances jusqu’en 2042 :

  • les pays d’Asie-Pacifique représenteront plus de 40% de la demande mondiale, dont la Chine pour moitié ;
  • la flotte d’Asie du Sud va croître de plus de 7% par an, le taux le plus élevé au niveau mondial ; l’Inde totalisera à elle seule plus de 90% du trafic passagers de la région ;
  • l’Amérique du Nord et l’Europe représenteront chacune 20% environ de la demande mondiale ;
  • en 2042, les compagnies low-cost exploiteront plus de 40 % de la flotte de monocouloirs, contre 10 % il y a 20 ans ;
  • « écartées de la précédente édition du CMO en raison des incertitudes qui pesaient sur la région », la Russie et l’Asie centrale sont intégrées cette année à la zone Eurasie qui représentera environ 3% de la flotte mondiale à l’horizon 2042.

Boeing évalue le marché total des services commerciaux à 3800 milliards de dollars, incluant « les solutions numériques qui contribuent à l’augmentation de l’efficience et à la baisse des coûts ; la forte demande de pièces et solutions pour la chaîne d’approvisionnement ; l’utilisation croissante des solutions de maintenance et de modifications d’avions ; ainsi que la prestation efficace de formations élaborées pour améliorer la sécurité et soutenir la filière des pilotes et techniciens ».

Boeing : prévisions à 20 ans et Riyadh Airways 1 Air Journal

©Boeing

On retiendra aussi l’annonce de Riyadh Air, présente avec son premier 787 au Salon du Bourget : selon le CEO Tonay Douglas, la rumeur sur une prochaine commande « pas insignifiante » de monocouloirs ne sera pas confirmée durant le Salon du Bourget. Le CEO Tony Douglas a déclaré lors d’une conférence de presse que la compagnie saoudienne ne commandera rien dans l’immédiat, préférant se concentrer « sur le futur réseau, la concurrence et l’expérience des passagers ». Boeing mais aussi Airbus seraient dans la course.

Boeing : prévisions à 20 ans et Riyadh Airways 2 Air Journal

©Riyadh Air

Enfin Boeing a renoncé officiellement à lancer une version fret du 777-300ER, les coûts n’en valant pas la chandelle : Stephanie Pope, CEO de Boeing Global Services, explique que l’avionneur a accordé « une licence de propriété intellectuelle à trois fournisseurs sur le marché » (de la conversion). « Nous sommes partenaires et soutenons cela ». Boeing, qui prépare un 777-8F, fait de toute façon face aux nouvelles règles de l’Union européenne sur les émissions des nouveaux avions, qui fermeraient son marché au nouvel avion dérivé du 777-300ER. « Ce n’est tout simplement pas un domaine dans lequel nous pensons pouvoir investir pour offrir la valeur à nos clients. Il y a d’autres opportunités pour nous », a-t-elle ajouté.

Boeing : prévisions à 20 ans et Riyadh Airways 3 Air Journal

©GECAS