Avec un trafic moribond pour cause de pandémie de Covid-19, quelque 90.000 emplois dans le bassin Roissy-Charles-de-Gaulle, centré autour de l’activité du premier aéroport européen, sont menacés, relate un reportage de l’AFP.

Aujourd’hui on ne travaille pas, ça fait neuf mois, parce que l’activité aérienne est en stand by. A partir du moment où vous baissez l’activité, cela a automatiquement un impact sur les sous-traitants“, constate Manuel Goncalves, délégué CGT de Servair, première entreprise française de restauration aérienne, filiale d’Air France-KLM. Un accord de performance collective, qui rogne notamment sur les congés et les avantages du personnel, a été signé fin novembre, pour assurer la “survie” de Servair qui a enregistré une “baisse brutale de plus de 80%” de son activité à cause de la crise sanitaire.

La crise sanitaire a bouleversé l’activité auparavant florissante de l’ensemble de la plateforme aéroportuaire parisienne. Le nombre de passagers a été divisé par dix, chutant de 200.000 à 20.000 par jour en moyenne. Seul le fret tire son épingle du jeu, porté par les livraisons en tout genre, notamment les masques et désormais les vaccins.

Le gestionnaire ADP (Aéroports de Paris) va supprimer 11% de ses effectifs. Air France, autre pilier de la plateforme, a annoncé en juillet sa volonté d’amputer ses effectifs et ceux de sa filiale Hop! de 7.580 postes d’ici à la fin 2022. Par ricochet, l’ensemble des entreprises connexes se retrouvent prises dans ce maelström. “Toutes souffrent, à des niveaux différents“, assure Pascal Doll, président (DVD) de la communauté d’agglomération Roissy Pays de France.

Pour nous, c’est un peu la catastrophe sociale. Là, ça tient par des fils parce que le chômage partiel fait passer l’effet de décalage” entre la baisse d’activité et les conséquences sur l’emploi, maugrée le cégétiste chez Servair, Manuel Goncalves, qui déplore l’absence de “contreparties” de la part d’Air France à qui l’Etat a accordé 7 milliards d’euros d’aide.

Des signaux nous disent que les entreprises commencent à ajuster, car même s’il y a une reprise du trafic, ça va mettre des mois avant de revenir au niveau d’avant la pandémie“, souligne Eric Lamy, secrétaire général de l’union locale CGT de Roissy, qui craint l’arrivée de plans sociaux en début d’année. “On a peur que l’impact soit des milliers d’emplois supprimés sur la plateforme, sans compter tous les travailleurs précaires qui ont vu dès le mois de mars leur mission arriver à terme“, déplore-t-il. Un emploi supprimé chez Air France entraîne “la suppression de trois à cinq postes dans la sous-traitance“, estime-t-il.

Dans le Val-d’Oise, “pour l’instant il y a très peu de procédures, le tribunal de commerce ne constate pas d’afflux“, nuance Xavier Delarue, préfet délégué pour l’égalité des chances. L’avenir des entreprises dépendra en partie de “la vitalité de la reprise” et de la façon dont vont s’arrêter les mécanismes d’aides, esquisse-t-il.

Si les digues tiennent encore bon grâce aux mesures prises par l’Etat (prêt garanti et chômage partiel), certaines brèches apparaissent déjà. Deux hôtels, le Moxy à Charles-de-Gaulle et le Courtyard-Marriott au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), une commune limitrophe, ont mis la clé sous la porte. Chez Onet, sous-traitant spécialisé dans l’assistance aéroportuaire dont la gestion des bagages, seuls quelque 10% des 400 salariés travaillent actuellement.

Crise sanitaire et sociale : 90.000 emplois menacés à Roissy-CDG 1 Air Journal

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