La société de leasing ALAFCO a finalement trouvé un accord avec Boeing pour réduire de moitié sa commande de 737 MAX, tandis que la compagnie aérienne Aeroflot négocie avec Airbus le report de livraison d’un an ou deux des A350-900 pas encore livrés. Dans le rouge, Embraer a de son côté confirmé le report à 2023 du lancement du E175-E2.
La plainte déposée en avril 2020 à Chicago par la société de leasing koweïtienne ALAFCO (Aviation Lease and Finance Company) a été retirée après l’accord conclu avec Boeing : la commande 737 MAX 8, portée à 40 exemplaires en novembre 2017, est finalement réduite à 20, l’avionneur américain devant rembourser tous les frais engagés pour les premiers vingt. ALAFCO réclamait 336 millions de dollars pour rupture de contrat, en l’occurrence le refus de rembourser une avance pour sa commande annulée en mars dernier.
Au 30 juin 2020, avant donc de règlement à l’amiable, Boeing estimait à 19 milliards de dollars le coût total de l’immobilisation au sol de tous ses monocouloirs remotorisés en mars 2019, suite à deux accidents ayant fait 346 victimes chez les compagnies aériennes lion Air puis Ethiopian Airlines.
En Russie, le CEO d’Aeroflot a confirmé mener une négociation avec Airbus sur un report « probablement d’un an ou deux » des livraisons des 21 A350-900 encore attendus. « Nous négocions… Aujourd’hui, nous n’avons nulle part où les mettre », a déclaré Vitali Saveliev à l’agence TASS. Le dirigeant de la compagnie nationale russe négocie également un « transfert des paiements », les contrats de leasing ne pouvant pas être annulés.
Aeroflot, membre de l’alliance SkyTeam aux côtés d’Air France-KLM a aménagé ses A350-900 pour accueillir 28 passagers en classe Affaires, 24 en Premium et 264 en Economie, soit 316 sièges au total (14 de plus que dans ses plus denses A330-300 qu’ils devraient remplacer progressivement). Le premier exemplaire (VQ-BFY) a été livré en mars dernier, et le troisième assemblé (VP-BXA) s’est envolé mardi de Toulouse pour être parqué à Châteauroux.
The 3rd Aeroflot #A350 named "A. Vasilevsky" leaving Toulouse for Chateauroux for storage this morning. 🇷🇺 #AvGeek #Russia pic.twitter.com/zgglyTuouz
— Aviation Toulouse (@Frenchpainter) August 4, 2020
Au Brésil, Embraer a annoncé hier pour le premier semestre une perte nette de 607,3 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires de 1,17 milliard en baisse de près de 50%. Et « compte tenu des conditions actuelles du marché de l’aviation commerciale à la suite de la pandémie de Covid-19 », l’avionneur a confirmé le report du début des opérations du E175-E2 jusqu’en 2023, alors que le nouvel avion était censé entrer en service l’année prochaine après un vol inaugural en décembre dernier.
Embraer « poursuit le développement de l’avion, sur un calendrier adapté », précise son communiqué, mais estime que le E175-E2 aura toujours « un rôle important à jouer » une fois que la demande de jet aura redémarré. Mais ce modèle n’a enregistré aucune commande à ce jour, contrairement à ses grand-frères E190-E2 et E195-E2 (25 et 148 respectivement à la fin juin). Le E175 a de son côté un backlog de 159 appareils, 639 ayant été mis en service fin juin ; il reste proposé à la vente. La rumeur d’un abandon du programme E175-E2 continue de circuler, depuis l’annonce en janvier d’un projet d’avion turbopropulsé avec Boeing, projet relancé après l’échec de leur partenariat en juin avec d’éventuels partenaires chinois ou russes.
Bencello a commenté :
7 août 2020 - 1 h 24 min
La situation de Embraer est catastrophique, en comparaison de celle de Airbus et Boeing. Une perte représentant la moitié du CA reste quelque chose d’insoutenable pour l’entreprise. Les soutien national risquant d’être modeste, la compagnie va passer une année 2020 cruciale pour sa survie future.
Et vue la situation locale, le marché sera l’un des derniers à repartir. Qui aujourd’hui risquerait d’envoyer ses équipes au Brésil pour réceptionner un appareil ?
La survenue d’un “chevalier blanc” devra s’accompagner de vente, même partielle de certaines divisions.
Ce qui était déjà vrai avant la pandémie l’est encore plus aujourd’hui.
GVA1112 a commenté :
7 août 2020 - 7 h 15 min
L’échec des négociations avec Boeing fera encore plus de dégâts.
Ils n’ont pas eu la même chance que celle de Bombardier, se positionner avec un constructeur majeur comme Bombardier avec Airbus.
Mais admirons leur parcours, semé d’embûches, ils sont arrivés à de beaux avions.
La marché a besoin d’eux pour stimuler la concurrence dans cette catégorie d’avions.