Le gouvernement français a présenté mardi son plan d’aide au secteur de l’aéronautique, plus de 15 milliards d’euros étant mis sur la table pour venir au secours d’une industrie sinistrée par la pandémie de Covid-19 – en incluant les 7 milliards déjà promis à la compagnie aérienne Air France.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a décrété ce 9 juin 2020 « l’état d’urgence pour sauver l’industrie aéronautique » et lui permettre d’être « plus compétitive » et « plus décarbonée ». En expliquant que si cette intervention de l’état avait été plus tardive, un tiers des emplois de la filière auraient disparu, soit « 100.000 environ sur les 300.000 emplois directs et indirects de la filière ». Les 8 milliards d’euros hors Air France couvriront des mesures allant des moratoires pour le remboursement des emprunts au maintien du dispositif de chômage partiel, de l’avancement de commandes militaires à un investissement dans la recherche et développement, en passant par la création d’un fonds d’investissement par l’Etat, Airbus, Dassault, Safran et Thalès pour soutenir les petites entreprises.

Un moratoire d’un an pour rembourser leurs emprunts auprès des banques est accordé aux « autres » compagnies aériennes afin de ménager leur trésorerie. Et la France va essayer de convaincre la Commission européenne de faire passer de 6 à 18 mois le délai de remboursement des nouveaux crédits pris pour acheter des avions neufs.

Le prolongement du chômage partiel chez les entreprises de l’aéronautique est acquis, mais les détails ne seront connus qu’à la fin de la concertation avec les partenaires sociaux, dans une dizaine de jours.

Un fonds d’investissement, d’une valeur espérée d’un milliard d’euros à la fin de l’année, va être créé « pour renforcer les PME et les ETI, les faire grandir, moderniser les chaînes de production, et les rendre plus compétitive », a détaillé Bruno Le Maire. L’Etat l’abondera à hauteur de 200 millions via la banque BPIfrance, la même somme étant ajoutée par « quatre grands industriels » – Airbus, Dassault, Safran et Thalès donc, afin de protéger les entreprises stratégiques du secteur. 100 millions d’euros supplémentaires seront fournis par un gestionnaire de fonds, qui sera choisi par appel d’offres.

Le ministère des Armées va avancer à cette année des commandes prévues plus tard, à hauteur de 600 millions d’euros, a annoncé de son côté la ministre Florence Parly : trois Airbus A330-MRTT et 8 hélicoptères H225M-Caracal, mais aussi un avion léger de renseignement et des drones destinés à la Marine. 

Pour soutenir la recherche et développement, quelque 1,5 milliard d’euros d’aides publiques seront investis sur trois ans, par le biais du Conseil pour la recherche aéronautique civile. Mais cela fait aussi partie des conditions aux aides de l’Etat : cet argent devra servir à « parvenir à un avion neutre en carbone en 2035 » selon Bruno Le Maire, plutôt qu’à l’horizon 2050 généralement évoqué, « notamment grâce au moteur à très haut taux de dilution et au recours à l’hydrogène ».

Il s’agit d’une « une accélération de 10 ans par rapport aux objectifs initiaux de la filière. Cela nous permettra de fixer les nouveaux standards mondiaux de l’avion bas carbone », a estimé la ministre de la Transition écologique Elizabeth Borne.

Plus floues sont les obligations annoncées pour Air France de renouveler sa flotte « en achetant des avions neufs auprès d’Airbus » (elle attend une centaine d’A220 et A350, le dernier Boeing 787 arrivant bientôt), ou « la charte » convenue avec les grands groupe industriels « pour préserver au maximum les emplois en France », qui doit définir les « bonnes pratiques et les relations commerciales » avec leurs fournisseurs.

Aides d’Etat : 8 milliards pour l’aéronautique française 1 Air Journal

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