La société de leasing SMBC Aviation Capital a annoncé le report à 2025-2027 des livraisons de 68 737 MAX, tandis que la compagnie aérienne Qatar Airways, « la plus grande au monde » actuellement, menaçait Airbus et Boeing de représailles s’ils refusaient de repousser les prochaines livraisons.
L’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’industrie aéronautique n’est plus à prouver, avec déjà de nombreuses annulations de commandes et reports de livraison. Dernier en date, celui annoncé le 3 juin 2020 par SMBC Aviation Capital lors de la présentation de ses résultats annuels : les livraisons de 68 Boeing 737 MAX sont repoussées jusqu’à 2025-2027, sans plus de précision. La société de leasing japonaise a commandé 133 monocouloirs remotorisés américains, dont la commande alors record pour 80 exemplaires annoncée en 2014. Elle est aussi client des Airbus A320neo.
SMBC précisait ce matin que son bénéfice avant taxe avait progressé de 5,8% pour l’année close au 31 mars, à un « niveau record » de 364,5 millions de dollars. Mais elle évoque une croissance des revenus de location (+3,7% à 10,6 milliards de dollars « moins forte que prévu en raison de l’immobilisation des MAX et des retards de livraison des neo ». Les avions de « nouvelle technologie » représentent désormais 48,3% de son portefeuille, contre 37% à la même période l’année dernière (au total 290 avions détenus et 190 gérés, plus des engagements d’achat pour 300 appareils supplémentaires).
During this crisis more people have chosen to fly with us than any other airline, and we appreciate the trust you have placed in us. We have become the largest global carrier flying over 50M km to repatriate over 1.8M passengers on over 15,000 flights. https://t.co/isTafXhWsx pic.twitter.com/i0JkLEbPhD
— Qatar Airways (@qatarairways) June 2, 2020
Côté compagnies aériennes, Qatar Airways a déjà annoncé vouloir réduire ses effectifs d’un cinquième en raison de l’impact de la pandémie, une cinquantaine d’avions devant être cloués au sol pendant au moins trois ans. Des discussions sont en cours avec Airbus et Boeing pour le report de toutes les nouvelles livraisons d’ici 2023, soulignait-elle le mois dernier, mais cela n’a pas l’air de se dérouler comme prévu. Interrogé par l’agence Reuters, le CEO Akbar Al Baker a déclaré mercredi qu’il prévenait les deux constructeurs contre toute résistance à ses besoins. « Nous espérons » qu’ils vont accéder à nos requêtes, mais ils n’ont « pas d’alternative : s’ils rendent les choses difficiles, nous nous en souviendrons et ne ferons plus affaires avec eux ».
La compagnie basée à l’aéroport de Doha attend 40 A321neo, dix A321LR, 29 A350-1000 supplémentaires, ainsi que dix 777-8, cinquante 777-9 et 23 787-9 supplémentaires.
Qatar Airways a d’autre part annoncé hier être désormais la « plus grande compagnie aérienne au monde » : alors que de nombreuses rivales « ont été forcées ou ont choisi » de suspendre leurs opérations, elle rappelle qu’elle a maintenu pendant la crise sanitaire un réseau « robuste et agile » aidant à ramener plus de 1,8 million de passagers chez eux sur plus de 15.000 vols. La compagnie aérienne a également travaillé « en étroite collaboration avec les gouvernements et les entreprises du monde entier » pour exploiter plus de 220 charters et vols extra-sectoriels, afin de « réunir plus de 62.000 personnes avec leurs proches » (y compris en France). Alors que la reprise mondiale commence, Qatar Airways annonçait le mois dernier vouloir « reconstruire progressivement son réseau », pour proposer des vols vers 80 destinations à la fin juin.
lyonnnais a commenté :
3 juin 2020 - 10 h 13 min
Qatar n’a-t-elle pas obtenu des droits d’ouverture de lignes en compensation des achats chez Airbus ? Si c’est le cas, la fermeture de ces lignes devra être mis aussi dans la balance, non ? D’ailleurs, ces compensations en ouverture de ligne se fait par l’Europe pour Airbus… jamais par les USA pour Boeing ..!! Si Qatar menace de ne plus acheter de Airbus, L’Europe peut aussi menacer de fermer l’accès à son territoire aux compagnies du moyen-orient : Qatar n’y survivrait probablement pas ! A l’Europe de savoir (enfin?) se faire respecter !
pierre a commenté :
3 juin 2020 - 14 h 56 min
Très drole.
Qatar demande un report, pas des annulations.
Anna stazzi a commenté :
3 juin 2020 - 10 h 37 min
La boîte est moribonde, ne survit que par le fait du prince local, et le chef de la cie « menace » de représailles ses fournisseurs..
C’est très pro.
S’il laisse Airbus et Boeing pour les raisons qu’il invoque, il pourra se rapprocher des Russes et Chinois.
Nul doute que le concurrent des A350 et 787 aura enfin vu le jour, capable de déchirer le ciel, laissant Virgin Galactic au rayon brocante.
En attendant, durant son speech, le chef a-t-il abordé les pertes de la boutique ? Problème autrement plus actuel pour ses fournisseurs que les élucubrations caractérielles d’un gars manquant manifestement d’arguments crédibles.
Et en même temps... a commenté :
3 juin 2020 - 13 h 29 min
Si ce monsieur s’imagine que sans Airbus ni Boeing lui et sa compagnie iront très loin, alors je le plains: ce serait une ENORME preuve de son absence totale de discernement!
Mais le cas échéant, il se pourrait que ce soit nous, les clients, qui décidions de “ne plus faire affaire” avec QATAR….A lui de voir.
Jo Corbeau a commenté :
3 juin 2020 - 11 h 45 min
Aucune menace n’est légitime .
Tout les autres vont lui emboité le pas.
C’est tout bonnement le discours d’un CEO qui n’a pas d’autres choix que de mettre en avant la crise de falafels pour retarder les commandes pré CVD …
flydreamer a commenté :
3 juin 2020 - 13 h 34 min
“Le client est roi” ; ici c’est un émir en l’occurrence. Tout en étant ni pour ni contre cette façon de faire de cette compagnie, il faut faire avec.
Airbus ou Boeing pouvant se passer d’un tel client sans que celà les coulent ? Bien sûr que oui. Mais en affaire, pour ceux qui travaillent dans le commercial, ils emploient l’art et la manière de faire affaire avec tout ceux qui procurent du cash, autant les clients agréables que les clients difficiles, pénibles ou capricieux.
HERVE a commenté :
3 juin 2020 - 15 h 15 min
Il ne faut pas oublier que Qatar est un des plus gros client Airbus ou Boeing. Une très grosse commande de A350 chez Airbus, un gros client pour le 787 et le 777X.
Si Qatar annule sa commande de 777X, Boeing peut arreter immédiatement le développement de cet avion. Aucune rentabilité ne sera possible.
Shôgun a commenté :
3 juin 2020 - 19 h 59 min
« Si Qatar annule sa commande de 777X, Boeing peut arreter immédiatement le développement de cet avion. Aucune rentabilité ne sera possible. »
Dans ce cas, il faut que Boeing arrête immédiatement, car Qatar n’honorera pas sa commande. Cette compagnie est au bord du gouffre.
@SHOGUN a commenté :
4 juin 2020 - 21 h 58 min
Vous connaissez aujourd’hui une compagnie qui n’est pas au bord du gouffre ?
Tous les pays mettent en place des aides exceptionnelles.
Plus proche de nous, pour ne citer que Air France, elle n’est pas au bord du gouffre mais est tombée dedans !
Sans NOTRE argent, celui du contribuable, Air France est morte.
Après que le Qatar renfloue sa compagnie, il en a le droit et il ne sollicite pas l’argent de modestes contribuables français !
(Le Qatar est le pays qui a un des PIB par habitant les plus élevés, devant les USA et près du double de celui d’un français ! ! !).
La situation économique de la France est bien plus catastrophique, notre pays sera endetté sur plusieurs générations !
maillekeukeul a commenté :
3 juin 2020 - 16 h 10 min
Concernant Boeing pour son 777X, pas sûr qu’ils sachent se passer de Qatar…
ADJ a commenté :
3 juin 2020 - 13 h 42 min
Heureusement qu’Airbus et Boeing ne sont pas de sociétés qataries, sinon leurs CEO s auraient tout simplement été mis en prison….
Quand on pense que de grands capitaines d’industrie français , que dis je : de grands timoniers à la vision éternelle faisaient rire avec ce genre de blagues …
De là à conclure que la fabrication de élites françaises a dégénéré avec le temps , il n’y a qu’un pas que les événements récents poussent à franchir sans trop d’hésitation…
????? a commenté :
3 juin 2020 - 15 h 54 min
Il est où le rapport entre les diatribes de al Baker et la formation des élites françaises ou les capitaines d’industrie?
Adj a commenté :
3 juin 2020 - 23 h 27 min
Lire entre les lignes … ok?
C’est pourtant pas compliqué….
Dim a commenté :
3 juin 2020 - 17 h 25 min
Il va les acheter où ses long-courriers si il ne fait pas affaire avec Airbus et Boing?
Peut on se passer de Qatar? a commenté :
3 juin 2020 - 17 h 58 min
Et la réponse est: oui!
atplhkt a commenté :
4 juin 2020 - 7 h 11 min
Pour ce qui est de QATAR (avec AIRBUS et BOEING) Il est toujours plus intéressant de se référer dépêches de base (en l’occurrence celle de REUTERS du 2 juin) dont voici la traduction en Français :
“Qatar Airways a commandé des dizaines de milliards de dollars d’avions aux deux plus grands avionneurs du monde. Mais après une chute de la demande de transport aérien, elle affirme qu’elle n’a pas de place pour de nouveaux avions et qu’elle va plutôt réduire sa flotte d’environ 200 jets. M. Baker a déclaré qu’il espérait parvenir à des accords avec Airbus et Boeing, mais que la compagnie annulerait ses commandes si cela n’était pas possible. Il a également mis en doute une commande importante de Boeing 737 MAX, un modèle immobilisé au sol depuis les deux accidents mortels de l’année dernière.
Boeing a refusé de commenter. Airbus a déclaré que les discussions avec les clients étaient confidentielles. Les financiers de l’aviation affirment que les fabricants tiennent une main ferme dans ces discussions car ils ont des contrats contraignants, mais ont tendance à se méfier de nuire aux affaires futures”
Bencello a commenté :
4 juin 2020 - 9 h 31 min
Manifestement le Covid n’a pas rendu Mr Al-Baker Aphone.
Toujours les mêmes gesticulations de la part de cet adepte de la MOL attitude.
Etre capable en 1 an de reprocher aux constructeurs des retards de livraison, puis leur reprocher de freiner les reports de ces mêmes livraisons.
Et bien sûr les constructeurs incapables de répondre médiatiquement.
Je doute que ceux-ci soient aujourd’hui fermés à la discussion, bien que juridiquement ils soient en droit d’imposer ces livraisons.
On imagine le deal (logique) : on reporte mais on annule les pénalités de retard.
Plus que jamais, toutes les armes de la négociation sont sur la table et Mr Al Baker le fait savoir bruyamment.
A quand la commande d’embraer, d’ATR ou du virtuel C929 ?
QATAR airways a commenté :
4 juin 2020 - 22 h 11 min
2022 si la coupe du monde a lieu et on connaît une année de normalité, le PDG aura besoin d’avions.
60 B777-8-9 sans doute a t-il vu trop grand, ça fait beaucoup, surtout qu’il reste 52 350 & 787 à livrer…
Ni Boeing ni Airbus ne vont chercher à imposer des livraisons, le calendrier sera forcément adouci et certains commandes annulées. J’ai bien peur que ce soit les 777-X qui en fassent le plus les frais.
En tout cas, le fameux PDG Akbar Al Baker, sans Airbus & Boeing, ne reste plus beaucoup de choix ! En fait il ne peut pas se passer d’eux !