La compagnie aérienne low cost easyJet a détaillé ses prévisions pour la reprise des vols post-pandémie de Covid-19, et elles ne sont guère optimistes : seulement 30% des capacités seraient offertes cet été par rapport à l’année dernière, et fin 2021 sa flotte compterait 51 Airbus de moins. Elle va d’autre part lancer une consultation avec ses employés visant à réduire ses effectifs de près d’un tiers.
Alors qu’elle était quasiment à l’arrêt depuis la fin mars et prépare pour le 15 juin 2020 le redémarrage d’un « petit nombre de vols », essentiellement au Royaume Uni et en France et avec les mesures sanitaires idoines, la spécialiste britannique a expliqué ce jeudi dans un communiqué aux autorités des marchés que d’autres liaisons seront annoncées « à mesure que la demande de la clientèle augmentera et que les restrictions gouvernementales seront assouplies dans toute l’Europe ». Jusqu’à présent, les tendances des réservations sur les vols qui ont repris sont encourageantes et les indications de la demande pour l’été 2020 s’améliorent, « bien que partant d’une base faible ». Les réservations pour l’hiver sont « bien supérieures à la période équivalente de l’année dernière, en incluant les clients qui ont reporté des vols perturbés par le coronavirus pour des dates ultérieures », précise easyJet.
En ce qui concerne la capacité pour le quatrième trimestre 2020 (juillet-septembre), easyJet prévoit actuellement d’assurer environ 30% de la capacité prévue au quatrième trimestre 2019. Cette capacité « continuera d’être évaluée en fonction de l’évolution de la réglementation et de la demande des clients » : les équipes de planification commerciale et d’analyse des données « continuent à travailler sur différents scénarios de demande au fur et à mesure que nous avançons dans l’été et l’hiver 2020/21 ».
We're restarting some flights from 15 June 2020. We have put a number of biosecurity measures in place to protect you, our aircrew and our ground crew. Watch the video to find out more. pic.twitter.com/7eL6fKIwKy
— easyJet (@easyJet) May 26, 2020
A plus long terme, la taille de la flotte de la low cost à la fin de l’année 2021 « se situera dans la partie inférieure de notre fourchette », à environ 302 appareils soit 51 monocouloirs Airbus de moins qu’annoncé au marché avant la crise du Covid-19. Ce chiffre comprendra « environ 3 à 4% d’avions de réserve sans équipage en période de pointe » ; la réduction de la flotte sera réalisée grâce aux mesures précédemment annoncées, notamment le report des livraisons de 24 nouveaux avions « et la re-livraison des avions loués ».
Conformément aux projections de l‘IATA, easyJet estime que les niveaux de demande du marché observés en 2019 « ne seront probablement pas atteints de nouveau avant 2023 ». Le contrat de flotte conclu avec Airbus donne à easyJet « la flexibilité nécessaire pour réagir aux différentes circonstances et aux différents environnements de demande auxquels nous pourrions être confrontés dans la période à venir. Toutefois, en tant que compagnie aérienne à bas prix disposant d’un réseau solide, nous pensons être bien placés pour bénéficier des clients à la recherche d’un gage de valeur pendant cette période de reprise ».
Redimensionnement de la compagnie et de la structure des coûts
Afin de procéder à sa restructuration, easyJet lancera dans les prochains jours « un processus de consultation des employés » sur des propositions de réduction des effectifs jusqu’à 30%, afin de refléter la réduction de la flotte, « l’optimisation » du réseau et des bases, l’amélioration de la productivité « ainsi que la promotion de méthodes de travail plus efficaces ». Elle continuera en outre à prendre des « mesures décisives » afin de supprimer les coûts et les dépenses non critiques à tous les niveaux. Par exemple :
- Aéroports et assistance en escale – nos équipes sont en consultation active avec les aéroports et les prestataires d’assistance en escale concernant les contrats révisés pour réduire les coûts
- Maintenance – des mesures rapides ont été prises pour reporter les dépenses liées à la maintenance récurrente en raison de la réduction des vols et nos équipes poursuivent les discussions avec les fournisseurs
- Vente et marketing – nos équipes commerciales renégocient les dépenses avec nos agences et donnent la priorité aux activités les plus efficaces pour optimiser le trafic et les ventes alors que nous cherchons à redémarrer les vols
« Bien que nous ayons également pris des mesures de réduction des coûts dans le cadre d’easyJet Holidays, cette activité comporte une forte proportion de coûts variables qui s’adapteront aux recettes, et ne présente aucun risque », précise le communiqué.
Côté financements, deux prêts ont déjà été signés par easyJet, représentant un montant total de 400 millions de livres sterling. Ces deux prêts arrivent à échéance en 2022 et sont garantis par les actifs des aéronefs. « Nous avons également émis avec succès 600 millions de livres sterling de papiers commerciaux par le biais de la Covid Corporate Financing Facility (CCFF) et avons rapidement pu bénéficier d’une facilité de crédit renouvelable de 500 millions de dollars, garantie par les actifs des aéronefs », rappelle-t-elle. EasyJet continue en outre à travailler « auprès de bailleurs actifs, intéressés par l’acquisition d’avions composant la flotte d’easyJet sur une base de vente et de cessions-bails » (sale and leaseback). Des annonces sur l’avancement de ces engagements seront faites en temps voulu, les recettes attendues devant représenter entre 500 et 650 millions de livres sterling.
« Avec ces mesures, nous voulons nous assurer que notre entreprise sorte de cette crise encore plus compétitive, afin qu’easyJet puisse envisager l’avenir de manière sereine », a déclaré le CEO Johan Lundgren. « Nous sommes conscients que nous traversons une période critique ; nous devons prendre des décisions très difficiles qui impacteront nos équipes. Notre objectif demeure de protéger autant d’emplois que possible sur le long terme. Nous restons concentrés sur les mesures nécessaires pour l’entreprise, sa santé et sa pérennité à long terme, dans la lignée des mesures que nous avons rapidement prises au cours des trois derniers mois pour relever les défis imposés par le virus ».
Perspectives
Étant donné « la persistance du niveau d’incertitude », il n’est pas possible de fournir des orientations financières pour le reste de l’exercice financier FY20 à ce stade, écrit sans surprise easyJet. « Toutefois, comme le montre le présent communiqué, nous continuons à prendre toutes les mesures nécessaires pour réduire les coûts, préserver et renforcer les liquidités, protéger l’entreprise et assurer une reprise optimale de l’activité ».
EPL02 a commenté :
28 mai 2020 - 10 h 33 min
Cette restructuration est logique compte tenu de la chute certainement durable de l’activité CC et MC.
Laurence Verdet a commenté :
1 juin 2020 - 11 h 02 min
Le problème est qu’il n’y a aucun moyen de les joindre pour clarifier les vols déjà réservés et aucune possibilité de réserver un nouveau vol après le 15 juin… comment peuvent-ils connaître la demande si on ne peut réserver?! Sur leur application: “Aucun pour cette date” chaque jour de Juin!
loracle a commenté :
28 mai 2020 - 11 h 07 min
Le transport de masse va prendre un coup d’arrêt durant quelques années.
Des décisions radicales vont avoir lieu dans l’ensemble des compagnies aériennes.
Easyjet ouvre le bal dans l’univers Low Cost.
Ryanair, Wizzair et Norwegian vont faire de même…
On peut sans trop prendre de risque penser que l’ensemble du secteur des compagnies aériennes vont réduire la voilure de l’ordre de 20 à 30%…
Il y aura surement une guerre des prix suicidaires, pour remplir les avions.
Mais cette guerre ne pourra pas durer indéfiniment.
Vu les pertes que l’ensemble du secteur sont considérables.
Même avec les aides, cela va être compliqué.
Groupe LH, IAG, AFKLM sont soutenues par leur gouvernement respectif, avec à la clé, le maintien d’une partie des effectifs dans leur pays, mais quid des salariés dans les escales dans le monde. Il y a fort à parier, que les plans sociaux dans les personnels au sol dans les escales soient sacrifiés pour sauver le maximum d’emploi dans les dits pays. Et appel à de plus en plus de sous-traitance dans les escales.
Cette crise va toucher l’ensemble du secteur, je pense qu’aucun poste n’est protéger.
Il y aura de la casse chez les PNT, PNC, PS, Administratif…
Quelqu’un connait le ratio moyen du nombre de personnel par avion ?
J’ai un vague souvenir qui est :
– 1 avion CC/MC = 100 Personnels
– 1 avion LC = 200 Personnels.
Avez vous des chiffres plus fiable ou proche de la réalité, quelque soit la compagnie?
Ben10 a commenté :
28 mai 2020 - 17 h 41 min
En décembre 2019 , SWISS annonçait 150 collaborateurs par B777
reponse a commenté :
28 mai 2020 - 19 h 13 min
Ryanair, Wizz & Norwegian ont déjà annoncé des licenciements bien avant easyJet. Wizz Air était la première à la faire, et une des premières au monde
EPL02 a commenté :
28 mai 2020 - 12 h 10 min
Je vous confirme que la sous-traitance en escale est quasiment systématique chez les low-cost. Néanmoins, cette crise offre une occasion inespérée pour les majors de diminuer significativement les coûts PN / HDV. BA a ouvert le bal des licenciements, il y en aura nécessairement bien d’autres qui devront s’y résoudre. Quand le marché reprendra, dans au moins 5 ans, le marché de offres d’emploi sera riche de pilotes et crew. L’embauche de ces personnels (au besoin en passant des QT pour des modules LC) permettra d’atteindre enfin une meilleure compétitivité, en ayant dégraissé bien en amont le sureffectif post-Covid. S’il veut aller au bout de son objectif, Ben Smith devra en passer par là.
G rattel-trem a commenté :
28 mai 2020 - 13 h 25 min
QRLHEKEZYSKIBBAAZTPTUTGSQLOSNOSLADLUA EIMHEYetc…
Les compagnies ci-dessus, et dont la liste n’est pas exhaustive, vont réduire leur envergure, fréquences, staff.
Quid d’AF? Des bribes annonçant le retrait déjà connu des 380 et de quelques autres appareils.
Pour le reste ?
Quelle sera la mise en scène ?
Si BA et LH annoncent une sévère réduction d’activité sans attente de retour à la situation pré-covid avant 3 ans, quel tour de magie peut-on attendre d’AF ?
Céderons-nous à l’enfumage du millefeuille copains-état-syndicats?
XTK a commenté :
28 mai 2020 - 13 h 56 min
Le sujet ici concerne Eazy Jet, pas AF.
reponse a commenté :
28 mai 2020 - 19 h 16 min
AFKLM a déjà annoncé ne pas s’attendre à un retour au niveaux de 2019 avant au moins 2022 au plus tôt (scénario optimiste) et bien après sinon.
A380, A340 (AF) et B747 (KL) vont déjà sortir de la flotte.
Restructuration de HOP
PDV très importants à venir
Les annonces côté AFKL ne manquent pas. La seule différence avec les autres pour le moment, c’est qu’il n’y a pas de licenciements secs du jour au lendemain
ALExxx a commenté :
28 mai 2020 - 14 h 33 min
Encore réduire les coûts des prestataires d’assistance en escale ?
Mais les prix sont déjà très bas !
Les employés de sous traitance sont mal payés, en CDD, CFA, interim , etc …parfois avec contrats de mi-temps (genre 30 heures) pour pouvoir ajuster en cas de besoin (heures sup), flexibles et malléables.
Le système est bien rodé, même Air France fait appel à la sous traitance pour les vols opérés par des compagnies assistés Skyteam, tout est bon pour traiter les vols à moins cher.
Vic a commenté :
28 mai 2020 - 15 h 04 min
Chez easyJet c’est plus ou moins 30 crews par avion, auxquels il faut ajouter les personnels au sol, le catering, bref toute la sous-traitance et je pense qu’on ne doit pas être loin de la centaine de personnes.
Igor BLACHAS a commenté :
28 mai 2020 - 15 h 19 min
Ils vont discuter avec les prestataires pour réduire les coûts… Laissez moi rire certain prestataires sont déjà à travailler à perte avec cette compagnie… On va travailler gratuitement peut être ?
Patrick a commenté :
28 mai 2020 - 15 h 34 min
Questions basiques :
Quelle est la base de la clientèle pour EasyJet ?
Quel est l’avenir de cette base de clientèle dans un contexte de crise économique mondiale et profonde ?
Si le gros de la clientèle est au chômage ou avec des revenus très réduits , il y a fort à parier que les voyages pas chers en avion pour aller faire un week-end à Londres ou Barcelone seront tout en haut de la liste des dépenses à supprimer.
Il restera les déplacements professionnels , mais on remplit combien d’avion avec ça ? surtout dans un contexte de crise , ces dépenses là aussi vont être considérablement réduites.
comète a commenté :
28 mai 2020 - 16 h 13 min
Quel crédit apporter à tous ceux qui tirent des plans sur la comète?? Personne ne sait qu’elle sera la la demande dans un an. Si le covid-19 comme tous les coronavirus disparaît spontanément avec l’été rien ne permet de dire que la demande sera si longue à revenir. Les exemples de prévisions foireuses sont légion dans tous les domaines. Et l’honnêteté serait d’avouer que personne ne peut prédire l’attitude des consommateurs dans 1 an ou plus. Les certitudes mènent souvent au fiasco.
Mosquito a commenté :
28 mai 2020 - 18 h 24 min
@comete
Et voila au moins un commentaire intelligent et realiste.
Il y a fort a parier que d’ici un an vous ayez raison…ce que je souhaite aussi
Fabien a commenté :
30 mai 2020 - 9 h 30 min
Enfin un commentaire mesuré!
Personnellement, je reste raisonnablement optimiste et je pense que le “transport” de masse ne va pas disparaître. Certes, les choses vont reprendre lentement mais peut-être moins que ce que prédisent certains.
On verra bien mais comme l’a écrit quelqu’un dans un commentaire précédent, les perdant ne seront pas forcément les “flag carriers”.
tim a commenté :
28 mai 2020 - 16 h 17 min
Aie! courage à tous les employés. Easyjet reste ma compagnie favorite pour les vols en europe. j’espère que les chiffres seront moins critiques que ceux annoncés.
PNH a commenté :
28 mai 2020 - 17 h 57 min
Plutôt que d’avoir le courage d’augmenter les prix des billets d’avion pour aller vers une vérité des prix pour le client, on va appauvrir encore un peu plus toute la filière… Vive Lidl 🙁
Greg765 a commenté :
28 mai 2020 - 18 h 37 min
Pour que les prix remontent la seule solution est d’arrêter les renflouages de compagnies. Il y a beaucoup d’offre, une demande relativement faible avec le Covid = faibles coûts.
Si des compagnies ne sont pas renflouées, la concurrence baisse, les acteurs restants augmentent les prix en conséquence parce qu’ils peuvent se le permettre.
Mais les gouvernements Italiens, Allemands, Français, Espanols, etc en ont décidé autrement, puisqu’ils ont préféré enchaîner les plans de sauvetage. Du coup les prix vont rester bas (et même baisser encore plus).
Greg a commenté :
28 mai 2020 - 20 h 24 min
Donc selon vous les politiciens ne devraient pas aider les compagnies et les entreprises de leurs pays respectifs en cas de crise grave.
Celles-là même qui emploient du monde, et payent leurs impôts/charges/taxes, dans leur pays.
Drôle de façon de gérer le pays.