Après l’annonce de pertes massives pour le groupe Air France-KLM, la compagnie aérienne française se prépare à des suppressions de postes significatives. Le rôle de sa filiale low cost Transavia va être renforcé à Paris comme en région, et le cinquième Airbus A350-900 aurait été livré.

Après avoir annoncé une perte nette de 1,8 milliard d’euros au premier trimestre 2020 pour le groupe franco-néerlandais en proie aux conséquences de la pandémie de Covid-19, le CEO Benjamin Smith a confirmé qu’Air France allait « entamer des pourparlers avec ses syndicats sur une éventuelle réduction de ses effectifs », via un plan de départs volontaires et apparemment sans licenciements secs. Il a annoncé qu’une réunion de Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) se tiendra en juin pour « discuter des réductions de capacité et de leurs conséquences pour le personnel ».

Des sources citées par Le Figaro estiment que seront privilégiées « par tous les moyens le volontariat et les mobilités », un syndicaliste expliquant que l’on s’attend à « quelques milliers de suppressions de postes » sur les 45.000 salariés que compte Air France. Le détail de ces départs devrait selon Les Echos être présenté aux syndicats « fin juin, début juillet, pour être négocié pendant l’été ». La baisse des effectifs pourrait en particulier atteindre « 30% dans les fonctions support et reproduction » sur un effectif de 6.000 personnes, ajoute le journal selon qui l’objectif serait d’aller « le plus vite possible en accélérant les départs en retraite, notamment chez les personnels navigants ».

Cette prochaine réduction des effectifs n’a surpris personne, le groupe prévoyant déjà pour l’année prochaine une réduction structurelle de l’offre en siège de 20%. Et pour les mois qui viennent, Air France-KLM s’attend à une lente reprise de l’activité à l’été 2020 « avec la levée progressive des restrictions aux frontières », avec une capacité d’environ -95% pour le deuxième trimestre et -80% pour le troisième trimestre par rapport à l’année dernière. Interrogé sur France 2, le secrétaire d’Etat français aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a dit croire que « Ben Smith a raison de poser le sujet (de l’emploi) en lucidité et saura mener cette discussion de façon responsable ».

Jusque là, les syndicats se sont dits satisfaits de l’aide d’Etat promise à Air France, mais dès la fin avril ils disaient attendre de la Direction qu’elle « s’engage à un dialogue social honnête et transparent, première condition de la confiance », après l’annonce d’un nouveau plan de sauvegarde.

Air France : emploi, Transavia et A350 1 Air Journal

©Transavia

Ce plan propose notamment la rationalisation du réseau domestique d’Air France, qui a encore généré 200 millions d’euros de pertes l’an dernier. La filiale régionale HOP! dont la structure « reste trop complexe » avec des coûts opérationnels « plus élevés que la moyenne des compagnies régionales européennes », est dans une situation « pas viable » même si l’objectif « n’est pas de la faire disparaître », expliquait Ben Smith.

Des pistes vers cette rationalisation sont apparues hier dans la présentation des résultats : elle cite une « revue de la stratégie » à l’aéroport de Paris-Orly (35 destinations dont New York, la Guadeloupe et la Réunion), incluant un « rôle plus important » pour la low cost Transavia qui verra sa présence développée « également dans les autres villes françaises ». Alors qu’elle se prépare à inaugurer une quatrième base à Montpellier, Transavia France pourrait donc voir son réseau se développer sur les lignes transversales comme à Orly, où aucune de ses plus de 60 routes n’est domestique – aux dépens de HOP donc.

Côté flotte, Air France-KLM a aussi confirmé hier que le « redimensionnement global du réseau long et moyen-courrier en fonction de la demande post-Covid-19 » impliquait un plan de capacité pour 2021 inférieur « d’au moins -20% » par rapport à l’année dernière, « avec une plus grande flexibilité ». Ben Smith a souligné que le groupe dispose d’un pourcentage élevé d’avions loués, « ce qui nous donne par défaut plus de souplesse. Il n’y a pas de dépréciation pour un avion loué ». La sortie anticipée des quatre Airbus A340-300 et huit Boeing 747 est actée, tandis qu’une « évaluation est en cours » pour les neuf A380 d’air France déjà immobilisés et dont la sortie de flotte est prévue d’ici 2022

Et si la livraison de trois A350-900 (attendus en juin et au 4eme trimestre) a été reportée à l’année prochaine dans le cadre des réductions de dépenses en capital, Air France aurait officiellement pris possession hier de son cinquième exemplaire baptisé Bordeaux (sur les 38 attendus a priori d’ici 2025). Il est comme les autres configuré pour accueillir 34 passagers en classe Affaires (1+2+1), 24 en Premium et 266 en Economie (324 sièges), avec connexion wifi à toutes les places (via Inmarsat Global Xpress). En février dernier, Air France s’attendait à opérer en 2023 une flotte long-courrier composée de 116 avions répartis en quatre familles – Airbus A330 et A350, et Boeing 777 et 787, contre 106 appareils aujourd’hui.

Air France : emploi, Transavia et A350 2 Air Journal

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