Dans l’attente de sa nationalisation, la compagnie aérienne Alitalia a suspendu hier sa dernière route long-courrier entre Rome et New York, et devrait quitter d’ici juin la coentreprise transatlantique qui la lie à Air France-KLM et Delta Air Lines.

La compagnie nationale italienne, qui doit être renationalisée d’ici l’été, continue de voler durant la pandémie de Covid-19, mais hors des rapatriements ou du transport de fret sanitaire ce ne sont désormais plus que des vols court et moyen-courrier : le départ quotidien de sa base à Rome-Fiumicino vers l’aéroport de New York-JFK est désormais suspendu, au moins jusqu’à la fin du mois. La rotation vers les USA a été opérée pour la dernière fois le 4 mai 2020, en Airbus A330-200. « Nous considérons cette décision comme absolument inexplicable et inacceptable, car elle prive les citoyens italiens de la seule liaison directe qui existe encore entre l’Italie et les États-Unis et détourne les passagers vers Air France-KLM », a écrit au gouvernement et aux dirigeant d’Alitalia la Federazione Nazionale del Trasporto Aereo (FNTA) regroupant trois syndicats de navigants. L’administrateur Giuseppe Leogrande expliquait déjà la semaine dernière qu’Alitalia exploitait seulement « un dixième des services qu’elle avait avant la crise », avec une capacité « fortement réduite » sur le long-courrier.

Placée sous « administration extraordinaire » depuis plus de deux ans suite au rejet par les syndicats d’un plan de relance de l’actionnaire Etihad Airways, et ayant déjà reçu deux prêts d’Etat de plusieurs centaines de millions d’euros, Alitalia n’a pas encore officialisé sa décision de rester ou pas au sein de l’alliance SkyTeam (l’échéance est au 21 mai) ; mais il semble désormais acquis qu’elle quittera bien la coentreprise transatlantique avec Air France-KLM et Delta Air Lines, qu’elle avait rejointe en 2015. Ses partenaires d’alliance avaient d’ailleurs officialisé la probabilité de ce départ en novembre dernier, dans le cadre de l’élargissement de la coentreprise à Virgin Atlantic. Les autorités américaines avaient à l’époque « interdit » à Alitalia de rejoindre à une date ultérieure la coentreprise élargie .

Fin avril, le ministre de l’industrie Stefano Patuanelli déclarait que le chiffre d’affaires d’Alitalia avait plongé de 87,5% cette année. Mais il estimait aussi que la future reprise du marché aérien pourrait représenter une opportunité de « reconquête de parts de marché », notamment suite à la disparition de sa rivale Air Italy. A cause du coronavirus, toutes les compagnies aériennes sont en grande difficulté « et si, avant, Alitalia était comme un vase de cristal au milieu de vases d’acier, aujourd’hui ce n’est plus le cas », expliquait-il. En insistant sur le fait que la « nouvelle Alitalia débutera avec une flotte de plus de 90 de ses 113 avions actuels » ; un tiers de la flotte devrait être des gros-porteurs, précisait le ministre la semaine dernière.

Alitalia sans long-courrier ni coentreprise 1 Air Journal

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