Les syndicats de la compagnie aérienne South African Airways ont jusqu’à vendredi soir pour accepter le plan de licenciement des quelque 4700 employés, les administrateurs pensant que la survie est possible – alors qu’un autre transporteur détenu par l’Etat, South African Express, a été liquidé. Comair et sa filiale low cost Kulula ne devraient pas revoler avant octobre – si elles tiennent jusque là.

La pandémie de Covid-19 pourrait faire ce 1er mai 2020 une première victime en Afrique du Sud : ce vendredi soir est la date limite fixée par les administrateurs de South African Airways aux syndicats pour accepter licenciement de tout le monde – ce qu’ils ont déjà rejeté officieusement. Le plan présenté la semaine dernière actait de fait que les vols, officiellement suspendus jusqu’à la fin mai, ne reprendront pas. Mais la compagnie nationale « peut encore être sauvée », expliquaient encore hier les administrateurs. Devant la probable impasse, le gouvernement essaie de créer un « nouvel esprit de coopération », les deux camps ayant selon lui « une vision partagée de SAA en tant qu’atout national compétitif, viable, durable et profitable »…

Après une nouvelle vague de restructuration annoncée en février dernier par une South African Airways déjà en mauvaise posture, qui impliquait des coupes sombres dans le réseau au départ de sa base à l’aéroport de Johannesburg-OR Tambo, sa disparition se rapproche donc un peu plus. Le coût de la pandémie a été utilisé par le ministre des Entreprises publiques Pravin Gordhan pour justifier le refus d’un nouveau geste : « le succès du processus de sauvetage des entreprises et le meilleur résultat possible pour les employés de la compagnie aérienne », soulignait-il, tandis que le ministère des finances expliquait que l’abandon de SAA devrait « concourir au redressement des finances de l’Etat »/

South African Express, également détenue par l’Etat et gérée indépendamment de SAA, a elle été déclarée jeudi en « liquidation provisoire » ; elle était déjà sous protection contre les créanciers depuis février, et avait suspendu les opérations le 18 mars. Elle opérait sur des lignes intérieures et régionales avec une flotte de 24 Bombardier CRJ2, CRJ700 et Dash-8 Q400.

South African Airways et Comair au bord du gouffre ? 1 Air Journal

©Bob Adams

Les choses ne vont guère mieux chez Comair, qui vole en Afrique du Sud sous les couleurs de British Airways. Elle a annoncé jeudi à ses actionnaires la prolongation de la suspension des vols jusqu’à octobre « au mieux », après avoir cloué au sol ses avions le 17 mars. En décembre dernier, elle affichait déjà une perte semestrielle de 31 millions de dollars, mais le confinement depuis cinq semaines « a entraîné une détérioration rapide de la situation au point que la société se trouve dans une situation financière très difficile et les actionnaires sont invités à faire preuve de prudence », explique un communiqué. Sa filiale low cost Kulula est exactement dans la même situation opérationnelle : immobilisée au sol depuis le mois dernier, et ne devant pas reprendre les airs avant octobre au mieux.

Comair « s’efforce de réduire les coûts et de renforcer le bilan » pour assurer sa survie, notamment par des suppressions d’emplois et des ventes d’actifs ; elle est aussi en négociations avec ses créanciers au sujet d’un financement provisoire, et avec Boeing sur l’annulation de sa commande de 737 MAX 8 (un des huit exemplaires attendus avait été livré en février 2019).

South African Airways et Comair au bord du gouffre ? 2 Air Journal

©Comair