L’association internationale du transport aérien (IATA) appelle les gouvernements à fournir entre 150 et 200 milliards d’euros en aides diverses pour aider le transport aérien à survivre à la pandémie de Covid-19. Quelque 75% des compagnies aériennes n’auraient que trois mois de trésorerie disponible.
Après avoir fait un premier bilan il y a moins de deux semaines estimant à 113 milliards de dollars les pertes que subiront cette année les compagnies aériennes dans le pire des cas, l’IATA – 290 compagnies représentant 82% du trafic mondial – a été contrainte de revoir à la hausse son scénario le plus pessimiste. Le directeur général Alexandre de Juniac estime désormais à « entre 150 et 200 milliards de dollars » l’aide globale nécessaire pour assurer la survie du secteur : « Si nous voulons maintenir un secteur aérien fort et capable de faire face à cette crise difficile, et fournir les ressources pour garantir qu’une reprise ait lieu en temps voulu, il faut que les gouvernements agissent vigoureusement et rapidement. La connectivité est cruciale pour assurer le redémarrage de l’économie », a-t-il déclaré. N’ayant « pas pu prévoir » les développements des derniers jours avec la mise en place de restrictions massives sur les voyages, « et sans une compréhension claire de la durée pendant laquelle ils resteront en vigueur », l’association demande donc aux gouvernements des « mesures extraordinaires ». Ces gouvernements ont selon l’IATA les moyens financiers « d’éviter une calamité industrielle de trois façons » :
• un soutien financier direct aux transporteurs pour compenser la baisse des revenus, et donc soutenir la liquidité en raison des restrictions de voyage imposées à la suite de COVID-19;
• Prêts, garanties de prêts et soutien au marché des obligations d’entreprises par le gouvernement ou la banque centrale, soit directement à la compagnie aérienne, soit à des banques commerciales qui peuvent hésiter à accorder des crédits aux compagnies aériennes dans la situation actuelle en l’absence d’une telle garantie.
• Allégements fiscaux: remises et / ou suspensions de toutes les charges sociales imposées par l’employeur payées à ce jour avec un examen continu pour le reste de 2020, report ou réduction des impôts sur le revenu à ce jour en 2020 et / ou une prolongation des conditions de paiement pour le reste de 2020, ainsi qu’une exemption temporaire des taxes sur les billets et d’autres prélèvements imposés par le gouvernement.
« Il n’y a pas de solution universelle », souligne le communiqué de l’IATA, mais « le temps presse ». Les gouvernements ne peuvent pas adopter une approche attentiste, vu à quel point la situation s’est « dramatiquement détériorée à l’échelle mondiale en très peu de temps ». Ils doivent agir « maintenant et de manière décisive ». L’association reconnait l’utilité d’autres mesures déjà annoncées, comme la souplesse promise sur les règles gérant les créneaux de vol dans les aéroports ou la réduction des frais aéroportuaires pour les compagnies aériennes ; mais elle aimerait aussi que la pandémie soit officiellement reconnue comme une « circonstance extraordinaire » au sens de la directive EU261 sur les droits des passagers. « L’annulation des vols est la réalité d’aujourd’hui – souvent à cause des restrictions gouvernementales. Nous continuons de demander aux gouvernements de comprendre que cela échappe totalement au contrôle des compagnies aériennes ».
Airlines will continue helping in the response to #COVID19.
As an economic catalyst supporting the livelihoods of 70M people & carrying 35% of global trade, #aviation will also be a key part in economic recovery. This is why relief measures are needed.
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— IATA (@IATA) March 17, 2020
Pour le chef économiste de l’IATA Brian Pearce, le risque de faillite des transporteurs est réel : « Les trois-quarts des compagnies aériennes disposent de moins de trois mois de trésorerie pour couvrir les coûts fixes ». Et à ceux qui demandent pourquoi, compte tenu de l’impact économique général de cette crise, les gouvernements devraient se concentrer sur les compagnies aériennes, il répond : « C’est parce que la connectivité est cruciale. Le monde traversera cette crise. Et lorsqu’il le fera, il aura besoin d’un secteur du transport aérien opérationnel. Sans allègement financier, ce n’est pas garanti. En temps normal, les compagnies aériennes transportent environ 35% du commerce mondial. Et chaque emploi dans le transport aérien en soutient 24 autres dans la chaîne de valeur des voyages et du tourisme, soit près de 70 millions d’emplois. Donner la priorité au transport aérien – aider les compagnies aériennes à survivre financièrement en ces temps sombres – positionnera le monde pour une éventuelle reprise ». CAPA va même plus loin, prédisant d’ici fin mai des faillites « pour la plupart des compagnies aériennes dans le monde, tandis que S&P prédit une possible réduction de 20% à 30% du trafic passager mondial en 2020.
L’IATA en a profité pour rappeler l’importance du fret dans la situation actuelle : les mesures de restrictions des déplacements de passagers suppriment également « une importante capacité de cargaison du système – une capacité vitale pour aider à maintenir les chaînes d’approvisionnement, y compris la livraison de médicaments essentiels et d’équipements médicaux ». Elle a lancé un appel aux gouvernements pour qu’ils fassent « tout ce qu’ils peuvent » pour assurer des opérations de fret efficaces. Cela implique d’exempter l’équipage – qui n’interagit pas avec le public – de la mise en quarantaine, d’accorder des droits de circulation temporaires si nécessaire, de garder le fret aérien exclu des restrictions de voyage … « et d’autres mesures pratiques pour maintenir le fret en mouvement à ce moment critique ».
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