La pandémie de coronavirus n’épargne pas les compagnies aériennes low cost : easyJet annule en masse mais sans détail, et envisage l’immobilisation d’une majorité de sa flotte. Ryanair s’attend à une possible réduction de l’offre de 80% en avril et mai, avec à la clé une majorité de sa flotte probablement clouée au sol d’ici 7 à 10 jours – et la suppression des frais de modification de réservation en avril. Norwegian Air Shuttle n’opère plus que des vols intérieurs et ses liaisons vers la Thaïlande, et a mis au chômage partiel près de 7300 employés.
La low cost britannique easyJet ne détaille pas les suspensions de lignes ou les réductions de fréquence, mais elle a averti le 16 mars 2020 qu’en raison du « niveau sans précédent de restrictions de voyage imposées par les gouvernements en réponse à la pandémie de coronavirus, et de niveaux de demande considérablement réduits », elle a mis en ouvre des « annulations supplémentaires significatives ». Ces actions se poursuivront sur une base continue « dans un avenir prévisible », ajoute son communiqué, et « pourraient entraîner » l’immobilisation d’une majorité de sa flotte. « Nous comprenons l’incertitude à laquelle de nombreux clients peuvent être confrontés », souligne le site d’easyJet, et tous les clients qui souhaitent modifier leurs plans de voyage « peuvent désormais transférer leurs vols vers d’autres dates et/ou vers une autre destination sans frais de modification ». Si le nouveau tarif est plus élevé, les clients ne devront payer que la différence de tarif. Cela s’applique aux réservations existantes et futures jusqu’à nouvel ordre. Les clients peuvent apporter des modifications à leur réservation au moins 2 heures avant l’heure de départ prévue ; plus d’informations sur les restrictions de voyage sont disponibles ici.
Afin de contribuer à atténuer l’impact de Covid-19, easyJet prend « toutes les mesures nécessaires pour éliminer les coûts et les dépenses non critiques de l’entreprise à tous les niveaux ». La low cost met en avant un « bilan solide », comprenant une trésorerie de 1,6 milliard de livres sterling et une facilité de crédit renouvelable de 500 millions de dollars non utilisée ; des avions disponibles d’une valeur supérieure à 4 milliards de livres et un portefeuille de créneaux important ; aucun refinancement de sa dette à échéance jusqu’en 2022, avec des pourparlers « avec des apporteurs de liquidité qui reconnaissent la solidité de notre bilan et de notre modèle économique ». À ce stade et compte tenu du niveau d’incertitude persistant, easyJet n’est comme ses rivales pas en mesure de fournir des prévisions financières pour le reste de l’exercice 2020. EasyJet « fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire face aux défis du coronavirus afin que les personnes, l’économie et les entreprises continuent à bénéficier des avantages de l’aviation. Nous continuons à organiser des vols de rapatriement afin que nos clients puissent rentrer chez eux et être avec leur famille et leurs amis en ces temps difficiles. L’aviation européenne est confrontée à un avenir précaire et il est clair qu’un soutien gouvernemental coordonné sera nécessaire pour assurer la survie de l’industrie et sa capacité à continuer à fonctionner une fois cette crise terminée », déclarait hier le CEO Johan Lundgren.
EasyJet continuera à opérer des vols de sauvetage « pendant de courtes périodes, où nous le pouvons, afin de rapatrier les clients ». Ces vols de rapatriement seront organisés vers le Maroc et l’Espagne en particulier, sans plus de précision. Outre ces deux pays, des fermetures de frontières ou restrictions d’accès ont été annoncées par l’Italie, Malte, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, l’Autriche, la Grèce, le Portugal, le Danemark, la Pologne, la Norvège et Chypre en ce qui concerne le Vieux continent.
STAY HOME – This message was written in the sky by a pilot in Austria earlier today
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— Flightradar24 (@flightradar24) March 16, 2020
Le groupe Ryanair incluant la low cost irlandaise, Buzz en Pologne, Lauda en Autriche et Air Malta, s’attend désormais et pour les mêmes raisons à une réduction de l’offre jusqu’à 80% en avril et mai, et à une immobilisation au sol de la majorité de sa flotte « au cours des 7 à 10 prochains jours ». Un communiqué précise qu’elle a aussi pris des « mesures immédiates pour réduire les dépenses d’exploitation et améliorer les flux de trésorerie », impliquant le report de tous les achats d’investissements et d’actions, le gel des recrutements et des dépenses discrétionnaires, et la mise en œuvre d’une série d’options de congé volontaire, la suspension temporaire des contrats de travail et des réductions importantes des heures de travail et des paiements ». Le groupe dit disposer d’importantes liquidités, avec plus de 4 milliards d’euros de liquidités et d’équivalents au 12 mars, et ajoute : « nous travaillons avec nos collaborateurs et nos syndicats dans tous les pays de l’UE pour faire face à cet événement extraordinaire et sans précédent qu’est le Covid-19, dont l’impact et la durée sont, à l’heure actuelle, impossibles à déterminer ».
Ryanair compte « rapatrier les clients, lorsque cela est possible, même si des interdictions de vol sont imposées et que les services du contrôle aérien et les services aéroportuaires essentiels sont réduits ». Et pour tous les autres passagers, la low cost a supprimé les frais de changement de vol pour toutes les réservations en avril (en déconseillant de réserver un voyage le mois prochain): ils peuvent désormais changer de vol gratuitement à une date ultérieure. Les frais de changement de vol seront entièrement supprimés, mais les clients devront payer la différence du tarif ; ce changement de date de vol « ne s’appliquera qu’à la ligne sur laquelle les clients ont déjà réservé ».
Michael O’Leary de Ryanair a déclaré : « nous faisons tout notre possible pour relever le défi posé par l’épidémie de Covid-19, qui a entraîné au cours de la semaine dernière des restrictions de voyage extraordinaires et sans précédent imposées par les gouvernements nationaux, dans de nombreux cas avec un minimum ou zéro préavis. Ryanair est un groupe de compagnies aériennes résilient, avec un bilan très solide et des liquidités importantes, et nous pouvons, et nous le ferons grâce à des mesures appropriées et opportunes, survivre pendant une période prolongée d’horaires de vols réduits, voire nuls, afin que nous soyons suffisamment préparé pour le retour à la normalité, qui interviendra plus tôt que tard alors que les gouvernements de l’UE prennent des mesures sans précédent pour limiter la propagation de Covid-19 ».
Troisième low cost européenne derrière Ryanair et easyJet, Norwegian Air Shuttle a mis à jour hier ses prévisions de vols et d’emploi : À partir du 21 mars, elle opèrera principalement des vols domestiques en Norvège et entre les capitales nordiques. Certains vols européens seront opérés, mais tous les vols intercontinentaux sont annulés sauf les vols entre la Scandinavie et la Thaïlande (derniers vols fin mars). Un « programme de vols limités » restera en place jusqu’au 17 avril au moins, mais sera « régulièrement révisé » en fonction de la demande et des changements dans les restrictions de voyage.
« Ce que notre industrie est en train de vivre est sans précédent et extrêmement grave, puisque nous approchons d’un scénario qui prévoit l’immobilisation temporaire de la plupart de nos avions. Plusieurs gouvernements européens ont déjà déclaré qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que leurs compagnies aériennes puissent continuer leurs activités lorsque la situation reviendra à la normale. Nous apprécions la décision des autorités norvégiennes de mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour protéger l’aviation en Norvège, afin de garantir les infrastructures et les emplois », a déclaré dans un communiqué le CEO de Norwegian Jacob Schram.
Norwegian a déjà suspendu des milliers de vols, la priorité cette semaine étant de maintenir « le maximum de vols réguliers » afin de permettre à ses clients de retourner immédiatement à leurs destinations d’origine. La compagnie travaillera également en étroite collaboration avec les autorités afin d’organiser des vols de sauvetage pour les passagers bloqués, si nécessaire ; les clients directement affectés par les changements d’itinéraire et les annulations seront contactés par Norwegian par SMS ou e-mail. « Nous comprenons que cette situation extraordinaire est stressante pour nos clients, mais je peux vous assurer que nous travaillons 24 heures sur 24 pour veiller à ce que tout le monde soit pris en charge de la meilleure façon possible à l’heure actuelle », a ajouté Jacob Schram.
En raison de l’immobilisation de la plupart des avions de la compagnie, Norwegian a « malheureusement dû licencier temporairement plus de 7300 collègues, ce qui équivaut à environ 90% de ses effectifs », incluant notamment des pilotes, du personnel de cabine, du personnel d’entretien et administratif. Les procédures de licenciement varient d’un pays à l’autre et l’équipe de Norwegian est déjà « en dialogue constructif avec les représentants des syndicats et du HSE sur tous ses sites ». « C’est avec beaucoup d’émotion que nous nous sommes contraints de licencier temporairement plus de 7 300 de nos collègues, mais nous n’avons malheureusement pas le choix. Cependant, je tiens à souligner que cela reste temporaire, et que lorsque la situation mondiale reviendra à la normal, mon objectif est de garder autant de nos collègues dévoués que possible », a conclu le CEO.
atc.gp a commenté :
20 mars 2020 - 2 h 05 min
Norwegian va pouvoir souffler un peu car il va bénéficier d’une garantie de prêt conditionnelle de 250 millions d’euros du gouvernement norvégien.