La compagnie aérienne Air France a étendu à l’ensemble de son réseau et à toutes les réservations son offre de modification sans frais de réservation, une mesure adoptée également par Corsair International, Royal Air Maroc ou Air Transat entre autres. Les restrictions imposées par Israël sur les passagers étrangers venant de pays affectés par l’épidémie de Covid-19 l’ont poussée à décider au jour le jour si sa route entre Paris et Tel Aviv sera opérée, tandis que le groupe Lufthansa – à l’exception de Brussels Airlines – suspend tous les vols vers le pays. Les réservations vers l’Europe sont en chute libre, et le pire scénario de l’IATA estime désormais que l’industrie pourrait perdre jusqu’à 100 milliards d’euros cette année.

Dans une mise à jour publiée jeudi soir, Air France annonce qu’elle autorise le report sans frais sur l´ensemble de son réseau pour tout voyage réservé avant le 31 mars 2020. « Depuis l’apparition du Coronavirus COVID-19, nous mettons tout en œuvre pour assister nos clients et leur permettre de reporter ou d’annuler les voyages prévus de et vers des zones à risque d’exposition », rappelle son communiqué ; « Nous étendons aujourd’hui ces mesures à l’ensemble de notre réseau, pour toute réservation déjà effectuée ou à venir. Vous pouvez ainsi réserver votre prochain voyage en ayant la garantie de pouvoir modifier votre réservation sans frais si vous le désirez ». « Si vous êtes en possession d’un billet Air France (hors allotements et groupes) émis avant le 31 mars inclus pour un vol prévu entre le 3 mars et le 31 mai 2020, vous pouvez reporter votre voyage sans frais jusqu’au 31 mai inclus vers la même destination et dans la même classe de réservation. Vous pouvez également changer de destination ou annuler votre voyage auprès de votre point de vente ; la compagnie aérienne vous remettra alors un avoir, non remboursable, valable un an sur les vols Air France et KLM ». « Gagnez du temps en modifiant vous-même votre réservation en ligne, dans la rubrique « Mes Réservations » de notre site ou de l’application mobile », souligne Air France . Vous avez aussi la possibilité de contacter votre point de vente.

Des offres similaires ont été annoncées jeudi entre autres par Corsair International, qui dit « suivre en temps réel l’évolution de la situation sanitaire mondiale » mais rappelle qu’à ce jour, aucune restriction n’a été émise par les autorités françaises et internationales « vers les destinations opérées par la compagnie ». Toutefois, « afin de permettre à ses clients de se déplacer dans des conditions de voyage optimales et en toute sécurité », elle « s’adapte à la situation » et propose à ses clients de modifier ou de reporter leurs voyages : les clients ayant acheté un billet avant le 31 mars pour un vol prévu entre le 4 mars et le 30 juin « pourront reporter leur voyage ou changer de destination sans frais de modification, jusqu’à 15 jours avant la date de départ initiale (soit au plus tard le 15 juin) dans la même classe de voyage ». Des frais supplémentaires pourront être appliqués en cas de différence tarifaire selon les dates ou les destinations retenues, précise la compagnie française.

Royal Air Maroc met aussi en place un « dispositif commercial » pour aider ses clients à gérer leurs déplacements suite aux derniers développements liés au coronavirus : les passagers ayant acheté des billets avant le 31 mars, pourront, s’ils le souhaitent, reporter leur voyage jusqu’au 31 mai 2020, sans frais. Ces dispositions particulières, déjà mises en œuvre dès la propagation du virus sur les vols de et vers La Chine et L’Italie, seront désormais étendues à l’ensemble des vols de la compagnie. Royal Air Maroc souhaite aussi « rassurer ses clients » quant à la possibilité de reporter le voyage sans frais au plus tard 72 heures avant le départ du vol ; ils ont également la possibilité d’annuler le voyage sans frais au plus tard 72 heures avant le départ du vol, en échange d’un avoir de la même valeur du billet, valable six mois et à consommer exclusivement sur les vols de la compagnie.

Au Canada, toujours face aux inquiétudes soulevées par l’épidémie, Air Transat met en place une « mesure exceptionnelle de flexibilité » : elle offre la possibilité de modifier sans frais la date de leur voyage ou encore leur destination. Cette mesure s’applique sur les nouvelles réservations de vols Air Transat effectuées entre le 5 et le 31 mars 2020 inclus, pour des voyages d’ici le 31 octobre 2020. « Ainsi, il sera possible pour les voyageurs de modifier leur réservation, et ce, jusqu’à 24 heures avant le départ. À noter que voyage devra être effectué dans l’année qui suit la date initiale prévue et que si le prix de la nouvelle réservation est plus élevé, les voyageurs devront débourser la différence ». Cette mesure ne s’applique toutefois pas aux groupes, et les demandes d’annulation sont sujettes aux conditions générales, précise la compagnie canadienne. La liste de ces « encouragements à voyager » sur l’ensemble des réseaux inclut également désormais S7 Airlines en Russie (réservations jusqu’au 30 avril) et American Airlines.

Coronavirus : Air France, Israël et 100 milliards d’euros 1 Air Journal

©Boeing

Après les Chinois, les Sud-Coréens et les Japonais, le gouvernement israélien a étendu aux citoyens français, suisses, allemands, autrichiens espagnols et italiens la liste des nationalités qui seront refoulées à l’arrivée dans les aéroports du pays (les Israéliens en provenance de ces pays doivent se mettre à l’isolement). Conséquence immédiate pour Air France, l’annulation hier de ses deux vols entre Paris-CDG et l’aéroport Ben Gurion ; les deux rotations quotidiennes sont d’ailleurs affichées en rouge jusqu’à dimanche inclus selon FLightradar24, même si la compagnie française devait annoncer au jour le jour ses modifications de vols. Les autres compagnies reliant la France à Israël, Transavia, ASL Airlines et easyJet, n’avaient pas fait d’annonce précise sur le sujet hier soir.

Ce vendredi matin, le site de l’aéroport de Tel Aviv annonçait 8 arrivées supprimées, dont celles de El Al depuis Barcelone, Berlin et Zurich, ou celles de Lufthansa depuis Francfort et Munich. Le groupe allemand justement a pris pour les mêmes raisons la décision hier d’annuler à partir de dimanche et jusqu’au 28 mars tous les vols de Lufthansa, Swiss International Air Lines et Austrian Airlines vers les aéroports de Tel Aviv et d’Eilat. Le groupe « se voit contraint de procéder à cette annulation pour des raisons économiques et opérationnelles, de nombreux passagers n’ayant plus le droit d’entrer dans le pays », explique un communiqué, précisant que certains vols vers Tel Aviv ce vendredi et samedi ont déjà été annulés « pour des raisons opérationnelles, car les équipages sont également affectés par ces nouvelles restrictions ». Les trois compagnies aériennes proposent en moyenne dix vols quotidiens vers Tel Aviv, seule l’allemande desservant Eilat à cette période. Brussels Airlines est épargnée par la mesure, probablement en raison des exigences de l’industrie diamantaire.

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Lufthansa a en outre détaillé la réduction de capacité annoncée mercredi, qui la verra clouer au sol 150 avions. Quelque 7100 vols européens sont annulés par la compagnie nationale allemande en mars, dont 3750 à Francfort vers 75 aéroports et 3350 à Munich vers 65 aéroports. « L’accent est mis sur les vols intérieurs », de Francfort vers Berlin, Munich et Hambourg ainsi que de Munich vers Berlin, Hambourg, Düsseldorf, Cologne, Brême et Hanovre. « Il s’agit de connexions à haute fréquence, dont certaines sont exploitées jusqu’à toutes les demi-heures par Lufthansa. Cela signifie que de nombreuses options de changement de réservation sont disponibles », précise Lufthansa. L’Italie est une autre cible des annulations de routes et des ajustements de fréquence, en l’occurrence vers Milan, Venise, Rome, Turin, Vérone, Bologne, Ancône et Pise. D’autres vols vers la Scandinavie, la Grande-Bretagne, les États baltes, la Pologne, la Russie, la France, l’Espagne, le Portugal, la Grande-Bretagne, etc. « sont affectés ». Ses vols vers la Chine continentale jusqu’au 24 avril inclus, et la connexion à Téhéran restera annulée jusqu’au 30 avril. Lufthansa réduit également les fréquences à destination et en provenance de Hong Kong et de Séoul (Corée), entre autres : les vols entre Munich et Hong Kong sont suspendus entre le 6 mars et le 24 avril, les passagers étant ré-réservés via Francfort et Zurich « si possible pendant cette période ». Et jusqu’au 24 avril, « certaines fréquences » seront également annulées sur les liaisons entre Francfort ou Munich et Séoul.

Austrian Airlines a de son côté annulé pour tout le mois de mars 20% de ses vols sur le Vieux continent, y compris sur les routes intérieures en Autriche ; mais elle précise qu’aucune liaison ne sera suspendue. Douze de ses monocouloirs sont cloués au sol, de même que les deux gros-porteurs auparavant déployés vers Pékin et Shanghai.

Plus généralement, les réservations vers l’Europe seraient en baisse de 79% durant la dernière semaine de février selon une étude de ForwardKeys, et de 71% vers la seule France. Les réservations en provenance de la région Asie-Pacifique ont diminué de 114,2% (les annulations dépassant les nouvelles réservations), suivies par celles depuis les Amériques (-68,1%) et depuis l’Afrique et le Moyen-Orient (-49,9%). En cause, l’accélération de la propagation de l’épidémie en Italie où la chute est « pire que ce que nous avons pu observer dans le passé en cas d’événements déstabilisants comme les attaques terroristes » selon le VP de ForwardKeys Olivier Ponti. Mais il souligne aussi un comportement « disproportionné », le nombre d’annulations de vols ayant dépassé celui des nouvelles réservations en Italie.

Le pessimisme est en tout cas de mise à l’IATA (Association du Transport Aérien International), qui a mis à jour son analyse de l’impact financier de l’urgence sanitaire liée au nouveau coronavirus sur l’industrie mondiale : elle prévoit maintenant que les pertes totales de revenus dans le secteur passagers en 2020 se situeront entre 63 milliards $ (selon un scénario dans lequel le COVID-19 serait limité aux marchés où il y avait plus de 100 cas en date du 2 mars) et 113 milliards $ (selon un scénario de propagation plus vaste du COVID-19). Alors que le 20 février, cette estimation plafonnait à 29,3 milliards de dollars : elle était basée sur un scénario selon lequel l’impact du COVID-19 serait confiné aux marchés associés à la Chine ; « depuis lors, le virus s’est propagé à plus de 80 pays et les réservations ont été gravement affectées sur les routes au-delà de la Chine », souligne l’organisation. Dans le pire des cas, 2020 verrait les compagnies aériennes perdre 19 % des revenus du secteur passagers dans le monde, soit une somme de 113 milliards $ qui « pourrait être d’une ampleur équivalente à la crise financière mondiale » de 2008..

Sur le seul marché européen, l’IATA estime qu’Autriche, France, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suisse, Suède et Royaume-Uni pourraient voir leur nombre de passagers chuter de 24%, avec un impact financier de 37,3 milliards $.

Coronavirus : Air France, Israël et 100 milliards d’euros 3 Air Journal

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