Des mesures d’austérité sont en vue pour les compagnies aériennes Air France et KLM Royal Dutch Airlines tout comme chez le groupe Lufthansa, face à l’impact économique prévisible de l’épidémie du nouveau coronavirus. Des mesures commerciales sont mises en place par Air France vers l’Italie, mais aucun vol n’est pour l’instant annulé.
Si rien n’est encore officiel chez le groupe Air France-KLM, qui avait déjà estimé le coût de l’épidémie à entre 150 et 200 millions d’euros d’ici avril (les vols vers la Chine continentale étant désormais suspendus jusqu’au 28 mars inclus), les courriers internes envoyés à Paris comme à Amsterdam le 26 février 2020 ne présagent rien de bon. Chez Air France selon Les Echos, le directeur financier Steven Zaat a demandé aux directeurs une réduction des dépenses non urgentes telles les réceptions ou le recours à des consultants, ainsi qu’une « poursuite du gel des embauches pour tous les services non directement liés aux opérations ». Les mesures d’austérité concernent également le report de dépenses promotionnelles « non liées à la stimulation des ventes à court terme ». Les conséquences de ces mesures « vont nécessairement infléchir notre trajectoire financière et pourraient nous mettre dans une situation de trésorerie difficile, si nous ne réagissions pas immédiatement », précise M. Zaat.
Même point de vue chez KLM, où le directeur financier Erik Swelheim explique dans un courrier à la direction consulté par l’agence Dow Jones que la compagnie a mis en place des mesures incluant un report des projets informatiques et immobiliers qui n’ont pas encore démarré, une incitation à la prise de congés pendant la baisse d’activité, un « tour de vis sur les dépenses pour tous les services administratifs » et là aussi un gel des embauches dans les services non opérationnels. Le chiffre d’affaires de KLM « pourrait être lourdement affecté par le coronavirus », a déclaré le directeur financier, les réductions de coûts mises en place et la baisse des prix du carburant ne pouvant compenser « que partiellement » l’impact de l’épidémie.
En Italie où le bilan du coronavirus a désormais atteint 12 morts et 374 cas de contamination, aucun changement des programmes de vols n’est annoncé par les deux compagnies de l’alliance SkyTeam vers le nord du pays. Air France propose cependant à ses clients le report ou le remboursement sans frais des billets vers les aéroports de Venise, Bologne et Milan pour les voyages jusqu’au 2 mars. « Nous suivons en temps réel l’évolution de la situation. A ce jour, aucune restriction n’a été émise par les autorités pour des voyages au départ ou à destination de l’Italie et nous assurons la totalité de nos vols de et vers cette destination », précisait mercredi soir la compagnie dans un communiqué.
Contrairement à Air France-KLM, le groupe Lufthansa a officialisé dès hier un ensemble de mesures de réductions des coûts « afin de contrer l’impact économique du coronavirus à un stade précoce ». Entre autres, toutes les nouvelles embauches prévues par la compagnie allemande seront « réévaluées, suspendues ou reportées à une date ultérieure ». Lufthansa propose également aux employés un congé sans solde « prenant effet immédiatement », tandis qu’une extension des options de travail à temps partiel dans le cadre des conventions collectives « est actuellement à l’étude ».
Tous les cours de formation prévus pour les agents de bord et le personnel au sol à partir d’avril sont annulés, et « pour l’instant » les participants aux cours déjà en cours ne seront pas embauchés. Cependant, l’objectif à long terme reste de « pouvoir proposer des contrats de travail aux participants ». Dans les domaines administratifs, Lufthansa réduira « le volume de ses projets de 10% et le budget du matériel de 20% »
Le groupe de Star Alliance a déjà annulé jusqu’au 28 mars les vols de Lufthansa, Swiss International Air Lines et Austrian Airlines vers les aéroports de Pékin et Shanghai-Pudong (plus ceux de la compagnie allemande vers Nanjing, Shenyang et Qingdao). Vers Hong Kong, des ajustements supplémentaires sont prévus au départ de Francfort, Munich et Zurich. « En termes purement mathématiques, 13 avions du groupe Lufthansa sont actuellement au sol, précise le groupe selon qui il est encore trop tôt pour « estimer l’impact attendu de l’évolution actuelle sur les résultats » (qui seront présentés le 19 mars).
Ann Asthazy a commenté :
27 février 2020 - 7 h 48 min
En bref,
On coupe et on taille, rabote et réduit avant que l’impact exact soit connu.
Les CFO sont réactifs à bon escient.
Mais le ?Virus va générer tout un fatras de décisions excessives pour protéger l’Ebitda et le maintenir au plus haut.
Au détriment du personnel, mais ça allait de soi..
LH taille ds la formation. Faute de staff préparé ds un an, ils piocheront en Inde ou Maurice, maximum au quart du prix.
Bencello a commenté :
27 février 2020 - 16 h 37 min
Le transport aérien est une industrie à faibles marges, et à forte volatilité (géopolitique, météo, social…)
La réactivité est nécessaire, et les dirigeants n’en manquent pas (sauf pour la participation)
En revanche couper dans les formations semble étonnant: quand les avions volent moins, le moment semble propice pour accélérer le mouvement et ainsi avoir plus de personnel opérationnel pour la haute saison.
Louis a commenté :
27 février 2020 - 8 h 23 min
Ce ne sera pas plus difficile à gérer que le cout des grèves AF de 2018.
Après la différence c’est que certains groupes comme LH ont du cash pour tenir le coup, quand d’autres comme AF KLM sont beaucoup plus fragiles.
CORSE a commenté :
27 février 2020 - 9 h 31 min
3,7 milliards d’euros de trésorerie ou équivalent de trésorerie (au 31/12/2019) c’est pas ce que j’appelle être fragile.
C’est une industrie qui demande beaucoup de cash mais notre compagnie nationale a de quoi faire avec 3,7 mds.
A titre de comparaison Lufthansa au 31/09/2019 (on a pas encore les compte annuel de 2019) avait en trésorerie ou équivalent de trésorerie 900 millions d’euros donc bien moins que AFKLM.
Au 31/12/2018 elle disposait de 1,5 milliards d’euros.
Source :
AFKLM résultat annuel 2019
Lufthansa Group résultat financier Q3 2019
CDB777 a commenté :
27 février 2020 - 12 h 12 min
Le cash dont dispose AF est nettement supérieur à celui dont dispose LH (presque 4 fois plus …. ). Renseignez vous avant d’écrire n’importe quoi.
Tilo a commenté :
27 février 2020 - 9 h 01 min
Je sais que c’est hors sujet mais c’est bizarre qu’air journal vous n’ayez relayé l’info que la compagnie aérienne japonaise ANA ai commandé des b787 supplémentaires pourtant ça fait deux jours maintenant .
rv2lyon a commenté :
27 février 2020 - 9 h 09 min
Cela me parait normal qu’une entreprise soit prévoyante plutôt que passive vis à vis de problèmes potentiels. Dire que cela se fera au détriment du personnel est absurde. Une entreprise qui ne fait rien et coule… ah elle n’aura rien fait contre le personnel, sauf qu’ils seront tous licenciés à la fin. Mettre un stop aux choses non opérationnelles parait sensé.
Ann asthazy a commenté :
27 février 2020 - 9 h 33 min
Ce qui est absurde c’est d’invoquer la faillite supposée avec le renvoi hypothétique des employés.
Que le CFO soit réactif, soit.
Tailler dans les investissements qui garantissent le développement pérenne n’est pas d’un choix lumineux, sauf à court terme.. fin 2020.
Si pour vous la formation n’est pas opérationnelle..
fayçalair a commenté :
27 février 2020 - 13 h 38 min
sans consultants exterieurs bidons Air France est foutue!!!!!!!!!!!
fayçalair a commenté :
27 février 2020 - 19 h 33 min
Air France ne survivra pas sans consultats!!!!!!!!!!!!!!
Fabien a commenté :
28 février 2020 - 7 h 47 min
En tous les cas, le transport aérien est vraiment en train de se prendre une gifle.
Je suis passé par Amsterdam en correspondance hier comme toutes les semaines : il y a vraiment beaucoup moins de monde dans les terminaux et les salons.
J’ai aussi discuté avec des PNC AF et KLM : il y a de moins en moins de monde dans les avions.