La compagnie aérienne American Airlines a reporté à début avril au plus tôt un retour dans les airs de ses Boeing 737 MAX, tandis que la low cost Southwest Airlines va partager avec ses employés 125 millions de dollars d’un accord de dédommagement pour l’immobilisation continue de ses appareils. Le constructeur pourrait selon la presse américaine annoncer dès aujourd’hui le ralentissement, voire la suspension de la production des monocouloirs.

American Airlines a annoncé pour le 7 avril 2020 au plus tôt le retour dans les airs de ses monocouloirs remotorisés, soit un mois plus tard que la date encore espérée le mois dernier. Elle explique dans un communiqué rester « en contact permanent » avec la Federal Aviation Administration (FAA), le Department of Transportation (DoT) et Boeing, mais « sur la base des dernières indications » ne prévoit que pour avril prochain la reprise du service commercial régulier en 737 MAX. Une fois l’avion certifié, American Airlines effectuera avant le 7 avril « des vols uniquement pour les membres de l’équipe et des invités ». La compagnie de l’alliance Oneworld avait mis en service 24 des cent 737 MAX 8 commandés avant leur immobilisation au sol en mars dernier, suite à deux accidents mortels ayant fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines. Le mois dernier, l’Association du personnel de cabine professionnel (APFA) représentant ses hôtesses de l’air et stewards affirmait que les quelque 28.000 PNC « ont peur » du monocouloir remotorisé et comptent « refuser de voler dans un avion qui n’est pas sûr ».

Chez la low cost Southwest Airlines (34 MAX 8 livrés à ce jour sur 280 attendus, plus trente MAX 7), un règlement à l’amiable confidentiel a été signé avec Boeing : environ 125 millions de dollars sur un dédommagement total inconnu seront versés au fonds de participation aux bénéfices de l’entreprise, payable en 2020. La somme est « basée sur les réductions prévues du bénéfice d’exploitation de la compagnie aérienne pour 2019 résultant des interruptions de service » causées par l’immobilisation forcée des monocouloirs remotorisés, précise la compagnie aérienne dans un communiqué. Selon son PDG Gary C. Kelly, « nos employés ont fait un travail incroyable en gérant les bases MAX, tout en fournissant les plus hauts niveaux de service à la clientèle et l’une des meilleures performances opérationnelles de notre histoire. Au nom du conseil d’administration de Southwest, nous sommes reconnaissants à nos employés pour leurs efforts extraordinaires tout au long de l’année et sommes heureux de partager le produit de notre récent accord avec Boeing ». Les négociations avec le constructeur continuent et restent bien sûr confidentielles, souligne Southwest Airlines qui a jusque là annoncé pour le 6 mars 2020 le retour des 737 MAX dans son programme de vol, soit un jour après United Airlines. La low cost prévoit actuellement d’inscrire la quasi-totalité des compensations « en tant que réduction du coût de base des commandes d’avions fermes existantes et futures, ce qui réduira la dotation aux amortissements au cours des années à venir ».

Boeing 737 MAX: report pour American, argent pour Southwest et menace sur la production 1 Air Journal

©Boeing

Si Boeing n’a pas réagi à ces dernières annonces, son conseil d’administration étudierait désormais la possibilité de suspendre la production des 737 MAX jusqu’à la nouvelle certification par la FAA. Selon le Seattle Times entre autres, l’arrêt de la FAL de Renton (qui produit 42 monocouloirs par mois actuellement ; près de 400 MAX ont été assemblés depuis fin mars) pourrait intervenir dès la semaine prochaine ou la suivante, et durer jusqu’à « mi février ou début mars », date estimée pour le feu vert du régulateur par une source du quotidien américain. Qui croit savoir que Boeing transfèrerait certains des 12.000 employés vers d’autres sites de production, y compris à Everett et Auburn – mais ne pourrait éviter pour un « nombre substantiel » des périodes de chômage technique, qui débuteraient après les vacances de fin d’année. Le dernier arrêt de la FAL de Renton remonte à 2008, lors d’une grève des « Machinists » qui avait duré 57 jours.

Cette annonce aurait des répercussions certaines sur les équipementiers, en particulier pour Spirit AeroSystems (fuselage) qui pourrait à son tout suspendre la production à Wichita selon le Seattle Times, mais aussi pour les motoristes dont CFM International (moteurs LEAP). Rappelons que la FAA n’a toujours pas terminé l’examen de la mise à jour du logiciel anti-décrochage MCAS, impliqué dans les deux crashes, et doit aussi finaliser les exigences de formation des pilotes pour la nouvelle version. Sans oublier la position des régulateurs étrangers, dont la plupart ont annoncé vouloir mener leurs propres examens. « Notre objectif est d’assurer la santé de la chaîne d’approvisionnement et la stabilité du système de production. Nous continuerons d’évaluer les décisions de production en fonction du moment et des conditions de remise en service, qui seront basés sur les approbations réglementaires et peuvent varier selon la juridiction », déclarait la semaine dernière un porte-parole de Boeing dans Leeham News.

Boeing 737 MAX: report pour American, argent pour Southwest et menace sur la production 2 Air Journal

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