Le patron de la compagnie aérienne Virgin Atlantic a confirmé qu’il ne vendra pas ses parts à Air France-KLM, un accord ayant été trouvé sans remise en question de leur coentreprise transatlantique avec Delta Air Lines. Air France a étendu son accord de partage de codes avec China Airlines, et relancera l’utilisation de biocarburant à partir de juin prochain, initialement entre San Francisco et Paris.
Richard Branson, ex-CEO et principal actionnaire de Virgin Atlantic, a confirmé le 2 décembre 2019 ce que La Tribune annonçait la veille : il ne vendra pas 31% du capital de la compagnie basée à l’aéroport de Londres-Heathrow au groupe franco-néerlandais, comme le prévoyait un accord de juillet 2017 pour un montant de 220 millions de livres (258 millions d’euros). Il conservera donc 51% du capital, expliquant dans une« lettre aux employés » avoir trouvé un accord (« sujet à contrat ») avec ses partenaires Air France-KLM et Delta Air Lines dans la coentreprise transatlantique qui vient de recevoir le feu vert des autorités américaines, impliquant que « notre famille conservera les 51% du capital de Virgin Atlantic que nous détenons. Nous continuerons à travailler en extrêmement étroite collaboration avec nos partenaires qui investissent ensemble dans une compagnie aérienne et une compagnie de vacances en plein essor. Cela profitera à vous tous, les gens merveilleux de Virgin Atlantic et de Virgin Holidays, et contribuera à un partenariat gagnant. La joint-venture élargie avec Delta et Air France-KLM reste un élément essentiel de notre succès futur et à long terme ». Pas de commentaire du côté d’Air France-KLM, la conclusion de l’accord final étant attendue dans quelques semaines.
Le milliardaire britannique est à cette occasion revenu sur ce qui avait précédé le changement de décision : la lutte en 2008 contre la fusion entre British Airways et American Airlines, puis l’alliance « forte » en 2014 avec Delta (prise de 49% du capital), et devant la puissance de BA en Europe le besoin de nouveaux partenaires pour alimenter le réseau Virgin Atlantic – et donc l’accord en 2017 avec Air France-KLM. Mais il rappelle aussi une « année 2019 fantastique », avec l’entrée dans la flotte des Airbus A350-1000 et la commande d’A330neo lors du Salon du Bourget en juin, l’ouverture de nouvelles liaisons vers Tel Aviv et Mumbai (et l’annonce pour 2020 de vols vers Sao Paulo, sa première destination en Amérique du Sud) ou le lancement de Virgin Connect (ex-Flybe).
Air France a de son côté étendu l’accorde partage de codes avec la compagnie taïwanaise China Airlines, signé en janvier 2018 après l’annonce du lancement d’un Paris-CDG – Taipei-Taoyuan (après 22 ans d’absence du transporteur français à Taïwan), puis étendu à des vols entre Taïwan et l’Australie et entre Paris et Amsterdam (avant une suspension en février dernier du partage sur la ligne entre les deux capitales). Selon Airlineroute, Air France peu désormais vendre sous code AF les vols de sa partenaire dans l’alliance SkyTeam entre Taipei et Fukuoka ou Okinawa au Japon, tandis que les passagers de China Airlines peuvent voler sous code CI entre Paris et Amsterdam, Francfort et Viennee. Rappelons que le Roissy – Taipei d’Air France est opéré cet hiver trois fois par semaine en Boeing 787-9 Dreamliner, face à la concurrence d’EVA Air.
La compagnie française a d’autre part annoncé hier vouloir à partir du 1er juin 2020 prochain alimenter avec du carburant durable d’aviation (SAF) ses vols entre San Francisco et Paris-CDG, ce qui pourrait « permettre d’éviter l’émission » d’environ 6000 tonnes de CO2 en 16 mois. Air France et Shell ont signé un protocole d’accord prévoyant l’utilisation d’un mélange de carburant conventionnel et du SAF produit par World Energy (comme United Airlines en juin dernier) ; cette collaboration « illustre ce dont l’industrie a besoin : une offre de carburant durable d’aviation suffisamment mature pour être intégrée dans les opérations quotidiennes des compagnies aériennes », souligne Air France dans un communiqué. Ce carburant alternatif est notamment produit à partir de résidus d’huiles et de graisses non comestibles ; « il a obtenu la certification RSB et respecte des critères stricts en matière de durabilité ». La distribution pourra s’effectuer via le système centralisé de l’aéroport californien, qui sera desservi l’été prochain en Boeing 777-300ER ou 777-200ER jusqu’à trois fois par jour.
Air France rappelle qu’elle « soutient depuis longtemps le développement d’une filière viable de production de carburant durable d’aviation » : elle en a testé l’utilisation sur ses vols commerciaux dès 2014 et « réalise d’importants investissements en matière d’innovation aux côtés de chercheurs ». Elle vise une réduction de 50% de ses émissions de CO2 au passager/km d’ici à 2030, grâce notamment à d’importants investissements dans des appareils plus économes en carburant.
Selon Anne Rigail, Directrice Générale d’Air France, les carburants durables d’aviation « sont au cœur de notre démarche de durabilité. Ils constituent une réponse immédiate et concrète aux enjeux environnementaux et nous devons encourager leur production. Cette initiative que nous lançons en Californie est la preuve que quand les États mettent en place des mesures incitatives, la production augmente et les compagnies aériennes ont les moyens d’agir. C’est un exemple à dupliquer à travers le monde et notamment chez nous, en France ». Anne Mascolo, Vice Présidente de Shell Aviation, a ajouté : « Au même titre que les nouvelles technologies et les compensations, les carburants durables d’aviation ont un rôle important à jouer en matière de réduction des émissions du transport aérien. En prenant des actions urgentes et en collaborant à l’échelle de l’industrie, il est possible de voler tout en émettant moins. Nous ne sommes cependant qu’au début du process. D’importantes opportunités se présentent pour augmenter l’offre en carburant durable d’aviation et dupliquer des réussites comme celle-ci à travers le monde ». Les engagements comme celui d’Air France « ne peuvent qu’accélérer le processus en donnant aux producteurs les garanties nécessaires pour investir dans la construction de capacités de raffinage, et en nous permettant de construire les infrastructures d’approvisionnement requises ».
World Energy se présente comme l’un des plus fournisseurs de biocarburants avancés « les plus importants et les plus établis d’Amérique du Nord ». Fondée en 1998, l’entreprise exploite plusieurs sites de production de biodiesel à Houston (Texas), Natchez (Mississipi), Rome (Géorgie), Harrisburg (Pennsylvanie) et Hamilton (Ontario). A Paramount en Californie, l’entreprise exploite une raffinerie de diesel renouvelable ainsi que le premier et le seul site de production de carburant durable d’aviation des Etats-Unis.
As from June 2020, our flights out of San Francisco (@flySFO) will be powered with advanced #biofuel.
A new milestone in our effort to support the use of sustainable alternative fuels and to cut carbon emissions. #AirFranceTakesCare
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— Air France Newsroom (@AFnewsroom) December 2, 2019
AF et Virgin a commenté :
3 décembre 2019 - 10 h 23 min
Non réalisation d’entrée de AF dans le capital de Virgin :
ce peut être une bonne chose vue par un bout de la lorgnette: cela fait 220 millions d’ € qui restent dans les caisses de AFKLM…et qui peuvent servir à autre chose: cela sera le seul point positif de l’affaire…
Car pour le reste, cela apparait plutôt comme négatif: AFKLM n’étend plus son emprise sur quoi/qui que ce soit et son périmètre d’influence stagne…Elle reste centrée sur elle-même quand autour les autres avancent leurs pions: c’est la plus sûre manière de devenir un jour trop faible car trop petite pour tenter ensuite quoi que ce soit. Ce jour est il déjà arrivé: là est toute la question…
A ce jeu, même si une bonne santé financière est retrouvée, AFKLM pourrait elle-même n’être plus qu’une belle proie à saisir: a cet égard, on rappellera que l’entrée simultanée à hauteur de 10% chacun de Delta et China Eastern dans le capital de AFKLM ( et un représentant chacun au niveau du Conseil d’Administration du groupe) était accompagnée d’une autre clause dans le contrat: si elle entraient simultanément de manière coordonnée et au même niveau de 10% chacune, ces deux compagnies restaient ensuite libres et indépendantes entre elles dans la gestion de leurs participations dans AFKLM. Toutefois, elle s’étaient toutes les deux engagées à conserver leur participation de 10% pendant 5 années minimum. A l’issue de ces 5 années, elles avaient chacune la possibilité ( mais pas une obligation) de monter jusqu’à 24,5% du capital chacune…
Cela fait maintenant 2 ans qui sont passés. Si les deux compagnies réalisent cette montée , AFKLM sera détenue à 49% par Delta+China Eastern ( dans laquelle Delta est aussi entrée au capital…) La limite de 49% des actions retenues par des non-UE ne permet pas cette opération sans quelques adaptations de la structure de l’actionnariat actuel de AFKLM car il y a déjà d’autres actionnaires hors UE quoi n’ont pas l’intention de vendre leurs actions. C’est pour cela- ne pas dépasser les 49%- qu’il y aura une augmentation de capital réservée Delta + China Eastern+ des actionnaires européens, si Delta et/ou China Eastern demande(nt) l’application de l’accord dans 3 ans…soit les gouvernements français et néerlandais ( puisque ce dernier récemment a pris 15% de AFKLM en plus de ce qu’il détient en propre dans KLM seule!) suivront cette augmentation de capital, soit ils se verront diluer ( comme tant d’autres actionnaires) et seront réduits à quasiment rien, moins de 8%: peut être la belle occasion pour eux de sortir complètement du capital de AFKLM….mais là, se pose alors la question de leurs volontés politiques.
La baffe! a commenté :
3 décembre 2019 - 10 h 28 min
Virgin était réduite à devoir accepter AFKLM quand elle allait mal…
Aujourd’hui Virgin va mieux , son avenir assuré grace à delta, sa JV transat toute positive pour elle… Virgin n’a plus besoin de AF et la jette..la baffe, la claque…et au diable l’orgueil français…RAB de ça chez Branson…
Ben vs Richard? a commenté :
3 décembre 2019 - 10 h 58 min
Il y aurait il un effet repoussoir de Ben ( Smith) sur Richard ( Branson)?
Juan Trippe a commenté :
3 décembre 2019 - 11 h 30 min
Ou un effet Brexit qui interdirait à des non-britanniques de détenir plus de 49% du capital ?
HERVE a commenté :
3 décembre 2019 - 12 h 44 min
Maintenant que Virgin va mieux ils ont bien raison de rejeter AFKLM, et notamment AF qui est mal géré et tout le temps à la ramasse.
Bsb a commenté :
3 décembre 2019 - 17 h 47 min
Cela ressemble à un vrai camouflet infligé à AFKLM qui ne va pas pénétrer le marché britannique pendant que de l’autre côté, IAG attaque tout azimuts avec Level et en prenant le contrôle de Air Europa.
Il ne reste plus qu’à espérer que Delta sauve la face de l’alliance en ramenant Latam dans le giron de Skyteam…
Un jour...peut-être... a commenté :
4 décembre 2019 - 9 h 07 min
Un jour…peut-être… les langues se délieront et nous saurons si c’est Branson lui-même…ou Delta…qui le premier aura suggéré à l’autre de se passer d’AFKLM…