Boeing continue de mettre à jour le logiciel anti-décrochage MCAS de ses 737 MAX, qui ont effectué plus de 800 vols d’essai depuis leur immobilisation suite à deux accidents mortels, mais la FAA aura toutefois besoin de plusieurs semaines pour examiner la dernière mouture. Le dirigeant de la branche Avions commerciaux a d’autre part été limogé, mais deux bonnes nouvelles ont été annoncées, la résolution apparente des problèmes de moteur du 777X et la commande par un client de deux BBJ 787, la version VIP du Dreamliner.
Dans un communiqué du 22 octobre 2019, Boeing explique avoir accompli au cours des derniers mois « d’importants progrès en vue de remettre le 737 MAX en service en toute sécurité », notamment en poursuivant sa collaboration avec l’Administration fédérale de l’aviation américaine (FAA) et d’autres autorités de réglementation du monde entier à propos du processus de certification de la mise à jour logicielle du 737 MAX et de la formation correspondante ». Trois « couches de protection supplémentaires » ont été ajoutées au système MCAS, qui empêcheront selon Boeing que de tels accidents ne se reproduisent. À ce jour, plus de 800 vols d’essai et de production ont eu lieu avec le logiciel mis à jour, soit plus de 1500 heures au total. Le Groupe accomplit des « progrès constants » sur la deuxième mise à jour logicielle annoncée en juin relative au niveau de redondance des ordinateurs de commandes de vol. Environ 445 personnes représentant plus de 140 clients et organismes de réglementation du monde entier — dont la FAA —, ont pris part selon Boeing à des séances sur simulateur, « afin de découvrir le fonctionnement de la mise à jour proposée pour le logiciel MCAS », et la semaine dernière, un essai de vol de certification a été mené « avec succès ».
L’administrateur du régulateur américain FAA Steve Dickson a confirmé hier avoir reçu la dernière version du logiciel MCAS, ainsi qu’une description complète du système d’environ 500 pages. Mais il a prévenu qu’avec un « travail considérable » encore à effectuer, le processus de certification va prendre au moins « plusieurs semaines » : passage de la mise à jour en simulateur, tests de la charge de travail des pilotes, et scénarios sur la formation examinés par des pilotes « américains et étrangers » restent encore à mener avant qu’un feu vert puisse être donné au retour en service des 737 MAX.
Boeing a également évoqué hier le « soutien aux communautés et aux personnes » touchées par les accidents de Lion Air et Ethiopian Airlines, qui ont fait 346 victimes et « continuent de peser lourdement sur tous les employés de Boeing ». Le Groupe rappelle qu’il a créé un fonds de soutien d’un montant de 100 millions de dollars afin de répondre aux besoins des familles et des communautés touchées par ces accidents. Cinquante millions de dollars ont été affectés au fonds d’assistance financière de Boeing « afin d’apporter sans délai une aide financière aux familles des victimes des accidents ». Kenneth Feinberg et Camille Biros, experts américains spécialisés dans la création et la gestion des fonds d’indemnisation des victimes, ont été engagés pour « concevoir et administrer en toute indépendance » la gestion de ce fonds dont bénéficient d’ores et déjà les familles touchées.
Côté compagnies aériennes et partenaires, Boeing a organisé « 20 conférences aux quatre coins du monde » avec le concours de plus de 1 100 personnes représentant plus de 250 entreprises, dans le but d’aider les exploitants et les services financiers à préparer la remise en service des 737 MAX (371 avaient été livrés avant leur immobilisation en mars dernier). Par ailleurs, Boeing « communique chaque semaine par téléphone » avec les responsables techniques de clients du monde entier afin d’apporter « une assistance de qualité maximale » ; cette démarche prévoit également l’élaboration d’une panoplie complète d’outils d’instruction et de formation. Le Groupe collabore également avec plus de 900 fournisseurs pour assurer la stabilité de la chaîne d’approvisionnement. Boeing propose à ses clients un service d’assistance disponible 24/7 par l’intermédiaire de son centre d’opération mondial, tout en apportant « le plus haut niveau de support » aux flottes des compagnies clientes. Les équipes s’appuient sur des outils d’analyse avancés, des vols de production et des démonstrations sur site pour préparer la remise en service de la flotte des 737 MAX « dès que les autorités de réglementation auront donné leur feu vert à la remise en service de l’avion ».
La gouvernance de Boeing continue de faire les frais des deux crashes : après avoir retiré à Dennis Muilenburg son titre de chairman (désormais confié à David Calhoun), il a annoncé hier la départ d’un poids lourd, le président et CEO de la division Avions Commerciaux Kevin McAllister, qui sera remplacé par Stan Deal, actuellement dirigeant de Global Services (lui-même remplacé par Ted Colbert). M. McAllister, arrivé chez Boeing en 2016 en provenance de General Electric, est à ce jour le plus important dirigeant de Boeing à subir les conséquences de la crise du 737 MAX.
« Nous continuons d’accomplir de solides progrès dans le but de remettre le 737 MAX en service en toute sécurité. Toutes les équipes de Boeing font preuve d’un engagement sans faille envers les clients et les valeurs du Groupe. Les changements que nous mettons actuellement en œuvre contribueront à renforcer davantage encore notre approche de la sécurité à tous les niveaux de notre Groupe et dans l’ensemble de la communauté aéronautique », a déclaré dans le communiqué Dennis Muilenburg. Qui sera auditionné par la Chambre des représentants la semaine prochaine, et dont la rumeur dit qu’il pourrait être le prochain responsable éjecté.
Boeing a d’autre part reçu deux bonnes nouvelles mardi : dans le programme 777X, le premier moteur GE9X « corrigé » après les problèmes détectés en juin dernier a été livré la semaine dernière à Everett selon Aviation Week. Les quatre moteurs livrés à Boeing avaient été rappelés en aout, suite à l’annonce lors du Salon du Bourget de la découverte d’une usure prématurée d’un stator situé à l’avant du compresseur du GE9X, constatée à l’issue d’un essai d’endurance. Ce qui remettait en cause la possibilité en 2019 du vol inaugural du 777-9, initialement annoncé pour juin. Le client de lancement du 777X, Lufthansa, peut donc espérer un retard de seulement quelque mois pour les premières livraisons des 20 777-9 commandés ; Emirates Airlines a de son côté annoncé qu’elle n’attendait pas avant 2021 les huit premiers des 115 777-9 commandés par la compagnie émiratie (plus 35 777-8). Rappelons que le développement du 777-8 a été suspendu afin de réduire « le risque du programme de développement et assurer une transition plus fluide » vers l’appareil plus petit mais au rayon d’action plus long.
Côté 787 Dreamliner, Boeing a annoncé hier la commande par un client forcément anonyme de deux BBJ 787, version VIP du 787-9 ; la commande passée en aout selon son communiqué a une valeur au prix catalogue de 564 millions de dollars. Il s’agit du 16eme BBJ787 commandé à ce jour, l’appareil offrant un rayon d’action de 9485 nm et une surface cabine de 258 m². Le BBJ 787-9 « offre à nos clients les plus exigeants la possibilité de voyager dans un confort ultime et de voler directement vers n’importe quelle ville du monde. On parle de Londres à Sydney, ou de Tokyo au Cap. Notre nouveau client BBJ 787-9 peut clairement voir ces possibilités et plus encore », a déclaré Ihssane Mounir, vice-président principal des ventes commerciales et du marketing chez Boeing Company. « Avec un total de 16 commandes à ce jour, le programme BBJ 787 a convaincu d’autres clients gouvernementaux et privés qui veulent travailler, se reposer et arriver frais et dispos pour une journée productive », a-t-il ajouté.
On retiendra enfin la livraison du centième avion de Vietnam Airlines, un 787-10 Dreamliner loué chez ALC (Air Lease Corp.).
A well-deserved reception for the 100th @VietnamAirlines airplane – a 787-10 #Dreamliner. This also marks ALC’s 25th 787. Congratulations on the amazing milestones, we’re looking forward to delivering many more fuel-efficient Dreamliner jets to you. pic.twitter.com/pgEIVWlHma
— Boeing Airplanes (@BoeingAirplanes) October 22, 2019
Indiscutablement! a commenté :
23 octobre 2019 - 9 h 34 min
Meme s’il s’agit d’un communiqué du constructeur destiné à informer et – surtout- rassurer, dont il faut par essence savoir ligne entre les lignes ce qui aurait été omis ou soigneusement dilué, il n’en reste pas moins que pour la première fois depuis longtemps on sent avec ces annonces , non point peut-être encore un vent d’optimisme, mais indiscutablement une brise positive qui disperse quelques lourds nuages noirs… Une hirondelle annonçant le retour du printemps? A confirmer dans les mois à venir.
Blabla forever. a commenté :
23 octobre 2019 - 9 h 58 min
1/ “« 20 conférences aux quatre coins du monde » avec le concours de plus de 1 100 personnes …” :
il semble bien que parmi ces 1 100 personnes, certaines sont en faction dans les commentaires de l’AJ.
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2/ Qui peut sérieusement affirmer que c’est la dernière version du MCAS (en gras dans le texte !) – C’est la dernière en date et nous saurons dans qq semaines si c’est vraiment LA dernière – Il n’est pas prudent d’anticiper sur les décisions des autorités de certification (sauf à dire qu’elles exécutent simplement les ordres de Boeing !)
3/ Quid de la porte ‘turbulente’ du 777X ?
Christian Laborde a commenté :
23 octobre 2019 - 13 h 52 min
pas ‘turbulente’, fugueuse !!!
rv2lyon a commenté :
23 octobre 2019 - 12 h 42 min
Les incantations sont une méthode comme une autre pour se donner le moral. Boeing se rassure d’une de commande de deux avions… Quand il y avait par le passé 800 à 1000 commandes par an, faire part d’une commande de deux avions montre toute la fragilité du constructeur Américain en ces temps troublés. Cela d’autant que aussi bien Boeing qu’Airbus ont aussi la crainte des nombreuses déroutes des compagnies dans les mois à venir et qui de ce fait vont diminuer les carnets de commandes…
Bételgeuse a commenté :
23 octobre 2019 - 13 h 58 min
ce sont les erreurs humaines faites dans l’urgence sur la conception du Max qui est la cause ..
adjoindre un MCAS pour éviter entre-autre que l’avion ne parte en piqué , c’est juste ahurissant ..
greg765 a commenté :
23 octobre 2019 - 20 h 13 min
Erreur de conception oui. Après le MCAS n’est pas destiné à empêcher que l’avion entre en piqué, il est destiné augmenter la force que doit fournir le pilote sur les commandes de vol avant d’entrer en décrochage. Donc en gros réduire la probabilité d’entrer dans un décrochage involontairement.
MERMOZ a commenté :
23 octobre 2019 - 21 h 40 min
BETELGEUSE
non je ne suis pas technicien mais je crois que vous vous trompez…le MCAS est là pour faire piquer l avion car il est tellement mal foutu qu il a naturellement tendance à monter en flèche jusqu au possible décrochage….Ce fut mis en évidence des les premiers vols d essais…Alors on a ajouté un MCAS qui fait piquer l avion pour compenser…Et ce truc a déconné et provoqué 2 crashs…Tout ça est ahurissant et il veulent encore faire certifier ce bidule.. On est en plein délire mais le plus fou c est que les pro Boeing trouvent tout cela normal…CHECKLIST MAX1 et consort….Du délire vous dis je…
ERIK DE NICE a commenté :
23 octobre 2019 - 18 h 20 min
Boeing annonce réduire la cadence de livraison des 787’s et repousse la 1ère livraison du 777X (pour l’instant) à 2021.
Non mais rassurez-vous, tout va bien là-bas, selon certains, ils vont racheter Airbus….bientôt.
A moins que se soit Waweï qui les rachète ?
NDR a commenté :
24 octobre 2019 - 8 h 24 min
@Erik de Nice
Oui c’est cela moquez vous, Boeing c’est 100 MM$ de CA et 200 MM$ de capitalisation boursière. Airbus elle c’est 60 MM$ dont la moitié sera arraché par les anglais avec le Brexit, tu vas aller loin avec des pays du tiers monde comme l’Itallie et l’Espagne oui loin très loin avec les PIGS 😀
Avec tout le respet que je dois caux romains qui ont créé la civilisation et aux portugais qui ont inventé la mondialisation.
Malko a commenté :
24 octobre 2019 - 10 h 01 min
Cher NDR, il ne sert à rien de continuer à être fan de Boeing. Au delà de la gravité des faits, c’est surtout le manque de respect du constructeur à l’égard du reste du monde qui afflige les gens. Si vous êtes du staff de la RAM, j’estime que vous devez commencer deja à penser à diversifier votre flotte pour être à l’abri de mauvaises surprises, car si je ne m’abuse la startégie moyen courrier de la RAM repose exclusivement sur le 737 (donc sur le MAX qui devait prendre la relève des NG). Pour ne pas compromettre l’avenir, à mon avis il faut adopter la strétagie du 50/50 entre les deux géants. Les constructeurs n’ont pas d’amis, ils n’ont que des interêts. D’ailleurs, certains collègues qui voyagent souvent sur Mauritania Airlines ou la RAM m’ont rapporté qu’ils sont attentifs à la suite pour ne plus les prendre si le MAX est remis en service par prudence.
NDR a commenté :
25 octobre 2019 - 6 h 58 min
@Malko
Je ne fais pas du tout partie des staffs de RAM que j’essaie le plus au monde de boycotter a cause de sa livery ne comprenant pas Tifinagh ;
Sinon pour une petite flotte c’est dur de diversifier les gournisseurs a part peut être en optant pour le A321LR qui pourrait desservir des points comme Fortaleza, Lubumashi et Luanda d’autant plus que AT se debarrasse de ses derniers 767s le mois prochain.
gerald a commenté :
24 octobre 2019 - 11 h 18 min
+1000 Malko