La compagnie aérienne low cost Ryanair espère ce jeudi présenter un programme de vols à peu près normal, même si la grève de ses PNC au Portugal se poursuit et celle de pilotes en Grande Bretagne commence. Un tribunal de Dublin a en revanche bloqué le mouvement des pilotes en Irlande, au motif que les négociations n’avaient pas été menées jusqu’au bout.
Lancée mercredi au Portugal, la grève de cinq jours des hôtesses de l’air et stewards n’a pas entrainé d’annulation de vol dans les aéroports de Lisbonne, Porto, Faro ou Ponta Delgada, d’après la direction de la spécialiste irlandaise du vol pas cher . Ses passagers ont toutefois souffert de quelques retards et modifications d’horaires, mais pour ce 22 aout 2019 Ryanair ne prévoit « aucune perturbation majeure ». Et dans un communiqué, elle a affirmé que « grâce au travail remarquable de nos pilotes et de nos équipages de cabine basés au Portugal, plus de personnes se sont présentées au travail ce matin que nécessaire pour opérer tous nos vols à destination / en provenance de nos quatre aéroports portugais ». Le syndicat de PNC SNPVAC, dont le mouvement durera jusqu’à dimanche soir, a de son côté dénoncé l’instauration par le gouvernement d’un service minimum comme restreignant le droit de grève. Il continue de demander à Ryanair d’honorer les engagements pris en novembre dernier avec les agences d’intérim Crewlink et Workforce, notamment sur 22 jours de congés payés, le respect de la loi parentale portugaise ou l’élargissement des possibilités d’accéder à un contrat d’emploi direct.
En Grande Bretagne, la Haute Cour a rejeté la demande de Ryanair de bloquer la grève des pilotes annoncée par le syndicat BALPA pour ces 22 et 23 aout (une autre est déjà prévue les 4 et 5 septembre), estimant que toutes les règle d’usage avaient été suivies. Disant regretter « la décision de moins de 30% de ses pilotes très bien payés du Royaume Uni » et qui demandent de « doubler le salaire de 170.000 livres par an des commandants de bord neuf semaines avant le Brexit, ce qui pourrait sévèrement affecter ses affaires et l’emploi au Royaume Uni », la compagnie affirme que la grève n’aura pas d’impact sur les vols aujourd’hui ni demain, hors retards et modifications d’horaires « dans un petit nombre de cas ». Et de remercier « la vaste majorité des pilotes » basés dans le pays qui se sont portés volontaires pour voler durant ces deux jours « afin que nous puissions minimiser les perturbations pour nos clients et leurs familles durant la dernière semaine des vacances d’été ».
BALPA a de son côté célébré sa victoire légale en tendant « un rameau d’olivier » à Ryanair, l’appelant dans un communiqué à « aller de l’avant » dans des négociations « constructives » : si cela est accepté, « il ne sera plus nécessaire de faire grève ». Le secrétaire général du syndicat de pilotes Brian Sutton a rappelé : « Les pilotes de Ryanair recherchent le même type de politiques et d’accords que ceux existant dans d’autres compagnies aériennes – nos demandes ne sont pas déraisonnables. Nous voulons régler des problèmes tels que les retraites ; l’assurance perte de licence ; les prestations de maternité ; les indemnités ; et harmoniser les salaires à travers le Royaume-Uni dans une structure juste, transparente et cohérente ». Si la compagnie aérienne refuse cette ouverture et que l’action des deux prochains jours se poursuit, « nous nous excusons auprès des passagers qui seront touchés. Une telle action aurait pu être évitée si Ryanair adoptait une approche différente », conclut le syndicaliste.
En Irlande en revanche, la Haute Cour de Dublin a accepté de bloquer la grève prévue jeudi et vendredi par le syndicat IALPA, qui représente les 180 pilotes basés dans les aéroports du pays et directement employés par Ryanair, expliquant que le syndicat n’avait pas épuisé toutes les possibilités de négociations, la médiation n’ayant pas été menée à terme. Ryanair avait en outre affirmé que le vote de Forsa (dont l’IALPA est membre) sur le principe d’une grève avait été « précipité et imprécis », les revendications portant sur des salaires trop bas et un régime de retraites ainsi que des congés parentaux défavorables. Ryanair s’est félicité de la décision et a demandé à cette « minorité de pilotes très bien payés » de revenir à la médiation. Avant de dénoncer de nouveau FORSA qui a accepté une augmentation de 9% sur trois ans chez Aer Lingus « mais exige une hausse de 101% des salaires des commandants de bord qui gagnant 172.000 euros par an » chez la low cost.
Rappelons que Ryanair fait face à un autre conflit, en Espagne où deux syndicats de PNC ont déjà déposé des préavis de grève pour dix jours en septembre. Et qu’elle vient d’annoncer un prochain plan de licenciement qui devrait affecter 900 navigants, avec une première annonce attendue à la fin de l’été et une autre après Noël. La low cost estime son sureffectif à 500 pilotes et 400 PNC, et vient d’afficher au premier trimestre un recul de 21% de ses bénéfices. Elle a déjà envisagé de fermer des bases dès le mois de novembre, les retards de livraison des Boeing 737 MAX l’ayant – entre autres – forcée à revoir à la baisse ses prévisions de croissance.
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