Le cofondateur et CEO de la compagnie aérienne low cost Norwegian Air Shuttle Bjorn Kjos a démissionné, son remplaçant par intérim devant gérer une situation financière compliquée même si les derniers résultats sont présentés comme allant dans le bon sens. Deux routes transatlantiques sont supprimées et dix autres réduites à des opérations saisonnières.
La spécialiste norvégienne du vol pas cher a confirmé le 11 juillet 2019 le remplacement de Bjorn Kjos, en poste depuis 17 ans (et qui reste conseiller du président), par le directeur financier Geir Karlsen, le temps de trouver un nouveau directeur général pour mener à bien la restructuration entamée l’année dernière. Au cours du mandat de Bjorn Kjos, Norwegian est passée d’une « petite entreprise nationale comptant 130 employés et quatre avions » à une compagnie aérienne comptant plus de 11.000 employés et 162 avions, la troisième low cost européenne derrière Ryanair et easyJet et la deuxième au monde sur le low-cost long-courrier derrière AirAsia X. « Bjorn a joué un rôle sans précédent dans le succès de Norwegian. Sa vision d’offrir des tarifs abordables pour tous, alliée à son enthousiasme et à son esprit d’innovation, a révolutionné la façon dont les gens voyagent pour le plaisir et pour les affaires, notamment entre les continents. Bjorn est certainement l’un des entrepreneurs européens les plus influents de notre époque », a déclaré dans un communiqué le président de la compagnie Niels Smedegaard.
Mais entre la hausse des prix du carburant, les ennuis de flotte (Boeing 737 MAX cloués au sol, problèmes de moteur des 787 Dreamliner) et surtout une expansion très (trop ?) rapide sur le transatlantique, les comptes de Norwegian sont passés dans le rouge, avec une perte de 400 millions d’euros l’année dernière et des recapitalisations successives. Ce qui l’a forcée à changer de stratégie en 2018 pour se concentrer sur sa rentabilité. « Gérer une entreprise rentable et accroître la valeur de l’entreprise au profit des actionnaires, des clients et des employés seront des éléments clés pour le CEO à l’avenir », précise Niels Smedegaard, qui veut s’assurer que Norwegian est « bien préparée et bien placée pour faire face aux marchés instables et aux événements imprévus ». Il est essentiel selon lui de continuer à mettre en œuvre les initiatives de réduction des coûts, et de « veiller constamment à ce que nous ayons un portefeuille de solutions rentables. Il est également important que le nouveau CEO développe une organisation qui favorise l’amélioration continue et l’excellence opérationnelle », a ajouté M. Smedegaard.
Norwegian a pourtant présenté pour le deuxième trimestre 2019 des résultats financiers « allant dans le bon sens », avec un revenu en hausse de 12% par rapport à la même période l’année dernière, un résultat opérationnel hors coûts de propriété presque doublé (et à un plus haut historique pour un T2), et un bénéfice d’exploitation multiplié par quatre à 64,7 millions d’euros. La recette unitaire (RASK) était en hausse de 13% au T2, et le rendement a progressé de 11% quand les capacités n’augmentaient que de 6% (contre +48% au T2 2017) ; le coefficient d’occupation a gagné 1,2 point de pourcentage au deuxième trimestre à 88%, sur un trafic stable à près de 10 millions de passagers. Quant au programme interne de réduction des coûts Focus2019, il a « porté ses fruits » avec 57,6 millions d’euros économisés au T2, « atteignant ainsi l’objectif de 1 milliard de NOK jusqu’ici en 2019 » (104 millions d’euros).
Ces résultats financiers devraient continuer à s’améliorer à en croire les décisions prises sur le réseau, avec une sérieuse réduction de l’offre transatlantique. Les routes reliant l’aéroport de Londres-Gatwick à Las Vegas et celui de Stockholm-Arlanda à Orlando seront « suspendues indéfiniment », tandis que dix autres ne seront plus opérées toute l’année afin de refléter « la faible demande hivernale » – même si elles « pourraient être relancées » pour l’hiver 2020-2021 si tout se passe bien. Cela concerne en particulier le Paris-CDG – Boston (rappelons que celle vers Oakland sera déménagée vers San Francisco fin octobre) ou les lignes reliant Gatwick à Chicago et Denver, Rome à Los Angeles, et Copenhague à New York-JFK, Fort Lauderdale et Los Angeles. Cela devrait permettre à Norwegian d’utiliser ses Dreamliner sur des axes plus profitables. Après « un examen approfondi de notre réseau longue distance et du fait que certains marchés américains sont très saisonniers, il est naturel de centrer nos activités cet hiver sur des itinéraires contre-saisonniers plus rentables tels que l’Asie, et nous étudions également la possibilité de développer notre réseau d’Amérique du Sud », a déclaré dans ATW Matthew Robert Wood, SVP long-courrier et nouveaux marchés de Norwegian.
En Argentine justement, la filiale locale de la low cost vient de demander l’autorisation de lancer des liaisons vers les Etats-Unis au départ de Buenos Aires. Les villes de Chicago, Dallas, Los Angeles, New York, Fort Lauderdale, Orlando et Honolulu ont été citées, même si Norwegian Argentina ne dispose pas à ce jour des avions nécessaires pour opérer ces routes. Aerolineas Argentinas vient justement d’annoncer une nouvelle liaison vers Orlando, profitant de l’annonce le mois dernier d’un nouvel accord aérien élargi entre les Etats-Unis et l’Argentine.
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