Les annonces se sont poursuivies de plus belle mercredi au Salon du Bourget, en particulier pour les A321XLR d’Airbus et les avions cargo de Boeing. ATR affiche de nouvelles commandes dont celle d’Air Tahiti pour le futur 42-600 STOL, KLM Royal Dutch Airlines passe à l’Embraer E2 et Mitsubishi tient le premier client de son SpaceJet M100.
La troisième journée du Salon international de l’aéronautique et de l’espace le 19 juin 2019 au Bourget a tenu ses promesses, quasiment tous les constructeurs affichant de nouvelles commandes et engagements d’achat.
AIRBUS :
On ne reviendra pas sur l’annonce hier de la compagnie aérienne Qantas portant sur 36 A321XLR, mais le nouveau monocouloir remotorisé a enregistré cent autres commandes dans la journée. American Airlines va en acquérir 50, dont 30 convertis d’A321neo déjà acquis et des « commandes graduelles » pour vingt exemplaires de plus. La portée accrue pouvant atteindre 4700 nm de l’appareil « permettra aux compagnies aériennes d’exploiter les appareils depuis les aéroports de la côte est des États-Unis jusqu’aux villes européennes de taille moyenne », souligne Airbus. Basée à Fort Worth au Texas, American Airlines est le plus grand exploitant d’Airbus au monde avec 422 appareils ; elle attend désormais 115 A321neo et A321XLR.
Indigo Partners a signé mercredi un protocole d’accord portant sur 50 A321XLR, dont 32 sont des conversions de commandes existantes pour l’A321neo, et 18 des conversions d’A320neo. Vingt des nouveaux avions iront rejoindre la flotte de la low cost Wizz Air, 19 celle de Frontier Airlines et 12 celle de JetSMART au Chili.
L’A321XLR intéresse aussi le CEO d’airBaltic même si la compagnie lettone n’a pas annoncé de commande : interrogé par ATW, Martin Gauss a expliqué que son rayon d’action en fait « l’avion idéal » pour lancer des vols long-courriers au départ des états baltes, qui n’en proposent aucun. « De notre point de vue, cela met notre hub principal de Riga dans un endroit différent, car cet avion peut aller de Riga ou des autres capitales baltes à des villes des États-Unis. Pour nous, c’est un développement intéressant parce que, dans quelques années, lorsque nous aurons achevé notre développement, ce sera peut-être la bonne chose à faire ». L’objectif principal reste cependant le moyen-courrier, souligne le dirigeant, et la transition vers une flotte entièrement composée d’A220-300 ; 19 sont en service, et seront rejoints par trois autres cette année, quatre en 2020 et douze en 2021 (airBaltic en attend 50, plus 30 options).
A Taïwan, la compagnie nationale China Airlines a choisi l’A321neo pour le développement de sa flotte moyen-courrier aujourd’hui fournie par Boeing : elle a signé un protocole d’accord pour 11 appareils, en en louera 14 autres chez des sociétés de leasing non précisées. Les A321neo rejoindront 23 A330-300 et 14 A350-900 dans la flotte de la compagnie basée à Taipei, qui opère également 18 737-800, quatre 747-400 et dix 777-300ER. « Grâce à l’A321neo, China Airlines sera en mesure d’exploiter ses vols à couloir unique avec des niveaux d’efficacité et de confort inégalés, en bénéficiant de la commonalité de la gamme de produits Airbus ».
A Dublin, la société de leasing Accipiter Holdings a été révélée comme le client d’une commande de 20 A320neo annoncée en mars dernier. Le monocouloir « élargira encore le portefeuille d’Accipiter Holdings, qui vise à devenir un acteur majeur sur le marché mondial du leasing » et qui est détenu à 100% par CK Asset Holdings Ltd. MC Aviation Partners (MCAP). Accipiter gère un portefeuille total d’un peu moins de 150 avions détenus et engagés ; la sélection des moteurs sera faite à une date ultérieure.
ATR :
Mercredi a de nouveau été une bonne journée pour le constructeur franco-italien, après la commande potentiellement géante de NAC annoncée la veille. La société de leasing de turbopropulseurs basée à Dublin, Elix Aviation Capital, a signé une lettre d’intention pour devenir le client de lancement du 42-600S, avec une commande portant sur 10 avions livrables entre 2022 et 2024. La nouvelle version du 42-600 offre la possibilité de décoller et d’atterrir sur des pistes de seulement 800 m de long, comme le suggère le « S » qui signifie STOL, pour « Short Take Off and Landing » (décollage et atterrissage courts). ATR finalise le processus de lancement officiel du 42-600S et a reçu l’autorisation d’accepter des commandes pour l’avion, « sous réserve de la confirmation définitive de son lancement par le conseil d’administration de l’entreprise, prévue avant la fin de l’année ». Le souhait d’Elix d’être le premier loueur à proposer le nouvel ATR 42-600S « s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer sa position de plus grand loueur de turbopropulseurs dans le monde », précise un communiqué.
La compagnie aérienne Air Tahiti et ATR ont confirmé hier la commande de deux 42-600S : son directeur général Manate Vivish s’est dit « très heureux de participer au lancement d’une nouvelle version de l’ATR. Ce turbopropulseur est déjà mondialement reconnu pour la qualité de ses performances, notamment sur des réseaux insulaires. L’ATR 42-600S nous permettra d’utiliser des appareils de plus grande capacité sur des destinations qui n’étaient atteignables que par des avions beaucoup plus petits. C’est une excellente nouvelle, autant pour les habitants de l’archipel que pour les touristes qui nous rendent visite ».
Grâce à cette évolution du 42-600, des centaines d’aéroports supplémentaires pourront être reliés par des ATR, « offrant aux compagnies aériennes de nouvelles opportunités commerciales et aux populations locales un meilleur accès à l’économie mondiale, à la santé, à l’éducation et à la culture ». L’avionneur rappelle que 1200 turbopropulseurs de 30 à 50 places en service sont appelés à être remplacés dans les années à venir, ce qui laisse présager de belles perspectives commerciales pour l’ATR 42-600S. « Grâce à sa performance économique et à sa flexibilité opérationnelle, l’ATR 42-600S est idéalement placé pour répondre à cette exigence. Outre ses performances sur pistes courtes, l’avion offre 50 places aux mêmes coûts d’exploitation qu’un avion de 30 places ».
ATR a également une commande de 42-600 pour EasyFly en Colombie, et 22 commandes pour des 72-600, dont les clients souhaitent rester anonyme. Les 75 commandes et engagements annoncés au Salon du Bourget, dont 35 commandes fermes, ont une valeur de 1,7 milliard de dollars au prix catalogue.
BOEING :
La compagnie aérienne Turkmenistan Airlines a annoncé mercredi son intention d’acquérir un quatrième 777-200LR, d’une valeur de 346,9 millions de dollars au prix catalogue, qui sera son 32eme Boeing. Basée à Ashgabat, elle exploite des 737, 757 et 777, transportant environ 3000 passagers par jour dans le pays, et près de deux millions de passagers par an sur ses liaisons nationales et internationales. « Le 777 est l’avion long-courrier bimoteur le plus populaire au monde, et le 777-200LR est le bon avion pour aider Turkmenistan Airlines à développer ses opérations internationales en Europe, en Asie et au-delà », a déclaré Ihssane Mounir, vice-président directeur des affaires ventes et marketing de Boeing ; « Turkmenistan Airlines et Boeing sont partenaires depuis 1992, et nous sommes honorés pour leur confiance continue dans nos avions ».
Qatar Airways Cargo s’est engagée hier à acheter cinq 777F supplémentaires, d’une valeur de 1,8 milliard de dollars au prix catalogue, après en avoir pris livraison de deux l’année dernière. Le CEO du groupe Akbar al Baker a déclaré que cela « augmentera notre flotte de 777 cargo de 20%, ce qui nous permettra de développer davantage notre activité et d’offrir à de nouveaux clients la possibilité de bénéficier d’un service logistique de premier ordre. Cette commande stimulera notre croissance, et je le crois confirmera Qatar Airways en tant que premier opérateur de fret dans le monde ». La compagnie aérienne en a profité pour annoncer l’ouverture de trois nouvelles routes fret : depuis Hanoi vers Dallas, depuis Chicago vers Singapour, et depuis Singapour vers Mexico via Los Angeles, s’ajoutant à celle « d’ores et déjà plébiscitée » entre Macao et Los Angeles ouverte il y a six mois. Qatar Airways Cargo opère seize 777F, deux 747-8F et cinq A330-200F.
ASL Airlines Holdings a de son coté signé un protocole d’accord portant sur vingt 737-800BCF (avion passager converti en cargo), dont dix fermes et dix droits d’achat. Après avoir exploité deux 737-800BCF loués « sur notre vaste réseau européen, nous sommes ravis de la manière dont la flexibilité et la fiabilité de ces cargos répondent à nos besoins opérationnels pour répondre aux besoins de nos clients », a déclaré Hugh Flynn, directeur général d’ASL Aviation Holdings. « L’appareil est extrêmement efficace et adapté aux besoins de nos opérations de développement pour le compte de nos clients du secteur du fret express, qui connaissent une demande croissante. Le 737-800BCF nous donnera également accès à de nouveaux marchés ». Présent sur six continents, ASL fournit des solutions réseau aux intégrateurs de fret express, transportant plus de 357.000 tonnes de fret en 2018.
Boeing a récemment inauguré de nouvelles lignes de conversion dans les sociétés Boeing Shanghai Aviation Services (BSAS) et Taikoo (Shandong) Aircraft Engineering (STAECO), « tout en cherchant à se développer davantage ». Le programme s’engage à produire plus du double de 737-800BCF cette année, passant de huit conversions en 2018 à 17 en 2019. Boeing prévoit que 2650 avions cargos seront livrés entre 2018 et 2037, avec plus de 60% de ces livraisons comprenant des conversions de passagers à cargo.
A Taïwan, China Airlines a exprimé hier son intention de commander jusqu’à six 777F, à l’occasion du lancement de ses activités vers l’Amérique du Nord et l’Europe, « deux marchés clés offrant des rendements plus élevés au transporteur ». La commande sera reflétée sur le site Web des commandes et livraisons de Boeing une fois finalisée. « Le fret aérien représente une partie importante de nos activités globales, et l’introduction de ces nouveaux Boeing 777 Freighters fera partie intégrante de notre stratégie de croissance à long terme », a déclaré le président de China Airlines Hsieh Su-Chien. « La transition de notre flotte cargo des anciens 747F vers les 777F nous permettra de fournir des services de classe mondiale à nos clients de manière plus efficace et fiable ».
On retiendra également que Dubai Aerospace Enterprise (DAE) Capital et AirBridgeCargo (ABC), appartenant au géant du transport aérien russe Volga-Dnepr Group, ont conclu un accord d’achat et de cession-bail avec financement au paiement avant livraison pour trois cargos 777F neufs en 2020. Ils seront « les premiers du genre à intégrer la flotte d’ABC et seront utilisés pour diversifier et moderniser » sa flotte actuelle de 747F.
Et on regardera la vidéo publiée par Boeing montrant le déploiement et repliement des extrémités d’ailes de son 777X, dont l’envergure est supérieure de 7 mètres à celle du 777 actuel.
Spotted on the flightline — our #777X extending its wingtips in the Seattle sun! Our teams will continue ground tests in the weeks ahead as we develop our newest twin-aisle jet. pic.twitter.com/Mo6mUndSoD
— Boeing Airplanes (@BoeingAirplanes) June 19, 2019
It’s been an inspiring day 3 of #PAS19. Thank you for following along as we shared more about building the future of aerospace together. pic.twitter.com/iHQiin4uuA
— The Boeing Company (@Boeing) June 19, 2019
EMBRAER :
KLM Royal Dutch Airlines a annoncé mercredi son intention d’acquérir jusqu’à 35 E195-E2 destinés à sa filiale Cityhopper, dont quinze commandes fermes et 20 droits d’achat. Le futur contrat d’achat, une fois signé, aura une valeur de 2,48 milliards de dollars au prix catalogue. Avec une flotte de 49 E-jets (32 E190 et 17 E175), la compagnie basée à Amsterdam est déjà le plus grand opérateur Embraer en Europe, et l’ajout de KLM à la famille d’opérateurs E2 « constituerait un énorme vote de confiance pour Embraer, notre service après-vente et le programme E2 », déclare le constructeur brésilien dans son communiqué. Le PDG de KLM Pieter Elbers a ajouté : « Embraer a été un partenaire clé de KLM et de Cityhopper au cours des dix dernières années. Nos clients apprécient les modèles E190 et E175. Le E2 serait un ajout bienvenu à la flotte de KLM, ce qui nous donnerait une plus grande flexibilité en termes de capacité et nous aiderait à réduire les coûts. De plus, le E195-E2, respectueux de l’environnement, soutient également nos objectifs de développement durable en réduisant les niveaux de bruit et d’émission ».
MITSUBISHI :
Mitsubishi Aircraft Corporation et un « client nord-américain potentiel » ont conclu un protocole d’entente en vue de l’ouverture de négociations officielles sur 15 SpaceJet M100, dont les livraisons commenceront en 2024. L’accord de mercredi « réaffirme la demande du marché pour un avion régional révolutionnaire, en particulier sur le marché nord-américain. Le Mitsubishi SpaceJet répond à la fois aux besoins de performance des opérateurs et aux attentes croissantes du public voyageur qui exige une expérience de voyage confortable et connectée », souligne le constructeur japonais dans un communiqué. « Nous sommes ravis d’accueillir une nouvelle compagnie aérienne dans le programme SpaceJet », a déclaré Hisakazu Mizutani, président de Mitsubishi Aircraft Corporation. « De nombreuses compagnies aériennes ont manifesté un vif intérêt pour ce produit. Ils reconnaissent que cette famille d’aéronefs leur permettra de fournir une expérience exceptionnelle à leurs passagers tout en leur offrant des performances inégalées, créant ainsi un nouveau potentiel de profit ». « Nous ne nous attendions pas à faire des annonces de commandes » au Salon du Bourget, a précisé à ATW Alex Bellamy, responsable du développement, « mais la volonté du client potentiel de sécuriser les créneaux de livraison hâtifs a contribué à accélérer le calendrier ».
Mitsubishi SpaceJet est le nom commercial de la famille de produits comprenant le SpaceJet M90 (connu auparavant sous l’appellation de développement MRJ90) et un nouveau membre, le SpaceJet M100, « une nouvelle norme pour les voyages aériens régionaux » conçu pour s’adapter aux besoins spécifiques du marché tout en maintenant des performances inégalées. Le SpaceJet M100 est selon son concepteur « parfaitement adapté aux États-Unis et aux marchés mondiaux ».
A321 XLR a commenté :
20 juin 2019 - 7 h 10 min
Comme le rappelle Air-cosmos.com
l’Airbus A321XLR répond clairement à un besoin du marché et occupe le terrain face à d’éventuels NMA lancés par Boeing.
Selon leur site, aurait déjà engrangé 206 commandes…
GVA1112 a commenté :
20 juin 2019 - 7 h 50 min
Les vieux 757 sont à bout, la place est libre et Airbus en profite… Le marché du vol long courrier, sans Fret et avec +/- 200 PAX, c’est plus qu’une niche !! Un vrai besoin !!
J’ai eu l’occasion de vivre un vol de 6h00 en A320 entre Qatar et Genève. Malgré mes appréhensions, je n’ai vu aucune différence au niveau qualité, confort, sièges, accès aux divertissements, ambiance !! Cet avion avait exactement l’aménagement de l’A330 qui officiait régulièrement sur cette ligne.
rv2lyon a commenté :
20 juin 2019 - 7 h 58 min
Comme Aribus l’avait laissé entendre, l’annonce de la commercialisation serait faite une fois le chiffre de 300 commandes assurées. Nous devrions avoir dans les jours qui viennent le complément de commandes pour arriver aux 300. D’autres arriveront certainement dans les mois à venir par des conversions de commandes déjà effectuées en XLR. Je pense qu’avant la fin d’année, Airbus aura dépassé les 500 A321XLR. L’avion répondant à un besoin, il va être un succès comme l’a été le NEO son année de sortie.
Bencello a commenté :
20 juin 2019 - 9 h 06 min
Ne pas oublier le revirement magistral de Indigo, qui a lâché P&W au profit de CFM, pour la modique somme de 20 Mds de $.
La claque pour P&W est simplement monumentale, lui qui était déjà largement dominé par le franco-américain sur le marché de l’A320Neo.
Inukshuk a commenté :
20 juin 2019 - 20 h 06 min
Vu que l’on parle bien peu de l’avion en Europe, on ne peut que se demander qui a bien pu passer une « peut-être commande » du Mitsubishi vu que personne ne sait s’il vole ou même volera.
Une annonce à la IAG et son « il faut sauver le soldat 737Max » en quelque sorte.
Et tous cas il semble que l’idée du 321XLR était pour beaucoup saugrenue, la vitesse à laquelle Airbus engrange les commandes semble leur donner tort.
Si vu de Paris le besoin n’était pas évident, combien d’habitants de grosses villes de province accueillent avec joie cette opportunité sans devoir allonger de 4 ou 5 heures un voyage transatlantique pour passer par un aéroport aussi rebutant que CDG.